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Economie - Travail dominical : les idées de Jacques Attali à Bercy ?

"Bercy dans de très bonnes mains." Aussitôt nommé Emmanuel Macron au ministère de l'Economie, le conseiller Jacques Attali s'est fendu d'un tweet pour saluer ce "grand professionnel". Et pour cause, Emmanuel Macron siégeait déjà dans la commission Attali pour la "libération de la croissance française" installée sous Nicolas Sarkozy. Entre-temps, la croissance ne s'est non seulement pas libérée, elle a plutôt été réfrénée.
Bon nombre des 316 recettes de ce catalogue sont restées dans les cartons, mais il n'est pas étonnant d'en voir resurgir deux coup sur coup : l'assouplissement des 35 heures et les aménagements au travail dominical. Si la première n'a pas été confirmée par le gouvernement et reposait sur les affirmations d'Emmanuel Macron à l'hebdomadaire Le Point juste avant sa prise de fonction, la seconde est bel et bien à l'ordre du jour. Vendredi, Matignon a en effet indiqué que le projet de loi sur la croissance, préparé par Arnaud Montebourg avant son départ, comporterait des mesures d'applications directes et des habilitations à agir par "voie d'ordonnance", notamment sur le travail dominical. Ce qui permettrait d'échapper à un véritable débat au Parlement.
Le sujet est dans les tuyaux depuis le rapport Bailly commandé par Jean-Marc Ayrault l'an dernier pour déminer une vive polémique qui visait les magasins de bricolage. Un décret du 7 mars 2014 a autorisé ces mêmes magasins à ouvrir le dimanche et un projet de loi fixant de nouvelles règles sur le travail dominical avait été annoncé pour la fin de l'année...

"Déni de démocratie"

Or, l'assouplissement des trente-cinq heures et du travail dominical constitue le chapitre "permettre à tous de travailler plus" du rapport Attali. On peut y lire que "contrairement à ce qui était jusqu'ici communément admis, ce n'est pas seulement la croissance qui crée l'emploi, c'est aussi le travail qui crée la croissance". "Tout ce qui permet d'augmenter, de façon négociée, la quantité de travail des Français, s'ils le choisissent, constitue un formidable levier pour la croissance." Dans ces conditions, "une évolution du travail du dimanche est nécessaire pour des raisons économiques et des motifs liés aux transformations sociales et culturelles de la société", poursuit le rapport qui propose (mesure 137) de "simplifier et adapter les dispositions du droit du travail pour élargir la possibilité du travail dominical".
L'annonce associée à un possible recours aux ordonnances n'a pas manqué d'agiter la classe politique, du Parti de gauche qui reproche au gouvernement de vouloir "dissoudre la démocratie" au Front national qui a dit vouloir défendre "une tradition historique du repos dominical". Du côté syndical, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a réclamé lundi une concertation des organisations syndicales, avant tout projet de loi. FO et la CGT - qui avaient refusé de signer l'accord sur les contreparties concernant le secteur du bricolage - ont pour leur part dénoncé un "déni de démocratie".