Tourisme : Paris demande à l'État un plan d'aide spécifique
Face à l'effondrement de la fréquentation touristique dans la capitale, le président de l'Office du tourisme et des congrès de Paris demande aujourd'hui un plan d'urgence pour le tourisme parisien, qui ne figure pas pour le moment dans les mesures envisagées par le gouvernement pour poursuivre le soutien au secteur.
Comme le confirment tous les bilans de fréquentation et toutes les enquêtes menées auprès des professionnels, Paris est, de très loin, le territoire le plus touché par les conséquences de la crise sanitaire sur l'activité touristique. Très largement tournée vers la clientèle étrangère, la capitale a subi de plein fouet les effets de la fermeture des frontières et la quasi disparition des flux internationaux. Contrairement aux autres régions touristiques, elle n'a que peu bénéficié du report de la clientèle nationale. Une situation qui se retrouve, mais à un degré sensiblement moindre, dans le reste de l'Ile-de-France et dans les grandes métropoles régionales.
Un excès d'optimisme
Face à cette situation, l'Office du tourisme et des congrès de Paris (OTCP), émanation de la ville et de la chambre de commerce et d'industrie, a longtemps eu une attitude très ambivalente. Dans un premier temps, il a nié l'ampleur de la crise ou, plus précisément, largement surestimé la portée de la reprise d'activité après les deux premiers confinements. En avril dernier, Jean-François Rial, son nouveau président tout juste nommé (et par ailleurs PDG de Voyages du Monde) expliquait n'être "pas très inquiet sur le retour des touristes" et se disait persuadé que ces derniers "vont revenir tout seuls" (voir notre article du 9 avril 2021). Il estimait en effet qu'"on va retrouver un niveau équivalent à 2019 assez vite, voire très vite. Ce n'est pas du tout les prévisions apocalyptiques qu'on nous donne, une reprise seulement en 2025-2027. Je ne crois pas du tout à ça".
Un discours qui contrastait alors fortement avec celui du comité régional du tourisme d'Ile-de-France (Paris Région), qui s'inquiétait, au même moment, des graves conséquences de la crise sanitaire et travaillait à son schéma directeur du tourisme 2022-2026, avec l'ambition de faire des Franciliens les premiers touristes de la région (voir notre article du 9 avril 2021).
L'activité touristique "sinistrée" à Paris
Quelque mois plus tard, et alors que la saison d'été s'est révélée très mauvaise à Paris notamment en matière de tourisme international, le ton a très nettement changé. Dans une interview au quotidien "L'Écho touristique", le président de l'OTCP explique ainsi que "d'habitude, Paris accueille 10 millions de visiteurs étrangers en juillet-août. Nous en avons reçu près de 2 millions en 2020. Nous devrions atteindre 3,5 millions de visiteurs étrangers, au mieux, cette année". Jean-François Rial constate en effet que "la France a globalement très bien fonctionné cet été, grâce à l'affluence des visiteurs internationaux autres que les Américains et les Britanniques, et à un puissant tourisme intérieur. Par contre, les grandes villes ont été à la peine. Le Covid a eu un impact plus fort sur elles qu'à la campagne et en bord de mer. L'activité a été sinistrée à Paris et dans sa région".
Conséquence : au moment où le gouvernement travaille à une prolongation des dispositifs de soutien à certains secteurs du tourisme (montagne, événementiel – très présent à Paris – et agences de voyages et tour-opérateurs), Jean-François Rial estime aujourd'hui que la situation justifierait des mesures spécifiques pour l'Ile-de-France, qui deviendrait ainsi le quatrième secteur bénéficiant d'une prolongation des aides. Après avoir présenté cette demande à ses interlocuteurs, le président de l'OTCP ne se montre toutefois guère optimiste, expliquant à l'Écho touristique : "Même si je garde un petit peu espoir, je n'ai toutefois pas senti que je pourrais gagner cet arbitrage. Nous n'en prenons pas le chemin, parce que Paris, c'est politiquement compliqué, au-delà des élections présidentielles."