Archives

Environnement - Le gouvernement lance un nouvel appel d'offres pour deux parcs éoliens en mer

Le gouvernement a lancé un appel d'offres pour deux grands parcs éoliens en mer, au large du Tréport (Seine-Maritime) et des îles d'Yeu et de Noirmoutier (Vendée), qui auront une capacité totale de 1.000 mégawatts, a annoncé le 8 janvier la ministre de l'Energie, Delphine Batho, lors d'une intervention devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Ce nouvel appel d'offres doit permettre de "consolider le développement de la filière", en érigeant 200 éoliennes au large des côtes françaises, et de "sécuriser les 10.000 emplois industriels directs attendus" par son développement, a déclaré la ministre.
Les deux projets, qui devraient générer 3,5 milliards d'euros d'investissements, viendront compléter un premier appel d'offres concernant quatre parcs maritimes d'une puissance totale de 2.000 mégawatts attribués au printemps dernier pour une réalisation prévue entre 2016 et 2020. Trois d'entre eux - Courseulles (Calvados), Fécamp (Seine-Maritime), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) – avaient été remportés par le tandem EDF/Alstom et le quatrième, au large de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor) par Iberdrola/Areva.
Selon le calendrier prévu, les candidats au nouvel appel d'offres devront remettre leurs dossiers à la Commission de régulation de l'énergie (CRE) entre mars et septembre 2013, pour une décision du gouvernement attendue en janvier 2014. La construction et la mise en service des deux parcs par les opérateurs retenus sont prévues à l'horizon 2021-2023.

L'objectif officiel des 6.000 mégawatts loin d'être atteint

L'annonce gouvernementale intervient au lendemain de mesures de soutien à la filière solaire, qui souffre comme l'éolien d'un coup de frein. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait promis ce deuxième appel d'offres dès septembre mais en réalité il était déjà dans les cartons du précédent exécutif et les industriels, qui l'ont souvent rebaptisé "premier appel d'offres bis", attendent déjà une troisième vague.
Le projet du Tréport - confronté à des oppositions locales - n'avait pas été attribué par le précédent gouvernement en raison d'une candidature unique jugée trop chère de GDF Suez-Areva. Rien n'indique d'ailleurs que GDF Suez renouvellera sa candidature, de source industrielle. Quant au projet au large de la Vendée, il est surtout redevenu possible après le retrait de la vie politique de l'ancien président du conseil général vendéen Philippe de Villiers, qui y était hostile.
Les six projets désormais lancés représentent 3.000 mégawatts au total. La France n'est donc qu'à mi-chemin de son objectif officiel de 6.000 mégawatts d'éoliennes en mer (soit à pleine puissance l'équivalent de quatre gros réacteurs nucléaires), et il faudra trouver de nouvelles zones pour le remplir. Delphine Batho a déjà manifesté son intérêt pour les éoliennes flottantes, pouvant être installées plus loin du littoral du fait de leur absence de fondations sous-marines. Mais cette technologie prometteuse en reste encore aux prémices. En outre, en termes de calendrier, la date prévue de 2020 pour atteindre 6.000 mégawatts apparaît déjà impossible à tenir.
Le gouvernement semble d'ailleurs privilégier la qualité des appels d'offres sur la rapidité : le délai d'instruction des dossiers a été porté de 2 à 4 mois et les industriels auront plus de temps pour confirmer leurs investissements. Trois critères joueront : "la qualité du projet industriel et social" (40%), "le prix d'achat de l'électricité proposé" (40%) et "le respect de la mer et de ses usages" (20%) avec les pêcheurs et le secteur touristique notamment. Un prix plafond éliminatoire sera également fixé, a précisé le ministère de l'Ecologie.
Même si une partie de la facture (500 millions d'euros par an, selon le ministère) sera au final payée par le consommateur, ces contrats sont des bouffées d'oxygène économique pour les ports industriels de la façade ouest française, souvent mal en point. Areva va ainsi ouvrir deux sites au Havre, tandis qu'Alstom fera de même à Cherbourg, pour sa première ouverture d'usine en France depuis plus de 20 ans.