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Sports / Education - Sport à l'école primaire : une équation à plusieurs inconnues

La place, les moyens et les objectifs du sport à l'école primaire recouvrent des problématiques qui diffèrent fortement de celles du collège ou du lycée. C'est ce qu'ont mis en évidence les participants au colloque "Entre EPS et sport à l'école", organisé par l'Union du sport de l'enseignement primaire (Usep), vendredi 14 septembre à Paris. Si à travers l'Union nationale du sport scolaire (UNSS), présidée de droit par le ministre de l'Education, une offre sportive existe systématiquement et obligatoirement en collèges et lycées à côté des cours d'éducation physique et sportive (EPS), chez les plus petits, seul l'enseignement de la natation est explicitement visé par les textes. L'offre sportive repose dès lors sur un tissu associatif volontaire présent en temps scolaire (organisation de rencontres interécoles…) et périscolaire (association sportive du mercredi après-midi…). En regroupant quelque 11.000 associations sportives scolaires, l'Usep compte 850.000 élèves adhérents. Chaque année, entre 2 et 2,5 millions enfants vivent au moins une fois une activité sportive au sein de cette fédération.

L'égalité, oui mais comment ?

"L'association sportive affiliée à l'Usep vit au sein de l'école mais ne peut se couper des réalités : une grande diversité sur le territoire et un investissement plus ou moins grand des collectivités territoriales, explique Jean-Michel Sautreau, président de l'Usep. Il faut que chaque acteur apporte ses compétences au nom du projet de l'école." Si de l'avis des participants, le point commun de tout projet d'école est d'assurer l'égalité des chances aux élèves, les débats ont fait apparaître l'absence de complémentarité entre acteurs. Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), a ainsi relevé qu'"à chaque rentrée scolaire, le mouvement sportif français est obligé de faire la promotion de ses activités, alors que le passage naturel qu'est l'école devrait permettre d'installer des passerelles naturelles vers les clubs." "Si le caractère obligatoire de la pratique sportive dans le primaire permet de contribuer à l'objectif d'égalité, pourquoi pas ?", a-t-il ajouté. L'idée de rendre obligatoire la présence de l'Usep dans les écoles a été reprise par Bruno Cremonesi, membre du Syndicat national de l'éducation physique (Snep), qui a appelé de ses vœux "la même reconnaissance et les mêmes moyens pour l'Usep que pour l'UNSS afin de garantir une égalité d'accès et ne pas être dépendant de l'investissement des professeurs pour quémander des subventions et pouvoir organiser des activités". Et Bruno Cremonesi d'ajouter, de manière moins consensuelle : "Le seul moyen est que l'Etat prenne en charge ces activités. Si elles sont déléguées aux collectivités territoriales ou aux fédérations, nous aurons la plus grande diversité et la plus grande inégalité. Ne prétextons pas de situations locales pour tranquillement créer de l'inégalité."

Optimiser les équipements

S'exprimant au nom des élus locaux, Yves Barboussat, vice-président de l'Andes (Association nationale des élus en charge du sport), a pointé les deux conditions indispensables à la réussite de la pratique sportive dans le primaire : les équipements et les moyens humains. "Le sport existe dans la cour de l'école, mais ce n'est plus suffisant, a-t-il expliqué. Il faut des équipements qui permettent des pratiques authentiques, et il y a des équipements sous-utilisés. Par ailleurs, si on prend les piscines, nous sommes sur un parc qui a atteint 40 ans. Au CNDS [Centre national pour le développement du sport], les demandes de subventions pour leur rénovation tombent en quantités importantes. Avec une enveloppe de 50 millions pour tous ces chantiers qui s'élèvent à un ou plusieurs millions d'euros, ce n'est pas demain que les équipements nautiques seront remis sur pied. Il faut donc réfléchir au maillage du territoire pour optimiser, faire les bons choix." Sur les moyens humains, notamment dans les territoires ruraux, où se pose la question de l'animation sportive, l'adjoint aux sports de Chambéry a appelé les représentants de l'Usep à monter des projets : "Elaborons des stratégies qui orienteront les commissions territoriales du CNDS vers les aides à l'emploi en faveur des activités de l'Usep dans les petites écoles."
Au-delà des équipements, les interventions de la salle ont encore relevé les problèmes du financement des transports et de la pérennité des subventions aux associations affiliées à l'Usep, jugées "financièrement fragiles et très dépendantes des financements publics". Sylvie Mouyon-Porte, chef de bureau des fédérations multisport au ministère des Sports, a apporté des précisions bienvenues : "Sur le transport, le ministère incite à déposer des projets globaux. On ne finance plus de manière segmentée. Par ailleurs, la déclinaison de projets nationaux au niveau territorial devrait nous conduire à avoir des projets sur le long terme. Nous sommes favorables à des projets pluriannuels qui permettent d'être rassurés quant au financement. C'est une piste qui est vraiment explorée."
Tous ces acteurs venus d'horizons différents ont encore évoqué la nécessité de créer une instance de concertation dédiée au sport scolaire. Le sujet ne manquera pas de nourrir les débats de la future assemblée du sport élargie voulue par Valérie Fourneyron, ministre des Sports.