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Train à un euro et covoiturage : face à la crise, l’Occitanie veut faciliter les mobilités du quotidien

La région Occitanie a annoncé trois nouvelles mesures pour favoriser le report modal : des trains régionaux accessibles au tarif d'un euro le premier week-end de chaque mois et en cas de pic de pollution, ainsi qu’une aide au covoiturage. Sa présidente rappelle la nécessité d’un plan de 100 milliards pour éviter l’implosion du système ferroviaire. La Fnaut plaide de son côté pour s’inspirer de l’exemple allemand.

La région Occitanie a annoncé le 15 novembre trois nouvelles mesures afin de favoriser le transport ferroviaire et le covoiturage. Le calendrier ne doit rien au hasard : "Alors que l’État baisse à partir de demain ses aides sur le prix de l’essence, nous présentons de nouvelles offres pour renforcer le report modal", argue Carole Delga, présidente de la région Occitanie.

Trains régionaux à un euro le premier week-end du mois et en cas de pic de pollution

À compter de décembre, les trains régionaux liO (21 lignes au total) seront accessibles le premier-week-end de chaque mois (hors juillet et août) au tarif d'un euro pour tous les voyageurs. Couplée à la gratuité des musées tous les premiers dimanches de chaque mois, la mesure vise notamment à "permettre de se cultiver sans se ruiner, ni polluer". "Il vaudra mieux réserver!", a lancé Carole Delga lors d'une conférence de presse, plaidant pour un "choc de l'offre" afin d'amplifier "l'envie de prendre le train" dans une région qui a déjà vu le nombre d'usagers du rail croître de 27% par rapport à la période pré-covid.

La région met notamment ici à profit l’expérience qu’elle a conduite avec succès les week-end des 15/16 et 22/23 octobre, au cours desquels, face à la pénurie de carburant, elle avait mis en place une opération similaire, qui s’est soldée par un nouveau record de fréquentation le second week-end, "cinq fois supérieur au trafic habituel". Une opération qui aurait selon la région permis "d’économiser 650.000 litres de carburant et d’éviter le rejet de 1,5 million de tonnes de CO2". Quelque 182.000 billets à un euro avaient été vendus en deux week-ends, dont 131.000 le second, soit une fréquentation record "cinq fois supérieure au trafic habituel". "Près de 20% des ces voyageurs n'avaient jamais pris le train" et "50% n'auraient pas voyagé" sans cela, a souligné le directeur régional de SNCF-Voyages Occitanie, Philippe Bru. La moitié sont allés "voir la famille ou des amis" et 40% ont fait "du tourisme", a-t-il ajouté.

En outre, en cas de pic de pollution, tous les trains liO "qui entrent ou sortent" des zones concernées par le pic seront également accessibles au tarif de un euro. La région rappelle que 31 journées ont été classées comme tel en 2021 et 26 en 2022.

Aide au covoiturage

Par ailleurs, "consciente que tous les habitants n’ont pas accès au train près de chez eux", la région a également décidé d’une aide au covoiturage pour les trajets de moins de 30 km et signé des partenariats en ce sens avec les plateformes Mobicoop, Karos, Atchoum, Klaxit et BlaBlaCar Daily.

Pour le passager, la région prendra en charge 10 centimes du kilomètre ; une aide plafonnée à deux euros par trajet mais cumulable avec le forfait mobilité durable. La réduction s’appliquera automatiquement lors de la réservation (sur cinq plateformes pour l’heure). La région met en avant le fait que pour un trajet domicile-travail de 25 km, la mesure devrait permettre une économie de plus de 80 euros pour le passager, sans compter les frais économisés par ailleurs en n’utilisant pas son véhicule (carburant, stationnement, usure…). Le conducteur percevra lui une aide de deux euros par trajet, quelle que soit la distance.

Ces offres viennent compléter différentes mesures existantes : réduction automatique de 50% des tarifs des trains régionaux pour les moins de 26 ans, gratuité des trains régionaux à l’usage pour les 18-26 ans (à partir du sixième aller-retour mensuel) avec le dispositif "+ = 0", etc.

Dans l’attente des conclusions du Conseil d’orientation des infrastructures

Également présidente de Régions de France, Carole Delga a profité de l’occasion pour rappeler "qu’avec ses homologues présidents de régions", elle interpelle l’État "pour lancer un plan de 100 milliards d’euros sur dix ans en faveur des infrastructures ferroviaires vieillissantes ou manquantes", nécessaire pour éviter selon elle l’implosion à court terme du système ferroviaire (voir notre article du 19 septembre). Une demande qui n’a pour l’heure pas prospéré, la Première ministre attendant de nouvelles conclusions du Conseil d’orientation des infrastructures (voir notre article du 16 septembre), qui devraient être rendues ce mois-ci.

  • Copier l’exemple allemand ?

De son côté, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) plaide pour copier le voisin allemand, qui vient de décider la mise en place au premier trimestre 2023 d’un abonnement mensuel à 49 euros permettant d’utiliser tous les transports publics locaux et régionaux du pays (les trains grandes lignes étant seuls exclus du dispositif). L’association met en avant la coopération entre le gouvernement fédéral et les 16 Landër, "chacun apportant 1,5 milliard d’euros […], Berlin apportant en outre aux Landër une dotation supplémentaire de 1 milliard d’euros au fonds de régionalisation des transports" (8 milliards d'euros par an). Des moyens qui contrastent selon elle avec le "contrat de performance entre l’État et SNCF Réseau inquiétant" (voir notre article du 10 janvier).

L’association estime toutefois que pour que la France s’inspire de ce modèle, "encore faudrait-il que les régions françaises coordonnent leurs tarifications respectives, souvent disparates et ne facilitant pas la vie des voyageurs [voir dernièrement notre article du 9 septembre], et qu’elles disposent de moyens financiers supérieurs ou d’une fiscalité propre". Plus encore, elle souligne que "le système français de transport public urbain et régional serait malheureusement incapable d’absorber un afflux de passagers tel que celui constaté en Allemagne. Les réseaux français n’offrent pas, à de rares exceptions près, la même densité de desserte, en fréquence de passage et en amplitude journalière, que leurs homologues d’Outre-Rhin, et les matériels sont souvent sous-dimensionnés".