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Transports - Transition énergétique : les transports, grands oubliés du projet de loi ?

Virage sans précédent ou coup d'épée dans l'eau ? Le projet de loi de programmation pour un nouveau modèle énergétique n'en finit plus de faire réagir des ONG. Déçue, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a fait savoir à son tour, le 4 juillet, que malgré de louables intentions, le texte actuel ignore les transports en commun et met sur un piédestal la voiture électrique.

"Oublier les transports, dans un projet de loi d'une telle importance, c'est incompréhensible !", a décrié la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), lors d'un point presse organisé ce 4 juillet. Parmi les lacunes du projet de loi, la Fnaut regrette qu'il mette l'accent sur l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables en oubliant la sobriété énergétique et les changements de comportements des ménages et entreprises, "qui n'apparaissent pas dans l'exposé des motifs". Surtout, les transports en sont le parent pauvre, alors même que des mesures ambitieuses étaient annoncées en la matière.

La mobilité électrique, un paravent ?

Le cap clairement mis sur le développement de la mobilité électrique gêne l'association aux entournures. Le texte prévoit, en effet, que la moitié des flottes publiques intègrent des véhicules électriques ou hybrides rechargeables d'ici 2030 (article 10). Ou encore que le bonus à l'achat de ce type de véhicule soit pérennisé et majoré. Par ailleurs, il cite l'objectif de sept millions de bornes de recharge installées, avec une obligation s'imposant aux parkings publics et privés (article 11). "Vite qualifiée de véhicule propre et considérée comme une solution miracle - alors que l'Ademe en a plusieurs fois pointé les limites écologiques – la voiture électrique fait donc l'objet d'une démarche très volontariste. Et ce alors même que le secteur des transports, lui, est quasiment ignoré dans ce titre III du projet de loi", déplore l'association. De son point de vue, si le véhicule électrique permet certes de limiter les nuisances locales (bruit, pollution de l'air), d'où son intérêt en milieu urbain dense, "l'électrification massive du parc n'est pas souhaitable en l'état actuel de la technologie". Derrière "l'illusion technologique" qu'il représente persisteront "bien des problèmes liés à la voiture individuelle, de la congestion à l'étalement urbain". C'est en ce sens que la Fnaut s'oppose à toute autorisation d'emprunt des couloirs réservés aux bus, vélos et taxis par les voitures électriques, car "si des facilités de circulation sont accordées aux voitures électriques, elles doivent l'être au détriment des véhicules thermiques".

Manque de vision

En outre, ignorer le report modal dans le texte est selon elle un mauvais signal : "Aucun objectif chiffré de réduction des trafics, vélo même pas cité, aucune nouvelle source de financement du transport collectif envisagée et mesures sur l'autopartage réduites à peau de chagrin : le projet de loi est conçu sans vision de la politique des transports." En retour, l'association formule des propositions, tant pour maîtriser la mobilité (aider les entreprises à miser sur le télétravail, favoriser le commerce de proximité) que pour réduire les consommations (campagne nationale sur l'écoconduite, généralisation du 30 km/h en ville). Elle demande aussi, comme plusieurs réseaux d'élus, une baisse du taux de TVA sur les transports collectifs. Autre piste : étendre l'obligation d'élaborer un plan de déplacements urbains (PDU) aux "agglomérations de 30.000 à 100.000 habitants", et donc ne plus les réserver à celles de plus de 100.000 habitants. Enfin, côté fret, elle suggère notamment de favoriser l'implantation d'opérateurs ferroviaires de proximité (OFP) et "d'encourager les rabattements de trafic routier sur le ferroviaire et le fluvial, via une exonération de l'écotaxe".