Transition écologique : l'Etat va mobiliser 7 milliards d'euros supplémentaires en 2024, annonce Elisabeth Borne

L'Etat va mobiliser 7 milliards d'euros supplémentaires en 2024 pour doubler le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France et tenir les objectifs pour 2030, a annoncé ce 8 juillet la Première ministre dans une interview au Parisien/Aujourd'hui en France.

"Nous avons bâti un plan concret, ambitieux, crédible et financé pour permettre d’atteindre l’objectif de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030", a déclaré ce 8 juillet Elisabeth Borne dans une interview au Parisien/Aujourd'hui en France, après que le Conseil de planification écologique, prévu trois jours auparavant, a été reporté sine die en raison des violences urbaines. Il s’agira d’une "feuille de route complète, qui engage tous les acteurs, avec un effort équitablement réparti : la moitié pour les entreprises, un quart pour les ménages et un quart pour les collectivités", a souligné la Première ministre.

"L'État va prendre sa part puisque, dès l'an prochain, nous allons rehausser de 5 milliards d'euros notre contribution au plan, au-delà des 2 milliards de plus qu'on avait déjà prévus", ainsi "en 2024, nous aurons 7 milliards de plus qu'en 2023 pour le financement de la transition écologique", a affirmé la locataire de Matignon. Fin 2023, le gouvernement avait déjà annoncé la mobilisation de 2 milliards d'euros pour alimenter le Fonds vert, destiné à accompagner les projets écologiques des collectivités territoriales.

Promesse d'"argent frais"

"C'est un investissement inédit de l'État qui servira à financer les rénovations énergétiques, les transports en commun, les énergies renouvelables et la transition agricole", a-t-elle ajouté, sans préciser à ce stade la source de ces financements qui doivent être discutés dans le Projet de loi de finances pour 2024. "Ca ne veut pas dire 7 milliards d'impôts supplémentaires, bien au contraire", précise-t-on dans son entourage, soulignant que ce chiffrage correspond à l'ordre de grandeur des réductions de dépenses attendues des ministères. "Il s'agit d'argent frais, qui va en générer beaucoup plus car il sera utilisé dans des projets cofinancés par les collectivités" comme de coutume, ajoute l'entourage de la Première ministre.

Pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la Première ministre a présenté le 22 mai un premier chapitre du plan, établi par son secrétariat à la planification écologique, qui détaillait les objectifs chiffrés de réduction pour chaque grand secteur de l'économie (lire notre article). Cette répartition chiffrée de l'effort a été saluée pour son caractère inédit et ambitieux mais critiquée pour l'absence d'annonce sur les financements, l'une des principales difficultés. Les investissements supplémentaires avaient été évalués le jour même à 60 milliards d'euros par an d'ici à 2030, dont la moitié d'argent public, selon le rapport Pisani-Ferry-Mahfouz.

60% de solutions existantes

"Aujourd'hui, on investit 120 milliards d'euros par an, tout confondu, secteur public et privé, c'est-à-dire l'État, les collectivités locales, les entreprises et les ménages pour des actions dans les transports, les bâtiments, l'industrie, l'énergie", a rappelé la Première ministre dans son interview. Pour son plan, le gouvernement veut s’appuyer "à 60 % sur des solutions qui existent déjà" mais compte "accélérer", notamment sur la rénovation des bâtiments et l’électrification des voitures. Les actions visant les 40% restants reposeront "sur des changements de comportement comme la poursuite du plan sobriété, et sur des innovations technologiques comme l’avion bas carbone".