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Environnement - Schéma Climat Air et Energie : la Picardie prend les devants

La Picardie soumet à consultation son schéma régional Climat Air et Energie (SRCAE). Elle est l'une des premières régions à le rendre public.

Les schémas régionaux Climat Air et Energie (SRCAE), qui fixent des objectifs de développement sur un territoire des énergies renouvelables et d'amélioration de l'efficacité énergétique, relèvent d'un décret paru au Journal officiel du 18 juin dernier. Pour rappel, l'exercice est prospectif mais sans caractère prescriptif. Sa portée est avant tout stratégique et il doit normalement déboucher à terme sur la définition d'un plan Climat Energie territorial (PCET). L'échéance pour réaliser les SRCAE était fixée à la fin 2011. Sauf qu'à ce jour, deux tiers au mieux des régions (dont l'Alsace et le Poitou-Charentes) seront en mesure de la respecter. Les autres, parmi lesquelles on trouve l'Ile-de-France et la Bretagne, ne boucleront leurs schémas qu'à la mi-2012, voire à l'automne. En préparant le terrain bien avant la sortie du décret, la région Picardie a pris de l'avance. Avec la Bourgogne et le Nord-Pas-de-Calais, elle est l'une des premières à mettre son avant-projet en consultation (du 4 novembre au 4 janvier 2012), en vue d'une adoption du projet définitif dans les deux à trois mois suivants.

Une région à la fois industrielle et agricole

"La Picardie est globalement confrontée aux mêmes enjeux que les autres régions, mais ses spécificités économiques, sociales et géographiques exacerbent ces enjeux", lit-on dans cet épais document. Par rapport à la moyenne nationale, le secteur industriel est plus prégnant (poids de l'agro-alimentaire et de la papeterie-verrerie), et donc plus polluant. La pollution à l'ozone, "qui touche paradoxalement plus les zones rurales", y est marquée. La consommation d'énergies renouvelables y est légèrement inférieure à la moyenne nationale. Côté bâtiment, le parc résidentiel est plus âgé que la moyenne et l'habitat individuel domine. Or, "le résidentiel tertiaire est l'un des principaux émetteurs de composés organiques volatils (…). Les émissions doivent y faire l'objet d'améliorations car il est difficile d'obtenir des données fiables sur l'état du parc de chauffage. (...) Autre enjeu, celui du brûlage à l'air libre de déchets dans les entreprises, les collectivités ou chez les particuliers", note l'avant-projet. La région est par ailleurs fortement agricole : ce secteur émet près d'un quart des gaz à effet de serre (GES) de la région. Pour atteindre son objectif de réduction de 20% des émissions de GES en 2020 par rapport à 1990, la région a donc comparé trois scénarios. Seul le plus "volontariste" d'entre eux, soit un scénario de rupture, permet de l'atteindre.

Rester la première région éolienne

L'avant-projet intègre un volet annexe consacré à l'éolien. Issu d'un important travail de concertation, le schéma régional de développement proposé est ambitieux. "Ce schéma détermine les zones favorables à l'éolien pour permettre à la Picardie d'atteindre l'objectif en 2020 de 2.800 MW de puissance globale cumulée, soit environ 1.100 éoliennes, contre un peu moins de 500 installées aujourd'hui", explique Michel Delpuech, préfet de la région. Pour les communes rurales concernées, ce sont autant de rentrées financières très attendues, de l'ordre de 90.000 euros pour un parc moyen de cinq éoliennes. Une fois la concertation bouclée, il restera aux élus à délibérer en vue d'adopter ce schéma puis de le lancer au premier trimestre 2012.