Pour Plaine Commune, l’économie circulaire est un fondamental du territoire (93)
L’établissement public territorial de Plaine Commune œuvre depuis 2017 pour généraliser le réemploi de matériaux de construction sur tous les chantiers du territoire. Vigoureusement portée par les élus, cette démarche de « métabolisme urbain » est aujourd’hui une politique publique.
Des rangées de dalles de faux plafonds, de lampadaires, de lavabos et de sanitaires, des cloisons en plâtre ou vitrées, des portes, de la serrurerie, des pavés, et même des pierres taillées issues de la déconstruction d’une église… le tout soigneusement présenté dans un vaste hangar. Ici, tout est voué au réemploi. Certains des matériaux n’ont même jamais servi, ce sont des surplus neufs non utilisés qui, s’ils n’étaient pas voués au réemploi, finiraient à la benne… La plateforme Solid R de Réavie à La Courneuve est un site pilote de stockage de matériaux, implanté sur une parcelle de 5 ha en attente de reconversion. En attendant le démarrage opérationnel d’une ZAC, le site est mis à disposition temporairement de Réavie, une association environnementale à vocation sociale, qui constitue un des maillons de la démarche de « métabolisme urbain » menée par l’établissement public territorial Plaine Commune depuis 2017.
Un écosystème
Le terme « métabolisme urbain » représente les flux de matériaux de BTP entrants et sortants comme un écosystème. Selon l’Ademe, le secteur du bâtiment génère chaque année en France plus de 224 millions de tonnes de déchets, dont 75 % d’inertes, 23 % de déchets non dangereux et 2 % de déchets dangereux. Il génère aussi de nombreux allers-retours de camions, nuisances, poussières, bruit et pollution. La démarche économie circulaire vise à se réapproprier la matière déjà présente sur le territoire pour la transformer avec ses propres ressources. Un modèle vertueux qui vise à limiter la consommation de matériaux neufs, à économiser le CO², et à diminuer le volume des déchets de chantiers en les triant plus finement afin de réduire les coûts de mise en décharge. La matière récupérée est en effet vendue aux filières de recyclage.
Les « grands » promoteurs intéressés
Si le réemploi a été, un temps, associé à des projets « alternatifs », il passe désormais la vitesse supérieure en devenant un nouveau « mode de faire ». Des institutions se sont engagées dans cette démarche : la Caisse des dépôts, l’Ademe Île-de-France, la Métropole du Grand Paris, la Région Île-de-France.
Et les promoteurs suivent. Eiffage a récemment acquis 4 500 m2 de dalles de faux plancher technique. Et Icade a intégré des matériaux de réemploi à son immeuble Pulse à Saint-Denis, aujourd’hui occupé par le Comité d’organisation des Jeux olympiques et Paralympiques de 2024 (Cojo). « L’économie circulaire et le réemploi ne doivent surtout pas être attachés à une image de deuxième catégorie, précise Laurent Monnet, l’élu qui porte fortement la démarche depuis Plaine commune. Conseiller territorial en charge de la nature en ville et de l'économie circulaire, et des espaces publics, il est également maire adjoint de Saint-Denis : « Le Comité des Jeux Olympiques porte une ambition forte en matière esthétique, ce qui n’empêche pas l’économie circulaire. »
Les maîtres d’ouvrage sont invités à signer la charte économie circulaire de Plaine Commune, afin de respecter des exigences chiffrées : consacrer 1 % du montant des travaux de constructions neuves à l’achat de produits issus du réemploi ; et recourir à du béton de construction incorporant a minima 5 % de matériaux recyclés. La mise en place de cette charte en 2019 a permis de déployer plus largement la démarche de métabolisme urbain. Il y a eu un avant et un après. C’est désormais un véritable projet de territoire, une politique publique.
Impact carbone nul
Aujourd’hui le réemploi de matériaux est devenu une évidence, sérieusement renforcée par les difficultés d’approvisionnement liées à la crise du Covid, et celle de l’Ukraine, mais aussi par l’évolution de la réglementation, notamment de la RE 2020, qui considère l’impact carbone des matériaux de réemploi comme nul.
La démarche exige néanmoins une organisation collective pas simple à mettre en place. Et un défi de taille : trouver du foncier pour stocker les matériaux… Sur un territoire où chaque m2 vaut de l’or, car d’ici 2024 y seront construits le Village olympique et paralympique et cinq gares du Grand Paris Express. « Plaine Commune souhaite aujourd’hui renforcer les exigences de sa charte, précise Laurent Barelier, responsable de la mission Écologie à la direction de la stratégie opérationnelle de Plaine Commune. En demandant aux signataires de mobilier eux aussi leur foncier pour mettre en place des plates-formes d’économie circulaire. »
Cheffe de projet Métabolisme urbain à Plaine commune depuis 2017, Justine Emringer contribue à « faire de l’économie circulaire un fondamental du territoire. On commence à réaliser les premiers bilans, explique-t-elle. Sur les chantiers de déconstruction, nous avons atteint le taux de valorisation de 90 %, à mettre en perspective avec l’objectif réglementaire de 70 % ».En attendant la création d’une plateforme numérique ad hoc (actuellement à l’étude avec l’EPT Est Ensemble et la Ville de Paris, avec le soutien financier de la Métropole du Grand Paris et de la Banque publique d’investissement), Justine Emringer envoie chaque semaine un mail pour proposer à son réseau offres et demandes de matériaux. Par exemple : « Offre de matériaux issus de la déconstruction d’un Conforama (éléments de façades et de structure, menuiseries, luminaires, serrureries métalliques…) ». Ou : « La SEM Plaine commune développement revend des pierres de taille, 110 €/m2 négociables. Deadline assez courte puisqu’elles devront être récupérées d’ici la semaine prochaine ». Ou encore : « 1 400 m3 de terres fertiles réalisées à partir des terres du Grand Paris Express sont en vente à Aulnay-sous-Bois par Terre utile ». Les espaces extérieurs et espaces publics sont au cœur des projets avec un objectif de 20 % du montant des travaux consacré à l’achat de produits issus du réemploi ou du recyclage. Et avec une ferme volonté de concilier qualité et esthétique.
La démarche Métabolisme urbain
- 1 poste à temps plein, soit 1 607 heures consacrées au pilotage de la démarche (hors temps investi par les autres agents)
- Un budget Plaine Commune de 500 000 € euros sur 3 ans (toujours au niveau du pilotage, hors travaux etc.)
- 70 projets accompagnés sur le territoire
Plaine Commune
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Laurent Monnet
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