Energies renouvelables - L'éolien dans l'impasse
Le 18 octobre, la 3ème édition du colloque national éolien organisée à l'initiative de France Energie Eolienne (FEE) a été l'occasion d'alerter sur les blocages rencontrés par la filière. "Elle est pourtant techniquement mature et économiquement compétitive", a insisté Nicolas Wolff, président de FEE. Le fond du problème est le manque de visibilité. "Or les industriels en ont besoin. On ne peut plus faire et refaire des politiques énergies tous les deux ans. Il faut un plan stratégique pour les vingt ans à venir", a conseillé Jean Desessard, sénateur de Paris et rapporteur du rapport sur les coûts de l'électricité. "Le modèle industriel éolien a fait ses preuves mais l'équation économique doit être améliorée", a complété François Brottes, député de l'Isère et président de la commission économique de l'Assemblée nationale.
Le cœur du problème reste le tarif d'achat de l'électricité éolienne, qu'il faut sécuriser. L'insécurité juridique et le manque de visibilité paralysent en effet les banques et investisseurs. Des projets pensés il y a dix ans sont dans l'impasse. "La paralysie est complète. En Picardie, nous avons 40 mégawatts d'éoliennes prêts à sortir de terre. Les permis de construire ont été acceptés mais des blocages persistent", a témoigné Dominique Darne, président d'Eurowatt.
Suppression des ZDE
Pourquoi supprimer les zones de développement éolien (ZDE) ? Maladroitement votée le 5 octobre à l'Assemblée nationale, sous la forme d'un amendement à la proposition de loi du député François Brottes sur la tarification progressive de l'énergie, cette mesure doit encore passer le cap de l'examen du texte au Sénat, prévu à la fin du mois. Globalement saluée par les professionnels, elle divise les représentants d'élus. "Il fallait envoyer un signal positif à une filière désemparée alors même qu'elle est arrivée à maturité sur le plan industriel", a défendu le député lors de ce colloque. Et d'ajouter qu'" il ne s'agit pas de lâcher complètement la bride, les projets restent soumis au régime de l'autorisation et à enquête publique". Pour comprendre cette mesure, Pierre-Franck Chevet, directeur général de l'énergie et du climat au ministère de l'Ecologie, invite à revenir sur la création des ZDE. Introduites par la loi de programme du 13 juillet 2005 fixant les orientations de la politique énergétique (loi POPE), elles ont été créées à une époque où les schémas régionaux climat air énergie pourvus d'un volet éolien n'existaient pas et où les éoliennes n'étaient pas encore entrées dans le champ des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). "Les uns voulaient des petits parcs, d'autres voulaient l'inverse. L'outil des ZDE a introduit de la cohérence. Aujourd'hui, la procédure est devenue une étape superflue." A ce projet d'assouplissement s'ajoute une autre demande des professionnels, qui sont favorables au basculement vers une ICPE déclarative, afin de raccourcir les délais d'instruction des dossiers.