Les Remendaires dynamisent la vie, l'économie et l'emploi local (30)
En Occitan, les « remendaires », ce sont les réparateurs. Le terme colle au projet développé entre trois intercommunalités et trois associations. Avec un mot d'ordre, la coopération territoriale. Une logique, la valorisation des déchets. Et une envie, mener un projet d'économie circulaire au profit du territoire et de ses habitants. L'un de ces territoires, le Pays de Sommières nous en explique la philosophie et la méthode.
Le projet coopératif des « remendaires » se déploie sur trois communautés de communes. Au sein de chacune des trois collectivités (Pays de Sommières, Pays d'Uzès et Piémont cévenol), une association (1) porte un chantier d'insertion en charge d'une recyclerie. Le projet est né en 2017 de souhaits convergents : les chantiers d'insertion souhaitaient diversifier leurs activités dans les filières vertes et les communautés de communes voulaient améliorer la gestion des encombrants. L'idée a fait l'objet d'une étude de faisabilité commune en 2019. Les recycleries ont ainsi commencé leur activité en 2020.
L’activité « économie circulaire » du chantier de Calade couvre les 18 communes de la communauté du Pays de Sommières. La majorité de ces communes sont des villages, deux seulement dépassent 2.000 habitants. Une convention pluriannuelle d’objectifs lie la communauté de communes et l'association. Cette activité « économie circulaire » se décline en 3 volets : le réemploi d’objets (accueil, tri, diagnostic, rénovation, réparation et revente d’objets initialement destinés à la déchetterie), la collecte à domicile des encombrants (jusqu'au tri et l’apport en recyclerie ou déchetterie), et l'atelier d'auto réparation et de réparation de vélos (et revente de vélos d’occasion initialement destinés à la déchetterie).
Valoriser les déchets…
« Trier et recycler, réemployer et réparer ». En quatre mots, Jean-Michel Andriuzzi, synthétise le projet qui se déploie sur le Pays de Sommières, dont il est vice-président en charge de la collecte et de la valorisation des déchets ménagers. « Dès 2023, on devra extraire les biodéchets de nos ordures ménagères, rappelle-t-il. Mais nous travaillons surtout pour éviter l'incinération ». Par ailleurs, les élus constataient une croissance importante des encombrants… avec toujours plus de vélos, de meubles jetés. « C'est ce qui nous a poussés à contacter l'association Calade pour réfléchir ensemble », explique-t-il.
Créer des emplois d'insertion sur un secteur porteur…
La recyclerie compte aujourd'hui neuf emplois d'« agent valoriste ». Ces emplois d'insertion sont destinés à des personnes allocataires du revenu de solidarité active (RSA), demandeurs d’emploi de longue durée et jeunes suivis par la mission locale. Le chantier d'insertion de Calade comptait à l'origine six emplois d’insertion. « Ce sont aussi des métiers qui vont se développer », se réjouit l'élu. La création à la rentrée 2021 d'un lycée des métiers de formation à la filière déchets et environnement sur la commune de Sommières en est un autre signe manifeste.
… et de nouveaux services pour les habitants
Troisième axe du projet : les magasins des recycleries. Celui de Calade est fréquenté par un public varié, de l'habitant lambda au restaurateur qui vient chiner une nouvelle décoration. Les habitants bénéficient aussi désormais d'un service de collecte d'encombrants à domicile. Ce sont aussi d'autres activités annexes qui se développent, explique Stephan Jannez, le directeur de Calade : comme « l’animation du territoire via des événements grand public, des ateliers thématiques, des partenariats avec d’autres structures comme des collèges, des lieux touristiques, etc. ».
Une activité croissante
La recyclerie de Calade a ouvert ses portes en septembre 2020. Les confinements liés à la Covid-19 ont obligé Calade à imaginer un « click and collect »… D'une contrainte est née une opportunité, « la collecte des encombrants confiée par la communauté de communes monte alors en puissance », raconte Stephan Jannez. Les habitants appellent le service déchet de la communauté qui donne un ordre de mission au chantier pour aller récupérer les objets chez la personne. Au 3e confinement, le chantier profite de la fermeture du magasin – non essentiel – pour aménager une mezzanine. L'amplitude horaire a augmenté depuis sa réouverture, désormais du mercredi au samedi, au lieu du seul mercredi.
Pas de concurrence grâce à la spécialisation
Chaque chantier d'insertion s'est spécialisé sur une filière. Pour celui de Calade, c'est la déco, la rénovation de meubles. Pour un autre, c'est la valorisation des déchets verts et le retraitement des aides techniques paramédicales. Pour le dernier, le recyclage des vélos. « La spécialisation est un bon moyen pour éviter la concurrence entre nos chantiers d'insertion, assurer le traitement de différents gisements de déchets, et trouver des exutoires pour les différents encombrants », explique son directeur.
Mutualisation de moyens
Les acteurs locaux ont gagné de l'aisance en optant pour la mutualisation de leurs ressources humaines, savoir-faire et de matériels. « Cela nous permet de nous offrir des compétences que chacun seul dans son coin n'aurait pu se payer », poursuit le directeur. Par exemple, un chargé de projet en économie circulaire a été recruté à temps plein, et il partage son temps entre deux chantiers. Calade a aussi pu s'épauler d'un encadrant technique supplémentaire, également partagé avec un autre chantier.
Déjà la suite…
« Notre projet c'est une pelote avec autant de fils nouveaux à dévider ! » s'enthousiasme Stephan Jannez. « Il n'est pas un mois sans que de nouveaux projets émergent », partage Jean-Michel Andriuzzi. Le partenariat entre les communautés de communes, pourtant aux profils économiques différents, et les associations, dont deux centres socio culturels, a créé de nouveaux « espaces de paroles et d'échanges ». Collectivités et associations ont choisi de poursuivre cette coopération au travers de la création d'un pôle territorial de coopération économique (PTCE). Le but est de « développer ensemble des projets économiques innovants, par une stratégie de coopération et de mutualisation ». Ceci dans trois filières : l’économie circulaire, l’alimentation et la construction. Le projet n'a pas été retenu pour obtenir le label de l’État, mais cela n'empêche pas les acteurs de continuer à le mener, comme si…
(1) Ces trois acteurs locaux sont : Calade, centre social en Pays de Sommières, le chantier d’insertion Pays Cévenol, à Saint-Hippolyte-du-Fort et le centre socioculturel intercommunal Pierre Mendès France à Saint-Quentin-la-Poterie.
Points de repère
Les trois chantiers d'insertion couvrent 102 communes et emploient 60 salariés en insertion.
Une progression sur trois années
2020 : c'est l'année de lancement-test des recycleries
2021 : la finalisation du projet
2022 : la pérennisation et l'essor du projet
Les partenaires du projet
État – Directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS)
Conseil départemental du Gard
Communauté de communes
Pôle d'équilibre territorial et rural (PETR) Vidourle Camargue - Programme LEADER
Caisse centrale des Mutualités Sociales Agricoles
Communauté de communes Pays de Sommières
Nombre d'habitants :
Nombre de communes :
Jean-Michel Andriuzzi
Association Calade
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