Rozoy-sur-Serre, en démonstrateur de la transition écologique (02)

Être éloignée d’une ville importante n’est pas forcément un inconvénient pour une petite commune. Rozoy-sur-Serre connaît, à l’instar des communes qui l’environnent, une déprise démographique et compte aujourd’hui à peine 1 000 habitants, soit un tiers de moins qu’en 1975. Mais, située à une cinquantaine de kilomètres de Laon (24 000 habitants), la commune a pu conserver des commerces et des services : un collège, deux écoles publique et privée, deux boulangeries, un supermarché, un bureau de poste… « Nous sommes un bourg centre et nous avons l’ambition de le rester en redonnant de l’attractivité au village », affirme Nicolas Fricoteaux, maire adjoint et président du conseil départemental de l’Aisne. Il insiste ainsi sur la nécessité d’une approche globale, qui conjugue des actions sur l’aménagement urbain, avec d’autres pour le logement, le commerce, les services…

Faire naître un nouveau village sur l’ancien

À l’origine, l’idée est de créer un écoquartier, puis, dans le cadre du programme Petites villes de demain (PVD), d’étendre cette transition écologique à l’ensemble de la commune. Elle deviendrait alors un éco-bourg, doublé d’un démonstrateur pour des communes confrontées à des problématiques comparables. Il s’agit d’inverser la perte d’attractivité en reconstruisant le village sur des friches et sur un habitat inadapté, dégradé ou en passe de l’être. Plusieurs opérations sont prévues, voire déjà engagées, pour mener à bien ce projet. La déconstruction de trois barres HLM permettra de créer un habitat intergénérationnel aux normes environnementales actuelles, en associant l’office public de l’habitat Opal et l’organisme HLM Clésence. La requalification urbaine et paysagère du centre bourg va combiner des actions sur les logements avec la création de liaisons douces. L’infiltration des eaux pluviales sera favorisée grâce à la réduction des surfaces au sol minéralisées. Enfin, la commune a investi dans le rachat de locaux pour les mettre à disposition de porteurs de projet : hôtel, bar, restaurant, garage, maison de santé sont déjà aboutis ou en cours, ainsi que d’autres projets. Une chaufferie collective, alimentée par une énergie biosourcée, va desservir plusieurs équipements publics (gymnase, mairie, salles des fêtes…) « Notre objectif est d’orienter l’ensemble de nos actions de rénovation en faveur de la transition écologique », assure Nicolas Fricoteaux.

Plusieurs partenaires

Ce vaste programme s’appuie sur plusieurs partenaires financeurs. Le département, à travers des subventions dédiées à la transition écologique, l’État dans le cadre de PVD et du pacte Sambre Avesnois Thiérache, l’Agence nationale de l’habitat (Anah) dans la conduite de l’opération programmée de rénovation de l’habitat de renouvellement urbain (OPAH-RU) ainsi que l’intercommunalité et les bailleurs sociaux soutiennent la commune dans son effort de rénovation.. Celle-ci met également des terrains à disposition et cofinance le poste de chef de projet PVD, avec la Banque des Territoires et l’intercommunalité. Enfin, élus et agents municipaux se mobilisent pour faire avancer ce programme, qui se heurte à deux difficultés principales. D’une part, les investisseurs sont peu enclins à engager des fonds dans une petite commune, ce qui oblige cette dernière à y suppléer. D’autre part, la commune est confrontée à un manque de moyens humains, et donc de temps, pour achever chaque étape et passer à la suivante. Mais à la fin du premier semestre 2023, quelques projets ont vu le jour et d’autres sont en phase de préparation bien avancée. Les premiers logements seront, par exemple, livrés dès 2025.