Sécheresse : la France reste "dans une situation de vigilance"
Pour le troisième mois consécutif, environ deux tiers des nappes phréatiques françaises sont toujours sous les normales saisonnières, alimentant la sécheresse et menaçant les approvisionnements en eau, a prévenu ce 11 juillet le ministre de la Transition écologique. Une situation qui ne devrait pas s'améliorer alors que la chaleur estivale s'installe sur le pays. Une nouvelle plateforme d'information, VigiEau, a été lancée ce même jour pour permettre à tout un chacun de connaître les restrictions d'eau sur un lieu précis.
"Depuis l'été dernier, les nappes ne se sont pas rechargées. (...) Nous restons avec 68% des nappes qui sont sous les normales de saison" et 20% sont "très basses", a annoncé ce 11 juillet le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, sur France Inter et lors d'une conférence de presse. Il y a un mois, on était à 66% des nappes sous les normales, contre 68% il y a deux mois.
Cette relative stabilité, au sortir d'un hiver alarmant car très faible en précipitations, est due aux pluies du printemps. Si elles sont arrivées trop tard pour véritablement recharger les nappes - la végétation absorbant la majorité de l'eau depuis avril, et la plupart des pluies étant tombées sur des sols trop secs pour réellement s'infiltrer -, elles ont, sur certaines zones, évité que la situation ne s'aggrave.
Un mois de juillet décisif pour la suite
Globalement, la situation est un peu moins alarmante que l'an dernier : c'est "un peu mieux" sur certains endroits comme la Bretagne, mais aussi "un peu pire" sur d'autres comme le couloir rhodanien, une large partie du pourtour méditerranéen, le bassin parisien ou la plaine d'Alsace, a expliqué le ministre, alors que le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), chargé de la surveillance des nappes phréatiques, vient de publier les chiffres complets au 1er juillet. La France reste donc "dans une situation de vigilance" a souligné Christophe Béchu et juillet pourrait s'avérer décisif quant à l'évolution de la situation.
L'an dernier, c'est en partie le manque de précipitations - 88% de déficit hydrique - qui avait plongé l'Hexagone dans un "été hors normes", avec 700 communes privées d'eau potable. Si on a cette année "un mois de juillet comparable, on ira vers des jours qui seront compliqués" sur le plan de l'eau, a averti le ministre, ajoutant qu'"on ne peut pas exclure de nouvelles difficultés" d'alimentation en eau cet été pour certaines communes.
Or depuis quelques jours, le mercure ne cesse de grimper : ce 11 juillet, neuf départements étaient en vigilance orange pour la canicule après un mois de juin qui a été le deuxième le plus chaud jamais enregistré dans le pays. Ces températures élevées favorisent l'évaporation de l'eau et tendent à faire augmenter les prélèvements dans les nappes, détériorant leur état. Des orages sont également attendus sur 17 départements, mais ces pluies sont en général peu voire pas du tout efficaces pour recharger les eaux souterraines.
Nouveau site d'information
La sécheresse n'est pas propre à la France : selon l'European Drought Observatory (EDO), près de la moitié de l'Europe et du pourtour méditerranéen (49,2%) connaissaient déjà cette situation pour la période du 11 au 20 juin, ce qui est un peu mieux que l'an dernier à la même époque (52,4%). En France, selon les données du site Propluvia, au 11 juillet, 26,4% du territoire français, contre environ 35% à la même époque de 2022, est sous arrêté de restriction d'eau (18,1% en alerte, 6,3% en alerte renforcée et 2% en crise où l'eau est réservée uniquement aux usages prioritaires).
À propos du respect de ces restrictions, Christophe Béchu a salué au micro de France Inter une prise de conscience de la population. "Les Français ont compris que l'abondance et le gaspillage, ça ne pouvait plus être possible en matière d'eau", explique-t-il. Il a rappelé que l'an dernier l'Office français de la biodiversité a mené "13.000 contrôles" et qu'environ "10% des infractions ont donné lieu à des amendes". Face à l'état des nappes phréatiques et de la sécheresse, le ministre de la Transition écologique promet cet "été plus de contrôles que l'été dernier".
Ce même 11 juillet, il a procédé au lancement de VigiEau, une nouvelle plateforme d'information, qui permet à tout un chacun de connaître les restrictions en cours à une adresse donnée et les conseils de sobriété à adopter. Vigieau s’appuie sur la base de données Propluvia, renseignée par les directions départementales des territoires dès que les arrêtés préfectoraux (arrêtés-cadres départementaux et interdépartementaux et arrêtés de restriction) sont signés. "La mise en ligne de VigiEau s’accompagne en outre d’une ouverture complète de cette base de données pour permettre à d’autres acteurs de proposer des services qui enrichiront l’accès à l’information des citoyens, des entreprises ou encore des collectivités", indique le ministère de la Transition écologique. Les équipes de Météo France ont également contribué à la conception de la plateforme et VigiEau sera aussi disponible via l’application de l'opérateur public.