Fonction publique - Trois jours de carence pour les fonctionnaires : le Sénat récidive
La majorité sénatoriale a profité de l'examen du projet de loi Macron sur la modernisation de l'économie pour voter, dans la nuit du 6 au 7 mai, trois jours de carence en cas d'arrêt maladie pour les fonctionnaires. Cette mesure, votée contre l'avis du gouvernement, a toutefois de fortes chances d'être retoquée par l'Assemblée nationale en commission mixte paritaire (CMP).
Ce scénario vous rappelle quelque chose ? C'est normal. En décembre 2014 déjà, la droite sénatoriale avait proposé et voté la mise en place de trois jours de carence pour les arrêts maladie des agents publics des trois fonctions publiques, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2015, mais l'Assemblée s'y était opposée.
Auparavant, un jour de carence avait été instauré pour les fonctionnaires en 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Appliquée en 2012 et 2013, la mesure a été supprimée par la gauche, à la demande du gouvernement, dans le cadre de la loi de finances pour 2014.
Rappelant qu'il existe bien un délai de trois jours pour les salariés du privé, le sénateur UMP Roger Karoutchi, auteur du nouvel amendement, s'est évidemment appuyé sur ce qui constituerait une "inégalité de traitement entre les salariés du public et du privé". Le délai d'une journée instauré en 2011 "a permis de réaliser 60 millions d'euros d'économie pour sa première année d'application. L'instauration de trois jours de carence pourrait donc permettre a minima la réalisation de 180 millions d'euros d'économies", a-t-il assuré.
Un sous-amendement proposant de se contenter de revenir à une seule journée a au passage été écarté.
"Deux tiers des salariés du privé ne perdent pas en rémunération, grâce à des conventions collectives protectrices. Certes, les chiffres de l'absentéisme ne sont pas bons. Reste que l'argument de l'injustice entre privé et public ne tient pas. Nous avons encore à progresser dans la réflexion", a pour sa part argué Emmanuel Macron, qui avait vu dans la proposition de Roger Karoutchi un "amendement d'appel". Ce que le sénateur des Hauts-de-Seine n'a pas démenti, reconnaissant que "la CMP fera son oeuvre ensuite". Economies escomptées, équité avec le privé, impact sur l'absentéisme… Sur ces divers aspects, la question n'a pas fini de faire débat.
Le vote solennel sur le projet de loi Macron, initialement prévu le 5 mai, a été repoussé au mardi 12 en raison des retards pris au fil de son examen. Le texte passera ensuite en CMP. En cas d'échec, c'est l'Assemblée qui a le dernier mot.