Les petites villes s'alarment de la "dégradation" de leur santé financière

Plus de la moitié des communes de 2.500 à 25.000 habitants tablent sur une diminution de leur épargne nette en 2024, selon une enquête de l'Association des petites villes de France (APVF). Les budgets locaux connaissent un "risque de fragilisation", s'inquiète l'association. Le bouclage des budgets 2024 des petites villes aurait été "un exercice sous haute tension".

L'association présidée par Christophe Bouillon, maire de Barentin, a interrogé en avril et mai les maires et directeurs généraux des services de 220 petites villes sur "leur situation financière à l’issue de l’exercice 2023 et les perspectives 2024". Selon les résultats de l'enquête, publiés le 30 mai, les "principaux indicateurs de la santé financière des petites villes" enregistrent "une dégradation assez marquée". En particulier, près de 54% d'entre elles estiment que leur épargne nette – c'est-à-dire l'épargne disponible pour financer l'investissement – diminuera cette année, un tiers des communes indiquant qu'elle sera stable. Les petites villes qui devraient voir leur épargne nette progresser, seraient très minoritaires (seulement 12%).

Interrogées sur la perception qu'elles ont de leur situation financière, les petites villes estiment à 47% que celle-ci est stable, tandis que 5% font état d'une situation qui s'améliore. Mais 40% répondent que leur santé financière se dégrade. Enfin, 7% la voient même comme "très inquiétante".

Economies

Les petites villes sont confrontées à un effet ciseaux, comme l'explique l'APVF : "les dépenses de fonctionnement ont augmenté beaucoup plus vite que les recettes, notamment sur le volet énergétique, la masse salariale, et les prestations de services". Dans le détail, près de 80% des communes interrogées s'attendent à ce que leurs dépenses de fonctionnement s'accroissent en 2024. C'est une part très significative. Mais on notera que cette proportion s'élevait à 91% dans l'enquête menée il y a un an. "Nombre de petites villes déclarent avoir fait d’importants efforts d’économies : renégociation des contrats en cours ou arrivant à échéance, changement de fournisseurs, non remplacement de départs en retraite, fermeture de services...", précise l'APVF.

"Boucler son budget" a été cette année "un exercice sous haute tension", souligne l'association. "De nombreuses petites villes ont énoncé une réelle difficulté à équilibrer les sections de leur budget, tant en fonctionnement qu’en investissement, faisant peut-être de cette année 'l’exercice de préparation budgétaire le plus difficile des cinq dernières années'", rapporte-t-elle. Pour parvenir à l'équilibre de leur budget, environ 15% des communes sondées ont notamment dû augmenter leurs taux d'impôts fonciers, dans des proportions comprises le plus souvent entre 1% et 6%. 

Pour financer leurs projets d'investissement, 83% des communes déclarent recourir à leur trésorerie et "nombreuses" sont celles qui "expliquent également avoir dû recourir à l'emprunt", selon l'APVF. Les maires de petites villes ont aussi "dû commencer à réaliser des coupes sur leurs investissements", pointe-t-elle.

"Grenelle des recettes" des collectivités

Globalement, "à peine la moitié" des petites villes prévoient une hausse de leurs dépenses d'investissement en 2024, contre "plus des deux tiers" il y a un an. Mais l’investissement des petites communes devrait être stable cette année, selon l'enquête. Laquelle rappelle à juste titre que "cette dynamique d’investissement est en partie liée aux effets de la hausse des prix".

L'APVF s'inquiète de ces constats, qu'elle considère comme "contre-intuitifs". En effet, la quatrième année du mandat enregistre habituellement une accélération des dépenses d’investissement, du fait de la montée en puissance de la mise en œuvre des programmes d'investissements votés en début de mandat.

Les perspectives des investissements des petites villes tranchent avec la hausse de 11% des dépenses d'investissement que les villes moyennes pourraient enregistrer en 2024. Ce résultat ressort d'une enquête auprès de 43 villes moyennes, que Villes de France a publiée mi-avril. "A compétences constantes, les investissements devraient être en hausse ou en forte hausse dans plus de deux villes moyennes sur trois", indique par ailleurs cette étude.

Rappelant que les petites villes portent près de 40% de l'investissement total des communes, l'APVF "réitère" son souhait que soit organisé "un Grenelle des recettes" des collectivités territoriales.

 

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