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Environnement - Les schémas régionaux éoliens prennent du temps

Comment les régions préparent-elles leur schéma éolien ? Dans une enquête (réservée à ses adhérents) qu’elle vient de publier et qu’elle a menée auprès de douze régions, l’association Amorce souligne qu’elles avancent chacune à son rythme sur le sujet. Certaines sont en effet plus à la pointe que d’autres en matière d’éolien (Bretagne, Languedoc-Roussillon). D’autres, comme la région Champagne-Ardenne, ont entamé très tôt une démarche de schéma et d'orientation. Avec la Picardie, cette dernière sera d'ailleurs la première à finaliser prochainement son schéma. Reste que toutes ont dû revoir leur copie dès lors que le Grenelle 2 a fait évoluer le profil du document, en en faisant une annexe opposable et un volet intégré au schéma régional climat, air, énergie (SRCAE).
Le décret d’application sur les SRCAE ayant tardé à sortir (le 16 juin dernier, voir notre article), les régions ont navigué plusieurs mois à vue, sans boussole réglementaire pour introduire ces changements. Elles ont pris des précautions pour ne pas faire de ces schémas tournés vers le développement de purs schémas de restriction. Déterminer à travers ces schémas les zones dites favorables, et les distinguer de celles qui ne le sont pas, est un choix sensible. Entre les services de l’Etat et les conseils régionaux, le débat est vif. "Les régions doivent souvent batailler pour défendre des zones plus petites, propices au développement de petits projets portés par les territoires, mais que les Dreal [directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement] ne veulent pas retenir, en conformité avec les directives de centralisation", note Amorce. Dans certains cas, le rapport de force tourne en faveur du préfet : "La marge de manoeuvre est alors ressentie comme très limitée pour certains conseils régionaux."
Sujet polémique, l’éolien fait l’objet d’arbitrages délicats. Pour élaborer ces schémas, une concertation est organisée pour faire participer élus, associations et professionnels de la filière. Mais Amorce observe que "les élus locaux ont été peu représentés lors des débats", dont certaines régions regrettent qu’ils aient tourné en débats d’experts. L’Ademe, qui a coréalisé cette enquête, constate des visions parfois antagonistes au sein des services déconcentrés de l’Etat. Les Dreal ne cachent d’ailleurs pas elles-mêmes que la recherche du consensus et le "juste milieu à trouver sans être excessif dans la protection du territoire" sont difficiles à atteindre. Le travail en commun de ces trois acteurs (régions, Ademe, Dreal) est décrit dans certains cas comme inédit, si bien qu’il semble logique que les choses prennent du temps. Mais les schémas ne peuvent attendre. Il était prévu que les régions les bouclent avant le 12 juillet 2011. Vu le contexte, ce sera plus pour la fin 2011, voire début 2012.