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Un nouveau comité pour mieux anticiper le risque de sécheresse

Alors que de nombreux départements risquent encore de connaître un épisode de sécheresse cet été, un nouveau comité d'anticipation et de suivi hydrologique (Cash) a tenu sa première réunion ce 17 mai. Au-delà de la gestion de crise, le gouvernement promet de moderniser les outils destinés à résorber de façon structurelle le déficit en eau afin d’accompagner les territoires qui font face à la raréfaction de cette ressource du fait du changement climatique. Un décret visant à simplifier et clarifier les modalités de gestion quantitative de l’eau est attendu en conseil des ministres à la mi-juin.

Créé par un décret publié l'avant-veille au Journal officiel, le nouveau comité d’anticipation et de suivi hydrologique (Cash) a été réuni pour la première fois par la secrétaire d’État chargée de la biodiversité, Bérangère Abba, ce 17 mai. Cette nouvelle instance issue du Comité national de l'eau présidé par Jean Launay compte une quarantaine de membres, dont des représentants de l’État et de ses établissements publics, des représentants des collectivités territoriales, des entreprises, des représentants agricoles, des associations environnementales et des experts. Selon son texte fondateur, il est chargé d'"échanger et d'informer sur la situation hydrologique à court et long terme afin d'accompagner les territoires dans l'anticipation du risque de sécheresse, la gestion des crises et la résorption de façon structurelle des phénomènes répétés de sécheresse" et  "de proposer au Comité national de l'eau, dans le contexte du changement climatique, des recommandations et des actions préventives ou compensatrices rendues nécessaires par la situation hydrologique ainsi que des actions destinées à résorber de façon structurelle le déficit quantitatif". 

Risque de nouvelle sécheresse à l'horizon

Sa première réunion a été l'occasion d'évoquer le risque de sécheresse qui se profile pour l'été prochain. Car les pluies de ces 15 derniers jours répondent d'abord aux besoins de la végétation à très court terme mais ne rechargent pas suffisamment les nappes, a souligné Bérangère Abba, lors d'un point presse à l'issue de la réunion. "Plusieurs indicateurs d'alerte appellent notre attention, a-t-elle relevé : les précipitations ont été déficitaires depuis le début du printemps, particulièrement sur l’est du pays, certains sols sont d’ores et déjà très secs, le manteau neigeux est très bas dans les Alpes et dans les Pyrénées et certains cours d’eau sont bas, voire à sec."
La secrétaire d'État a commenté la nouvelle carte des départements métropolitains susceptibles de connaître des pénuries d’eau d’ici à la fin de l’été. Établie par les services du ministère de la Transition écologique, elle résulte du croisement des données produites par les services et établissements publics du ministère notamment sur le niveau des nappes et l’état de sécheresse des sols, ainsi que de travaux de modélisation et de prévisions saisonnières menés par Météo-France, le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM) et les partenaires du projet de recherche national AQUIFR. Ainsi, à l’exception de l’Île de France et des Hauts de France, 80 départements pourraient être concernés par un risque de sécheresse – ils étaient 88 à avoir fait l'objet de restrictions d’eau l’été dernier, au plus fort de la crise. C’est le cas notamment de la région Auvergne-Rhône-Alpes, du pourtour Méditerranéen et de l’ouest du pays. "Ces résultats donnant des indications par rapport aux situations habituellement rencontrées, il convient de rester très vigilant, a prévenu Bérangère Abba. En fonction des précipitations à venir sur les mois de mai et juin, la situation pourra encore évoluer et fera l’objet d’un suivi étroit."

Les préfets appelés à réunir les comités ressources en eau

La secrétaire d'État a dit avoir demandé aux préfets des départements concernés par le risque de sécheresse de réunir "dès à présent" leurs comités ressources en eau et de "prendre le plus en amont possible, les premières mesures nécessaires de vigilance ou de limitation des usages de l’eau". L'ensemble des usagers sont aussi appelés à économiser les ressources en eau dès à présent et durant la saison estivale. Toutes les informations concernant les situations locales et les restrictions en vigueur sont disponibles sur le site d’information gouvernemental Propluvia, mis à jour quotidiennement par les services départementaux de l’État (DDTM). Bérangère Abba a indiqué au passage que sa refonte était engagée "pour le rendre plus ergonomique et accessible à tous les usagers".

Actions structurelles à mettre en oeuvre 

Au-delà de la gestion annuelle de la sécheresse, le gouvernement entend veiller à la mise en œuvre d’actions structurelles, permettant à la fois de réduire les épisodes de crise, d’anticiper les effets du changement climatique et d’éviter tout risque de rupture d’approvisionnement en eau potable, a assuré la secrétaire d'État. Cela passe par une modernisation des outils destinés à résorber de façon structurelle le déficit quantitatif en eau afin d’accompagner les territoires qui font face à la raréfaction de cette ressource. Un projet de décret permettant de simplifier et clarifier les modalités de gestion quantitative de l’eau sera présenté en conseil des ministres à la mi-juin pour une publication avant l’été, a indiqué Bérangère Abba. Ce texte s'accompagnera d'un guide technique à destination des préfets "pour renforcer l’anticipation et améliorer la lisibilité des décisions pour les acteurs et le grand public".
Par ailleurs, pour éviter tant que possible les ruptures d’alimentation en eau potable liées à la sécheresse, de nouveaux chantiers d'interconnexions de réseaux ou de lutte contre les fuites dans les réseaux d’alimentation en eau potable ont été lancés par le Gouvernement, ajoute le ministère de la Transition écologique. Près de 200 opérations ont ainsi été aidées en 2019-2020 par les agences de l’eau pour un montant de 33 millions d'euros. Dans les territoires ultramarins particulièrement touchés en 2020 par des pénuries d’eau (Guadeloupe, Martinique, Guyane), des aides spécifiques ont également été accordées. En Guadeloupe, une opération de 5,3 millions d’euros de travaux entièrement financés par l’État a été réalisée afin de rétablir un service minimum de l’eau. "Ces actions sont poursuivies et amplifiées en 2021 grâce à la mobilisation de moyens financiers du plan France Relance", poursuit le ministère qui rappelle aussi que le projet de loi Climat et Résilience en cours d'examen au Parlement prévoit également des mesures visant une meilleure connaissance des ouvrages et équipements nécessaires à la distribution d’eau potable, à la production, au transport et au stockage (article 19bisG) ainsi que les travaux à entreprendre pour améliorer leur état et leur fonctionnement.

 
Référence : décret n° 2021-588 du 14 mai 2021 relatif à la création d'un comité d'anticipation et de suivi hydrologique, JO du 15 mai 2021, texte n°2.