Education - Suppressions de postes : une seule académie est épargnée
Le ministre de l'Education nationale a présenté, vendredi 16 décembre, au cours d'un comité technique ministériel, la répartition des suppressions de postes pour la rentrée prochaine. Des suppressions prévues par le projet de loi de finances 2012 adopté la semaine passé en seconde lecture par les députés, avec le non renouvellement de 14.280 emplois (5.700 personnels dans le premier degré, 6.550 dans le second degré, 400 personnels administratifs, 1.350 dans l'enseignement privé et 280 dans l'enseignement agricole). Cette répartition s'appuie "sur la situation relative des académies en fonction de leur niveau de difficultés sociales et de leur rattachement territorial" et des évolutions démographiques, a indiqué le ministère en prélude à cette rencontre écourtée par les syndicats. Ces derniers ont en effet demandé une prochaine réunion début janvier pour manifester leur mécontentement. "Le projet ne fait pas dans la dentelle. Le couperet tombe dans toutes les académies, sauf la Guyane. Elles doivent toutes rendre des postes quelle que soit l'évolution du nombre d'élèves", réagit le SNUipp-FSU, premier syndicat des écoles, dans un communiqué.
A l'exception de la Guyane qui bénéficiera en effet de créations nettes de postes (20 en primaire, 30 en collèges et lycées), aucune académie n'échappera aux coupes, soit 29 sur 30. Mais les répartitions tiennent aussi compte des revendications des élus, très mobilisés lors du dernier Congrès des maires. Elles devraient concerner principalement les plus grosses d'entre elles. Avec 988 postes en moins (399 dans le primaire et 589 dans le secondaire), Lille est l'académie la plus touchée. Elle est suivie de Nancy-Metz (367 et 425), Versailles (260 et 495), Créteil (233 et 362), Aix-Marseille (219 et 285), Amiens (235 et 242), Orléans-Tour (196 et 241), Bordeaux (203 et 230) et Strasbourg (216 et 193)...
Les suppressions porteront essentiellement sur les emplois d'assistants étrangers et d'intervenants extérieurs recrutés dans le cadre des accords internationaux et pour suppléer les professeurs d'école...
Circulaire
En 2011, la colère des élus avait conduit l'Association des maires de France à demander "l'arrêt des suppressions de postes" en primaire. Le président de la République avait alors promis que le solde des fermetures et des ouvertures de classes serait nul en 2012. Un sujet extrêmement sensible en zone de montagne, où la suppression d'un poste équivaut parfois à la fermeture d'une école... C'était le cas en 2011 dans la commune de Puy-Saint-Vincent (Hautes-Alpes) qui avait elle-même recruté son institutrice ! Cette année, le ministère de l'Education et l'Anem (Association nationale des élus de la montagne) ont travaillé de pair à l'élaboration d'une circulaire "inédite" qui sera diffusée cette semaine aux recteurs et inspecteurs d'académie pour éviter ce genre de situations douloureuses. A cette circulaire sera joint un guide de bonnes pratiques. "Ces préconisations s'inscrivent dans un dispositif global, visant à concilier qualité de l'enseignement et gestion des moyens, en concertation avec les collectivités territoriales", indique un communiqué commun de l'Anem et du ministère. La circulaire devrait insister sur la nécessité d'une "concertation en amont et pendant toute la phase de préparation de la rentrée scolaire", et sur les "contraintes propres aux écoles de montagne", notamment en matière de transport… Il devrait aussi y être question d'études d'impact et d'un soutien pédagogique aux écoles pour éviter leur isolement, à travers le numérique.