Salon des maires – Troisième baromètre sur les petites villes : "Le regard a changé"

L'image des petites villes s'améliore au fil des années. Au cœur de leurs atouts, la proximité avec la nature, la qualité des relations sociales et la sécurité. C'est ce que fait ressortir la nouvelle édition du baromètre des Petites Villes de demain, présentée le 20 novembre 2024 sur le stand de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), dans le cadre du Salon des maires.

Neuf Français sur dix ont une opinion positive des petites villes. Le millésime 2023 du baromètre Ipsos* mené par l'Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT) avec l'Association des petites villes de France (APVF) et la Banque des Territoires sur le regard que les Français portent sur ces villes est encore une fois plutôt bon. Cette troisième édition a été présentée dans le cadre du Salon des maires le 20 novembre 2024 lors d'un point d'information sur le programme Petites Villes de demain (PVD). Le dispositif, lancé en 2020, propose à 1.600 villes de moins de 20.000 habitants une aide en matière d'ingénierie, avec notamment le financement à hauteur de 75% de 900 postes chefs de projets (voir notre article du 1eroctobre 2020). 

Le baromètre présenté fait ressortir les atouts de ces petites villes selon les Français : la proximité de la nature, les paysages (67%), la qualité des relations sociales entre habitants (42%) et le niveau de sécurité (32%). Trois éléments qui sortaient déjà en tête lors de l'enquête réalisée en 2021. Une majorité de Français (84%) est d'accord avec l'idée selon laquelle "les petites villes et leur territoire offrent la meilleure qualité de vie" et 74% jugent qu'elles sont propices aux rencontres et aux liens sociaux. A noter, ces traits positifs sont partagés par l'ensemble des catégories de la population. "Le regard a changé", estime Dominique Consille, directrice des programmes Action Cœur de ville (ACV) et PVD.

60% des Français pourraient s'installer dans une petite ville de France

Cette vision positive des petites villes de France est à corréler avec le sentiment qu'une amélioration s'est produite au cours des dernières années dans de nombreux domaines : offre de commerces, services de santé, vie associative, activité économique, activités de loisirs, culturelles, sportives... "On peut y voir les prémices de quelque chose qui est en train de se passer", a souligné Franck Chaigneau, responsable du service programme PVD à la Banque des Territoires.

60% des Français qui ne résident actuellement pas dans une petite ville disent qu'ils pourraient s'y installer à l'avenir, dont 20% qui estiment même que c'est probable. Une attractivité un peu plus forte chez les jeunes (28% parmi les moins de 35 ans contre 13% chez les 60 ans et plus) et chez les cadres (26%). Ces personnes sont surtout attirées par la tranquillité, la proximité de la nature et le logement (plus grand ou avec jardin) de ces villes.

"On parle d'engouement mais c'est du déclaratif, il faut transformer l'essai", nuance Laurence Porte, maire de Montbard, vice-présidente de l'Association des petites villes de France (APVF). D'ailleurs, de nombreux freins persistent concernant les mobilités (49%), la présence trop faible des services de santé (46%) et des services publics en général (33%), des éléments en hausse par rapport à 2021. En revanche, les craintes en matière d'emploi reculent.

Mettre l'accent sur le logement en milieu rural

La conférence organisée sur le stand de l'ANCT a également permis de faire le bilan du programme Petites Villes de demain (PVD). Le budget initial de 3 milliards d'euros est déjà presque atteint. "Près de 30.000 actions sont prévues, dont 50% sont engagées ou terminées et 25% en recherche de financement", détaille Dominique Consille. "Les projets bénéficient d'un regard bienveillant, attentif, ils sont clairement identifiés, et le fait de bénéficier du programme est comme un gage de dynamisme pour les communes, qui arrivent ainsi plus facilement à recruter", explique à Localtis la directrice. La présence des chefs de projet est aussi un atout de poids pour ces villes qui ont souvent peu de moyens pour développer une ingénierie efficace. "Le fait d'avoir eu cette ingénierie est fondamental pour nous, pour développer une vision d'avenir pour nos petites villes à taille humaine, témoigne Laurence Porte. Rien n'est impossible à condition d'avoir la volonté et de se donner le temps."

Et la suite ?

La base de données publiques Dataviz PVD permet maintenant d'identifier les spécificités de ces villes (habitat, économie, mobilité, santé, infrastructures…).

Quant à la suite ? Pour l'heure, le programme est prévu jusqu'en 2026, date des élections municipales. Mais une chose est sûre, les élus demandent à disposer de temps, les actions qu'ils engagent devant s'inscrire dans la durée. "Nous avons besoin de temps et d'être rassurés pour mener à bien les projets", a insisté Laurence Porte.

De son côté, la ministre déléguée chargée de la Ruralité, Françoise Gatel, estime qu'il faut mettre l'accent sur les logements dans les centres-villes et centres-bourgs et sur leur rénovation. A l'heure actuelle, ce volet correspond déjà à une part importante des actions identifiées dans le cadre du programme en partenariat avec l'Anah.

*Enquête d'opinion réalisée du 10 au 22 mai 2024 en deux volets : un premier porte sur un échantillon de 1.000 personnes, représentatives de la population française, un second sur un échantillon de 800 personnes habitant dans les communes bénéficiaires du programme PVD et représentatives de la population de ces communes.