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Mobilité - Transports publics : élus et opérateurs testent des remèdes anti-morosité

Malgré la morosité économique, les vingtièmes Rencontres parlementaires sur les transports, qui ont fait salle comble le 13 novembre, ont mis l'accent sur la nécessité de poursuivre la remise à niveau et l'innovation dans les réseaux urbains.

L'équation économique du transport public est à bout de souffle. Tel est le constat partagé par l'ensemble des intervenants de ces vingtièmes Rencontres parlementaires sur les transports, organisées le 13 novembre à Paris. Pris en étau entre la nécessité d'améliorer son offre alors que ses sources de financement se tarissent, le secteur est en quête de repères et voit émerger de nouveaux modèles. Pour Jean-Marc Jancovici, associé fondateur du cabinet de conseil Carbone 4, une page se tourne dès lors qu'il n'est plus pertinent, pour les opérateurs, d'intégrer dans leurs "business plans" l'indicateur d'évolution des cours du baril de pétrole. "La prudence s'impose, ils doivent désormais bâtir des scénarios beaucoup plus probabilistes qu'avant". Du changement, également, dans les modèles de financement. Des partenariats public-privé (PPP) pointent leurs nez, en France comme à l'international. En Inde, le groupe français Keolis aide un industriel à créer un imposant métro dans le cadre d'un contrat de ce type. Avec Heuliez Bus, filiale d'Iveco, le Grand Dijon est la première agglomération à y avoir eu recours l'an dernier pour un contrat d'ampleur de fourniture et maintenance d'une flotte de 102 bus hybrides.

Continuer d'innover

"Dans les réseaux de transports publics urbains, le décollage des technologies hybrides reste timide. La priorité reste le remplacement des vieux bus et le passage des diesel à la norme Euro VI", nuance Philippe Grand, directeur des relations institutionnelles d'Iveco Bus. L'entreprise mise néanmoins dessus et révélera, aux Rencontres nationales du transport public qui se tiennent fin novembre à Bordeaux, un prototype de bus hybride et électrique à recharge rapide (projet Ellisup) développé avec Michelin, EDF et la RATP. Rechargeable en bout de ligne, aux terminus donc, en quatre minutes, et autonome sur 8 à 10 km, il devrait intéresser des collectivités. Son surcoût par rapport à un "bus classique" est estimé à 50%. La percée des bus électriques se cantonne pour sa part à des minibus à cause de l'obstacle que représente le poids de batteries, qui rend difficile la conception d'autobus standards. "Mais ils sont tout de même présents et bien représentés dans de grands réseaux comme Bordeaux, Lille et Lyon", appuie Jean-Pierre Farandou, président de Keolis. Outre le gain environnemental, ces technologies hybride ou électrique, "dès lors qu'il y aura un effet de masse", auront selon lui un net impact sur le bruit et donc la qualité de vie urbaine. François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône, milite pour sa part pour que les véhicules électriques, de manière plus large, soient plus présents au sein des flottes de l'Etat et des collectivités : "C'est aberrant qu'une seule police municipale en France en soit dotée, alors que ce sont des véhicules tout à fait adaptés aux tournées en ville qui leur incombent". Problème d'offre ou de demande, chacun tend à se renvoyer la balle : au Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), qui accélère actuellement le renouvellement de son parc de bus francilien, on estime que face au diesel, les alternatives manquent. L'autorité organisatrice propose donc, afin de "mettre en adéquation les usages et besoins des Franciliens en matière de technologies de transport", la création d'une plateforme pour affiner le dialogue entre les décideurs locaux et l'ensemble des constructeurs.