Joigny rénove l’habitat et redynamise le commerce de son centre-ville médiéval (89)
Pour revitaliser son centre médiéval, la ville de Joigny multiplie les partenariats et recourt à une large gamme d’outils. En association avec la communauté de communes du Jovinien, les actions entreprises dépassent le cadre du quartier ancien, pour renforcer la ville dans son rôle de pôle de centralité.
Après avoir consacré, sur la mandature 2014-2020, de gros moyens à la réhabilitation de son quartier en politique de la ville situé en périphérie, la commune de Joigny concentre désormais ses efforts sur la revitalisation de son centre historique. Un projet tout sauf simple, dans un quartier reconstruit à la fin du XVIe siècle, et qui abrite près d’une vingtaine de monuments historiques. Classée Ville et Pays d’Art et d’Histoire, Joigny subit tous les inconvénients inhérents au charme de son urbanisme médiéval : des rues étroites, un manque criant de luminosité et des immeubles inconfortables, difficiles à rénover.
Ville martyre de la RGPP
Environ 20 % des Joviniens habitent ce quartier qui, fut jusque dans les années 1970-1980, le cœur commercial de la ville et de son bassin de vie. La ville demeure, encore aujourd’hui, le pôle de centralité du territoire pour ce qui concerne l’emploi, les services et les équipements. Mais le développement de zones d’activités à sa périphérie, puis l’application de la révision générale des politiques publiques (RGPP) ont produit des effets dévastateurs. En une poignée d’années, Joigny a perdu sa caserne, son tribunal d’instance, son tribunal de commerce, sa maternité, sa chirurgie, son poste de police et un bon millier d’habitants, ce qui lui a valu d’être déclarée « ville martyre de la RGPP » dans un rapport du Sénat .
Une situation inacceptable pour le maire de Joigny, Nicolas Soret, et son équipe : « Nous sommes partis au combat pour reconquérir le centre historique, avec l’objectif de rénover l’habitat, d’améliorer les espaces publics et de redynamiser le commerce. » L’ouverture de la Maison de l’habitat intercommunale, début février 2022, déclenche la phase active de ce programme de reconquête. Elle a pour mission d’accompagner les propriétaires du centre ancien à trouver leur chemin dans le maquis des multiples aides dont ils peuvent bénéficier, à condition de savoir à qui les demander.
Des résultats déjà tangibles sur le commerce
Autre enjeu majeur, la réhabilitation des espaces publics vise à végétaliser le quartier et à donner davantage de la luminosité aux logements et aux rues, en curetant des îlots sans intérêt patrimonial pour les architectes des bâtiments de France (ABF). Par ailleurs, les actions engagées pour la revitalisation commerciale vont se poursuivre. Elles ont déjà conduit à diminuer de plus de moitié le taux de vacance, qui avoisinait les 50 % au début des années 2010. Cela « au prix de lourds investissements », expose le maire. Afin de faciliter l’installation des porteurs de projet, la commune a procédé au rachat et à la réhabilitation de locaux pour les relouer avec des exonérations de loyers pour des durées de six mois à un an.
Joigny se donne les moyens d’une action globale en déployant plusieurs dispositifs publics complémentaires. La commune est inscrite dans le programme Petites Villes de Demain (PVD) et signataire d’une opération de revitalisation de territoire (ORT) qui donne droit à la défiscalisation Denormandie dans l’immobilier ancien de centre-ville. Associée à l’intercommunalité, elle a noué de nombreux partenariats. Au tour de table, figure l’Agence nationale de l’habitat (Anah), avec une opération programmée d’amélioration de l’habitat de renouvellement urbain (OPAH-RU) centrée sur le quartier médiéval ainsi qu’un programme d’intérêt général (PIG Habitat) sur l’ensemble du territoire intercommunal. L'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) participe également, avec un contrat de relance et de transition écologique. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) apporte un contrat d’objectifs territorial. Les bailleurs sociaux et la région Bourgogne-Franche-Comté s’inscrivent eux aussi dans cette opération.
Les services mutualisés à la manœuvre
Le programme mis en place est porté conjointement par la ville et la communauté de communes du Jovinien, qui en a la responsabilité juridique. « Son élaboration, basée sur des études et un diagnostic précis, ainsi que sa mise en œuvre s’appuient sur les services mutualisés de la commune et de l’intercommunalité », explique le maire.
La réhabilitation d’un quartier médiéval engendre cependant des difficultés considérables. « D’abord celles liées aux coûts, poursuit Nicolas Soret. De telles opérations nécessitent des partenariats à tous les échelons et nous nous sommes évertués à les construire. Je regrette cependant que le programme Petites Villes de Demain se limite à fournir une aide sur les études et l’ingénierie. Il nous faudrait pouvoir bénéficier davantage de la dotation de soutien à l’investissement local et de la dotation d’équipement des territoires ruraux. » Les travaux d’efficacité thermique, sous le contrôle de l’ABF, exigent en effet des solutions coûteuses. Impossible, par exemple, de faire une isolation par l’extérieur ou de poser des panneaux solaires sur les toits.
À la problématique des coûts et de leur financement, s’ajoutent le défaut de motivation, les réticences et le manque de moyens de certains propriétaires. « La collectivité pourrait être entraînée à recourir à des dispositifs coercitifs longs et chers, redoute le maire. Nous essayons toujours de privilégier une approche argumentée pour convaincre les propriétaires de leur intérêt à souscrire aux aides, qui sont disponibles pendant seulement quatre ans. » Une approche qui semble donner des résultats. Un petit mois après l’ouverture de la Maison de l’habitat plus d’une centaine de ménages s’étaient déjà présentés pour savoir comment bénéficier des aides aux travaux.
Quelques chiffres sur les financements
Le Programme d’intérêt général (Pig) habitat sur l’intercommunalité prévoit 1,2 million d’euros d’investissement de l’Anah et 700 000 de la communauté de communes. L’OPAH-RU centrée sur le quartier médiéval est financée à hauteur de 2 millions d’euros par l’Anah, 1,3 million par l’intercommunalité et 800 000 euros par la ville. Des aides proviennent également de la région et d’autres institutions. La Banque des Territoires finance 80 % du poste de manager de centre-ville que le maire estime très utile à la mise en œuvre du programme sur le territoire.
Commune de Joigny
Nombre d'habitants :
Nicolas Soret
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