Transports ferroviaires : "La décennie 2020 sera la nouvelle décennie du TGV", assure Emmanuel Macron
À l'occasion des 40 ans du TGV, le président de la République a annoncé ce 17 septembre le retour des grands projets pour la SNCF. Dévoilant le "TGV du futur", la compagnie ferroviaire nationale a assuré qu'il sera plus confortable, plus capacitaire, plus modulable, plus écologique et plus économe.
"La décennie 2020 sera la nouvelle décennie du TGV", a lancé Emmanuel Macron, lors de la cérémonie marquant le quarantième anniversaire du train à grande vitesse organisée ce 17 septembre à la gare de Lyon, à Paris. C'est dans cette même gare que le TGV, lancé par Georges Pompidou et construit sous Valéry Giscard d'Estaing, avait été inauguré le 22 septembre 1981 par François Mitterrand. Il était alors reconnaissable à sa couleur orange, ne roulait qu'à 260 km/h et mettait 2 heures 40 entre Paris et Lyon (contre 3 heures 40 pour les trains les plus rapides auparavant), un trajet réduit à 2 heures dès 1983.
"Réenvisager l'avenir" avec de nouveaux investissements "massifs"
Aux côtés du PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, et des ministres de l'Économie, Bruno Le Maire, de la Transition écologique, Barbara Pompili, et des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, Emmanuel Macron a salué "une grande aventure française" qui doit se poursuivre avec de nouveaux investissements "massifs". Le TGV, qui a transporté 3 milliards de passagers depuis son lancement et traverse 180 villes, "c'est l'histoire d'une passion française pour le train et d'un génie technologique", a déclaré le président de la République. "Nous allons la poursuivre en grand", a-t-il promis dans un discours prononcé devant la maquette de la motrice du futur TGV M, le "TGV du futur" d'Alstom que la SNCF doit mettre en service en 2024.
"Pendant tant d'années, on avait bâti de nouveaux projets, mais on n'entretenait plus le réseau courant", a rappelé Emmanuel Macron, qui avait annoncé une "pause" sur les nouveaux projets d'infrastructures à son arrivée à l'Élysée en 2017. La construction des 2.700 km de lignes à grande vitesse (LGV) françaises avait en effet plombé les comptes de la SNCF, dont l'énorme dette a longtemps été préoccupante. Après la réforme ferroviaire de 2018, le lancement d'un programme de rénovation des voies ferrées et l'ouverture du transport ferroviaire domestique à la concurrence, on peut "commencer à réenvisager l'avenir", a estimé le chef de l'État. "Aujourd'hui, ce que nous voulons faire ensemble, c'est accélérer", a-t-il déclaré.
Le président de la République a revendiqué "des choix d'investissements massifs" dans les infrastructures, avec notamment le renouveau des petites lignes et la relance des trains de nuit, une meilleure connexion des ports et la construction de liaisons nouvelles. Rompant avec la pause de 2017, l'État s'est en effet engagé à investir 6,5 milliards d'euros dans les liaisons Marseille-Nice, Montpellier-Perpignan et Bordeaux-Toulouse. Ces sommes correspondent à 40% de la facture envisagée, les collectivités locales et l'Europe devant apporter le reste. Emmanuel Macron a aussi cité les lignes Paris-Normandie, Roissy-Picardie et Lyon-Turin, qu'il reste à engager.
Coup de pouce à la SNCF pour accroître ses commandes de rames TGV du futur
Pour la SNCF, il a annoncé la suppression d'ici 2023 de deux taxes frappant les trains à grande vitesse, qui servent à financer les Intercités. Ces contributions représentent 200 millions d'euros par an en année normale, selon le groupe public. Ce coup de pouce doit permettre à la compagnie ferroviaire de commander à Alstom 12 TGV M par an comme prévu au départ, alors qu'elle avait décidé de se contenter de 9 trains, faute d'argent.
Le nouveau TGV, de huitième génération, ne sera pas plus rapide que les dernières rames circulant sur le réseau français dont la vitesse atteint 320 km/h, mais la SNCF le veut plus confortable, plus capacitaire, plus modulable, plus écolo, plus économe.
La fête d'anniversaire du TGV est aussi pour la SNCF une occasion d'oublier un instant la pandémie de Covid-19, qui lui a fait perdre des milliards d'euros. Son TGV était en effet une activité fort rentable, avant la crise sanitaire. Le grand défi de la compagnie nationale est maintenant de faire revenir les passagers dans les trains, et notamment la clientèle affaires, alors que la concurrence commence à arriver - les trains à grande vitesse rouges de la compagnie italienne Thello (Trenitalia) sont en effet attendus sur Paris-Lyon-Milan avant la fin de l'année et pourraient être suivis plus tard sur Lyon-Marseille par des rames de l'espagnole Renfe, puis dans l'Ouest par celles de Le Train, une société charentaise.
"On a passé un bon été", s'est félicité, en attendant, le directeur de SNCF Voyageurs, Alain Krakovitch, pour qui "la rentrée se passe bien" avec des signes encourageants pour la reprise du trafic business.