Social - Travail social : l'Anas veut "redonner du sens" à la polyvalence de secteur
Le débat entre la polyvalence de secteur - organisation héritée de la décentralisation de 1982-1983 et consistant à confier à un travailleur social la responsabilité de l'ensemble des compétences sociales du département sur un secteur géographique donné - et la spécialisation thématique des travailleurs sociaux (insertion, logement, enfance...) fait figure de serpent de mer, d'autant plus que toutes les combinaisons sont possibles selon le positionnement du curseur entre les deux approches. Ce débat récurrent recouvre pourtant des questions de fond sur l'organisation et l'efficience du travail social.
Une alternative au modèle actuel de la polyvalence
Dans une note très argumentée, l'Association nationale des assistants de service social (Anas) formule "cinq propositions pour redonner du sens à la polyvalence de secteur". La note commence par rappeler que cette notion de polyvalence de secteur remonte à un décret et à une circulaire de 1959 et qu'il n'est donc pas illégitime d'en réinterroger aujourd'hui le sens et la portée pratique.
Pour autant, l'Anas reste attachée à cette approche du travail social et de l'organisation de l'action sociale des départements (tout en rappelant que les décisions en la matière appartiennent aux conseils généraux). Sa note vise donc à "proposer une alternative au modèle actuel de la polyvalence de secteur en la replaçant dans son ancrage territorial, en réaffirmant la nécessité d'une action sociale agissant sur l'environnement de vie de la population et en clarifiant son rôle et sa place dans l'accompagnement individuel des personnes".
Pour atteindre cet objectif, la première proposition de l'Anas consiste à dissocier la contractualisation obligatoire et l'accompagnement social. Cela doit permettre aux travailleurs sociaux de secteur de se réapproprier les outils d'accompagnement et de développer des marges de manœuvre. En pratique, lorsqu'un dispositif prévoit une contractualisation obligatoire - résultant d'une loi (RSA) ou de l'initiative d'une collectivité territoriale -, ce contrat serait établi entre la personne et la collectivité dans un espace et un temps distincts du service social de secteur.
Vers des équipes territoriales polyvalentes
Dans un esprit voisin, la seconde proposition prévoit de dégager les équipes de polyvalence de secteur des évaluations consécutives aux recueils d'informations préoccupantes. Il s'agit là d'une question récurrente dans nombre de départements. La proposition de l'Anas revient, au passage, à reconnaître la nécessité d'une spécialisation - au moins partielle - de la protection de l'enfance.
Troisième proposition : garantir un processus de formation continue obligatoire à l'intervention sociale d'intérêt collectif (Isic) pour les professionnels exerçant au sein des équipes de polyvalence de secteur, ainsi que pour les encadrants. L'objectif est de développer le rôle de la polyvalence de secteur comme acteur du développement social du territoire. L'Anas considère en effet qu'"on ne peut penser l'intervention en polyvalence de secteur sans une dimension d'intervention à l'échelle du territoire".
La quatrième proposition consiste à instaurer et garantir un accueil inconditionnel des personnes par un travailleur social, afin de garantir l'accès effectif au service social de secteur à toute personne résidant sur le territoire considéré. En l'occurrence le problème est moins une question d'organisation que de moyens. Enfin, l'Anas préconise de renoncer à la logique d'interchangeabilité des professionnels et d'évoluer vers une notion d'équipe territoriale polyvalente.