Un habitat inclusif et durable à Tours (37)
S’appuyant sur le « Référentiel pour un urbanisme écologique et solidaire » de la ville de Tours, la Société d’économie mixte Ligeris a transformé une ancienne poste en logements, destinés à de jeunes autistes en démarche d’autonomie et à des étudiants. Une opération qui a permis de créer une filière locale de réemploi.
Au 153 avenue de Grammont, à Tours, se construit la ville de demain. Cet immeuble, dont la livraison est prévue pour mai 2023, est à la fois « solidaire, écologique et inclusif », comme s’en félicite le maire Emmanuel Denis. Retour sur ce chantier aux multiples facettes.
Il faut remonter à 2015, lorsque SEMIVIT, la Société d’économie mixte (Sem), devenue aujourd’hui Ligeris, par suite de la fusion avec une autre Sem, rachète cet ancien bureau de Poste. Bâti en 1952, le site est très connu des Tourangeaux. Il a accueilli bon nombre d’activités (des bains douches, un cabinet pour « consultations de nourrissons », un garage), avant de devenir la Poste Grammont qui a fermé ses portes il y a dix ans. En 2021, après une période de réflexion et d’études, Ligeris se voit confier la mission d’assurer la reconversion du lieu.
Une feuille de route
L’objectif est triple : viser le meilleur standard énergétique (Bâtiment de basse consommation), loger à la fois des étudiants (studios ou colocations) et des jeunes actifs autistes, et équiper le tout avec du mobilier en réemploi permettant d’amorcer le développement d’une filière favorisant l’économie sociale, circulaire et solidaire. Nul doute, pour Marie Quinton, adjointe au maire, déléguée au logement, et présidente de la Sem, la mission est remplie. « L’étape importante a été l’écriture du Référentiel pour un urbanisme écologique et solidaire, insiste l’élue. Ce document a donné une base de discussion à toutes les parties prenantes. Chacune pouvait comprendre vers où nous voulions aller. »
C’est en effet ce référentiel qui a guidé tout le projet : le choix de la solution architecturale, l’ameublement, la sélection des opérateurs, etc. « La réussite globale ne dépend pas que des élus, mais aussi des partenaires », poursuit Marie Quinton. Résultat : le bâtiment est « classé BBC rénovation », comme l’indique le directeur général de Ligeris, Pierre Rochery. Si bien que le projet a reçu le prix « Bâtiment durable » aux Trophées des entreprises publiques locales en octobre 2022.
Entièrement rénové, seules la façade et la toiture ont été conservées, l’immeuble a subi une transformation majeure : la construction d’un étage supplémentaire. « Nous avons bâti, littéralement, la ville sur la ville », se réjouit la présidente de la Sem. L’immeuble dispose désormais de six logements sociaux adaptés à de jeunes adultes autistes en démarche d’autonomie (avec des aménagements spéciaux pour les couleurs et les agencements et la future présence de l’association Alva, qui sera chargée de l’accompagnement social et/ou éducatif). Le bâtiment compte en outre 21 autres logements meublés individuels ou en colocation, à destination d’étudiants.
Nouvelle filière de recyclage
Concernant l’ameublement, la Sem a aussi choisi d’innover. « Nous disposions de 100 000 euros pour meubler ces logements, précise Marie Quinton. Plutôt que d’acheter des meubles neufs, auprès de grandes enseignes internationales, nous avons préféré travailler sur une filière de recyclerie. » Trois opérateurs locaux montent alors la « Belle équipe », en l’occurrence l’association Valesens (spécialiste du réemploi), le cabinet d’architectes RCP design et l’entreprise d’insertion Tri 37. Pour assurer la récupération puis la restauration des objets usagés qui meubleront le 153 avenue de Grammont, ils créent ensemble une « Fabrique d’estime ».
« La Fabrique a pu s’installer dans une grande halle mise à disposition gracieuse par la mairie de Saint-Paterne-Racan, une commune de 1 600 habitants, se réjouit Marie Quinton, avant de saluer : « le travail collaboratif entre la ville centre et une commune rurale qui souffrait d’une perte d’activité. »Si la filière en cours de création reste encore fragile sur le plan économique, le projet s’avère prometteur. « Une étude conduite, en partenariat avec la Banque des Territoires, est en cours pour modéliser cette filière », confie Marie Quinton. De plus, le projet a généré bon nombre d’autres retombées : la coopération entre une ville centre et un bourg, la réinsertion de personnes qui, pour certaines, avaient perdu confiance en elles, et sans doute également une empreinte carbone réduite.
Chiffres clés
Coût total de l’opération : 5 M€ TTC
Dates du chantier : début de travaux en septembre 2021, livraison en mai 2023
Financements :
- Pour le volet « logements inclusifs » : le financement de cette opération est mixte avec un Prêt locatif aidé (PLAI) de la Banque des Territoires (298 000 €), des subventions de Tours Métropole Val de Loire (TMVL) et de l’État (« aides à la pierre » PLAI pour 131 000 €), de TMVL (projet innovant pour 240 K€), de la région Centre-Val de Loire et du conseil départemental d’Indre-et-Loire pour l’habitat inclusif (33 000 € chacun), d’Action Logement (Fonds d’innovation pour 90 000 €).
- Pour les autres volets, il s’agit d’un financement de marché classique (prêt à taux fixe sur 15 ans).
27 logements, des espaces communs, un jardin et un local professionnel
18 T1 bis meublés destinés à des étudiants, 3 logements T3 à T5 destinés à des colocations, 6 logements conventionnés inclusifs T2
200 meubles « surcyclés »
1 560 m² de surface totale, dont une extension de 190 m²
100 000 € pour le mobilier
Commune de Tours
Nombre d'habitants :
Marie Quinton
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