Trafic de stupéfiants : un "marché" très concentré
Neuf mis en cause pour trafic de stupéfiants sur dix l'ont été dans à peine 3,5% des communes, selon une étude du service statistique du ministère de l'Intérieur.
49.000 personnes ont été mises en cause en 2022 pour trafic de stupéfiants. Mais neuf sur dix l'ont été dans à peine 3,5% des communes. C'est ce qui ressort d'une nouvelle étude du service statistiques du ministère de l'Intérieur (SSMSI) qui recense au niveau communal les infractions à la législation sur les stupéfiants. Ces dernières, en particulier le trafic de stupéfiants, "font partie des atteintes les moins bien réparties sur le territoire, derrière les vols violents, avec ou sans arme", souligne l'étude.
Ce phénomène de concentration va même en s'accentuant : en 2016, 1% des communes regroupaient 61% des mis en cause pour trafic. Leur proportion est passée à 73% en 2022.
Trente-cinq unités urbaines de plus de 2.000 habitants comptent plus de 3 mis en cause pour 1.000 habitants. Parmi elles, seule Cayenne compte plus de 100.000 habitants. Les autres unités urbaines de plus de 100.000 habitants comptabilisent moins de 1,6 mis en cause pour 1.000 habitants, excepté Marseille-Aix-en-Provence et Besançon qui complètent le "podium" après Cayenne (avec respectivement 2 et 1,8 mis en cause pour 1.000). D'autres petites communes, comme Le Boulou, dans les Pyrénées-Orientales, qui défraie régulièrement la chronique, "enregistrent un nombre très important de mis en cause au regard de leur population". La barrière de péage sur l'A9 entre l'Espagne et la France donne lieu à de nombreuses interpellations de "go fast".
11% de mis en cause dans les communes rurales
La répartition de cette délinquance peut dépendre de facteurs comme "la proximité d'une frontière, l'âge de la population… Ces facteurs feront l'objet de travaux ultérieurs plus approfondis", précise le SSMSI.
La carte de France des mis en cause fait apparaître une forte concentration le long de la façade méditerranéenne, de la vallée du Rhône et dans la région parisienne. Parmi les dix plus grandes unités urbaines, seules Bordeaux et Douai-Lens ont une proportion de mis en cause inférieure à la moyenne nationale. Mais hors unités urbaines, ce sont les départements de la Guadeloupe, de la Martinique, des Pyrénées-Orientales et des Yvelines qui affichent la plus forte concentration. À noter aussi que 11% des mis en cause sont localisés dans des communes rurales - une part qui a légèrement diminué depuis 2016 - alors qu'elles comptent environ un tiers de la population.
L'étude fait aussi apparaître une forte concentration des 251.400 mis en cause pour consommation de stupéfiants : 7% des communes regroupent 90% d'entre eux. Là encore les grandes unités urbaines ne sont pas forcément les plus concernées. 47 unités urbaines comptent plus de 11,2 mis en cause pour 1.000 habitants. Parmi elles, seule Marseille-Aix-en-Provence compte plus de 100.000 habitants. Le taux étant rapporté à la population résidente et non présente, les villes touristiques ou avec un transit routier important sont surreprésentées. C'est le cas de Millau, Saint-Tropez, Palavas-les-Flots ou Lacanau.