Energies renouvelables - Schémas régionaux éoliens : les professionnels distribuent les bons et mauvais points
Où en sont les schémas régionaux éoliens (SRE) ? Devenus les volets éoliens des schémas régionaux climat air énergie (SRCAE), ils sont fin prêts et validés dans l'ensemble des régions. Hormis trois d'entre elles : Pays de la Loire, Languedoc-Roussillon et Limousin. "C'est un bon outil, issu des lois Grenelle, qui permet de mieux planifier les projets et aux citoyens de se les approprier. Il a apporté un cadre, une dimension régionale qui manquait au précédent outil des zones de développement éolien (ZDE), dont nous réclamons d'entériner la suppression. Il en est d'ailleurs question dans la proposition de loi du député François Brottes, adoptée hier par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale et qui sera à nouveau discutée dans cette enceinte en séance publique le 17 janvier", a indiqué ce 10 janvier Nicolas Wolff, président de FEE, l'association de professionnels de l'éolien France Energie Eolienne. S'ils permettent avant tout d'identifier les potentiels d'énergie éolienne au niveau régional, ces schémas ne garantissent pas qu'ils soient développés. "Ils listent les communes susceptibles d'attirer des parcs éoliens mais les contraintes qui suivent sont telles que rien n'est fixé avec certitude", résume Nicolas Wolff.
Bons et mauvais points
L'association a passé ces schémas au crible. Selon elle, certaines régions comme le Centre se sont fixé un objectif de développement ambitieux, alors que la place pour implanter les éoliennes paraît manquer. "D'autres, comme le bon élève Picardie, ont trouvé le juste équilibre entre ambition et planification", illustre Vincent Masureel, président des groupes régionaux chez FEE. Six autres schémas sont positivement jugés : ceux de la Bretagne, des Pays de la Loire (encore au stade de la consultation), du Nord-Pas-de-Calais, d'Ile-de-France, de Bourgogne et du Languedoc-Roussillon (aussi en consultation). "Une bonne concertation y a été mise en place avec les différents acteurs et ils sont en adéquation avec le potentiel de la région", ajoute Vincent Masureel. Huit régions (Basse et Haute-Normandie, Champagne-Ardenne, Lorraine, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes et Paca) ont un schéma "correct", mais six (Poitou-Charentes, Centre, Limousin, Auvergne, Franche-Comté et Alsace) sont jugés "insuffisants" par la FEE.
Les deux régions locomotives, qui totalisent chacune près de 1.000 mégawatts (MW) raccordés et dont l'ambition est forte (tripler la mise d'ici 2020), restent la Champagne-Ardenne et la Picardie. "Midi-Pyrénées et la Bretagne ont aussi des ambitions nettement marqués", complète Vincent Masureel. Dans ces deux régions, un obstacle réglementaire pénalise plus lourdement qu'ailleurs certains projets, selon les professionnels. Il s'agit de la règle des "cinq mâts", qui oblige à construire des parcs d'au moins cinq éoliennes et dont le député François Brottes propose l'abrogation. "Dans leur bocage, des parcs de plus petite taille pourraient voir le jour mais ils pâtissent de cette règle", insiste Nicolas Wolff.
Des vents contraires
De façon générale, l'éolien subit une forte décélération. Le recul de son développement, de 20% en 2012 par rapport à 2011, fait suite à un recul du même ordre de grandeur entre 2011 et 2010. De nombreux projets sont gelés, leurs financements également. "Tout est bloqué depuis cinq mois", confirme Nicolas Wolff. La raison : l'instabilité du tarif d'achat. Un recours devant le Conseil d'Etat, suivi d'un renvoi de décision dans l'attente d'éclaircissements de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), est en effet en cours. Le collectif qui en est à l'origine, Vent de colère, réclame l'annulation du texte fixant les conditions d'achat de l'électricité d'origine éolienne. "Le pré-requis indispensable au redémarrage de la filière est donc de rétablir un arrêté tarifaire sécurisant l'investissement. Sans quoi on va droit dans le mur, sachant que près d'un millier d'emplois de la filière sont en jeu", conclut Nicolas Wolff.