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Communication - Télé Toulouse, l'une des plus anciennes télévisions locales, s'achemine vers la fin

Le 6 mars dernier, le tribunal de commerce de Toulouse avait accordé un délai de deux mois supplémentaires à Télé Toulouse (TLT), en cessation de paiements et à la tête d'un déficit de 1,6 million d'euros, pour trouver des financements ou un repreneur (voir notre article ci-contre du 12 mars 2015). Créée en 1988 par Dominique Baudis, alors maire de Toulouse, TLT - qui compte aujourd'hui une vingtaine de salariés - est en effet étroitement liée aux collectivités territoriales, puisque la ville en est actionnaire à 60%, devant La Dépêche du Midi (20%) et d'autres actionnaires comme le Toulouse Football Club, le Stade Toulousain et Sud Communication (Groupe Pierre Fabre).

La liquidation en ligne de mire

Faute d'une solution intervenue entre-temps, le tribunal s'est réuni à nouveau le 29 mai pour prononcer la liquidation judiciaire. Finalement, il a mis sa décision en délibéré au 3 juillet prochain. Un décalage qui revient, de fait, à accorder un délai supplémentaire, même si les juges n'ont pas caché leur intention de prononcer la liquidation. L'avocat du comité d'entreprise lui-même semble ne se faire guère d'illusion, en indiquant que la décision "sera vraisemblablement une liquidation judiciaire". De son côté, le PDG de la chaîne estime qu'"il ne s'agit pas d'un sursis" car "la poursuite de l'exploitation est irrémédiablement compromise".
L'audience du tribunal de commerce intervient deux jours après que le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a renouvelé, dans sa réunion du 27 mai, l'autorisation d'émettre de TLT pour une durée de cinq ans.

Les collectivités subventionnent, mais sans y croire

Du côté des actionnaires et des autres financeurs, on ne sent pas vraiment la volonté d'aller plus loin, faute de perspectives. La mairie de Toulouse a ainsi récemment reconduit sa subvention, à hauteur de 700.000 euros en 2015 et 2016 et prévoit de la ramener à 300.000 euros en 2017. Le maire, Jean-Luc Moudenc, affirme également avoir activement recherché des repreneurs.
Pour sa part, Toulouse Métropole a tardé à accorder sa subvention de 400.000 euros, dans l'attente de la décision du CSA. Par ailleurs, Martin Malvy, président du conseil régional, a assuré, dans une lettre adressée au PDG de TLT la veille de l'audience, que le vote des crédits du contrat d'objectifs et de moyens (COM) sera inscrit à l'ordre du jour de l'assemblée du 23 juin, ce qui devrait débloquer une subvention annuelle de 450.000 euros.
Mais, malgré leur importance, ces subventions ne permettront pas - faute de recettes publicitaires suffisantes - de garantir l'avenir de la chaîne dans son modèle économique actuel. En revanche, il n'est pas exclu que d'autres acteurs se manifestent après la liquidation de TLT pour reprendre l'activité et une partie des personnels. L'an dernier, LCI, BFM et même France Télévision avaient manifesté leur intérêt, mais sans donner suite.

"Une situation globale de dépendance à l'égard des financements publics"

Interrogé au sortir de l'audience, l'avocat du comité d'entreprise de TLT a bien résumé l'impasse des télévisions locales : "Sur le plan budgétaire, en l'état actuel des recettes publicitaires, une télévision aujourd'hui ne peut fonctionner que sur la base d'une grosse dizaine de salariés. Or, avec une dizaine de salariés, je ne crois pas qu'une télévision locale puisse faire de la production. On est en face d'un dilemme qui, techniquement et sur le plan économique, n'est pas résolu".
Dans son rapport d'activité 2014, le CSA ne dit pas autre chose, tout en ne suggérant pas vraiment de solution. Il relève ainsi que "la santé économique de ces médias est encore aujourd'hui fragile, cette situation n'étant d'ailleurs pas spécifique à la France". Il pointe également "une situation globale de dépendance à l'égard des financements publics, à l'exception des chaînes franciliennes, dont le bassin d'audience permet un financement privé au moyen d'espaces publicitaires à vocation nationale. Le Conseil souligne aussi, "de manière globale, la capacité budgétaire et la rentabilité faibles des télévisions locales avec, comme conséquence, des difficultés à obtenir des concours bancaires". 

 

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