Hébergement - Toujours 57% d'appels sans réponse au 115 et les femmes seules de plus en plus nombreuses
La Fnars publie la synthèse hivernale 2015-2016 de son "Baromètre du 115". Le premier enseignement est positif, puisque le nombre de demandes effectuées auprès des 45 départements du baromètre enregistre un recul de 4% par rapport à l'hiver précédent. Au total, 497.678 demandes d'hébergement et de prestations ont été enregistrées au cours de la période. Parmi elles, 442.885 demandes d'hébergement ont été effectuées par 66.754 personnes, un chiffre également en baisse de 4%.
Moins de demandes, mais le taux de non attribution reste inchangé
Pour la Fnars, il convient toutefois de rester prudent : "Cette diminution ne signifie [...] pas un recul de la précarité, ni une meilleure prise en charge des personnes". Tout d'abord, cette moyenne recouvre des écarts géographiques importants, 19 départements voyant au contraire les demandes progresser de façon significative : les Alpes-Maritimes (+161%), l'Hérault (+46%), le Var (+36%), la Côte d'Or (+34%)...
Ensuite, le taux de réponses positives aux demandes d'hébergement ne s'est pas amélioré. Malgré la baisse des sollicitations de 4%, le taux de non attribution reste de 57%, soit le même chiffre que l'hiver précédent. Ces non attributions concernent 51% des hommes seuls, 45% des femmes seules et 63% des familles contre respectivement 50%, 47%, et 64% l'hiver précédent. Lorsque la réponse est positive, elle reste néanmoins très précaire : 80% des attributions ont concerné des séjours d'une nuit, contre 77% l'hiver précédent.
Moins de recours aux nuitées hôtelières
Un point positif toutefois en matière d'hébergement : une diminution des recours à l'hôtel (-16%), au profit d'une hausse des attributions en structures hivernales temporaires (+15%). On peut y voir les premiers effets du plan de résorption des nuitées hôtelières (voir notre article ci-contre du 3 février 2015), même si ces nuitées sont reparties à la hausse entre janvier et mars 2016 (+6%). Là aussi, ces moyennes nationales recouvrent d'importants écarts locaux : le recours à l'hôtel a continué de croître de façon importante dans certains départements, comme l'Ille-et-Vilaine (+72%), les Bouches-du-Rhône (+49%), la Loire-Atlantique (+43%) ou Paris (+19%).
Parmi les autres sujets de préoccupation, la Fnars relève une augmentation des demandes d'hébergement émanant de femmes seules, en hausse de 13% par rapport à l'hiver précédent. Ces femmes représentent désormais 11% des demandeurs.
De même, les demandes de prestations - qui représentent environ 11% des demandes totales - ont nettement progressé de 16% au cours de cet hiver (allant même jusqu'à doubler ou à tripler dans certains départements comme la Loire, l'Aube ou la Nièvre). Dans certains départements, les demandes de prestations représentent même l'essentiel de l'activité du 115 : 94% des demandes dans le Jura, 60% dans l'Aube, 55% dans les Alpes-Maritimes... Pour la Fnars, "cette hausse traduit une dégradation sociale de la situation des personnes et interroge, en période hivernale, l'adaptation des dispositifs d'hébergement et la capacité des structures temporaires à répondre aux besoins des personnes".
Le point noir de Paris
Reste un autre point noir : la situation dans la capitale. Les demandes d'hébergement y sont en hausse (+0,4% le jour et +3,8% la nuit). Par rapport à l'hiver précédent, la progression est particulièrement marquée pour les familles (+25%) et les femmes seules (+10%), alors que les demandes d'hommes seuls et de couples sans enfants reculent de 10%, "témoignant des difficultés d'accès au 115 pour ces publics, sous la pression des demandes des familles".
Conclusion : "Si l'Etat a créé de nouvelles capacités d'accueil en 2015, l'inadaptation du parc d'hébergement et de logements sociaux à la situation sociale du pays est une nouvelle fois mise en lumière. La Fnars réaffirme la nécessité urgente de construire des logements très sociaux et d'ouvrir des hébergements pérennes avec un accompagnement social, dans les zones particulièrement tendues afin de limiter ces mises à l'abri ponctuelles, coûteuses, et qui ne favorisent pas l'insertion des personnes en difficulté".