Cahors rénove le bâti ancien grâce à des matériaux écologiques et locaux (46)
Dans le cadre de son plan de rénovation du bâti médiéval du centre-ville, la Communauté d’agglomération du Grand Cahors a lancé un programme de recherche et d'expérimentation afin de développer un pôle de compétences et une filière de rénovation écologique et locale. Un bâtiment démonstrateur a été finalisé début 2021 dans le cadre du programme Enerpat.
Dans le centre de Cahors, au coin des rues Saint-James et du Petit-Mot, deux maisons médiévales, fusionnées, rénovées et isolées avec du chanvre, de la paille et du bois font désormais office de logements de qualité pour deux ménages et de démonstrateur pour la filière d'éco-rénovation de bâti ancien, que la commune et le Grand Cahors souhaitent mettre en place sur le territoire. Il accueille également au rez-de-chaussée des partenaires qui interviennent en matière de conseil aux particuliers pour la rénovation de logements du centre historique.
Patrimoine et efficacité énergétique
Ce bâtiment, achevé en juillet 2021, s'intègre dans la démarche Enerpat du Grand Cahors, qui lie les thématiques « patrimoine » et « efficacité énergétique », et rassemble les acteurs locaux dans les domaines de la formation, de la recherche, de l’innovation et du développement économique. « Nous voulons promouvoir l'utilisation du bâti existant plutôt que l'étalement urbain. L'objectif est de développer notre ville, au travers du patrimoine, du tourisme et des commerces de proximité et de créer une filière avec des emplois locaux. Il s'agit aussi d'accompagner la transition écologique en favorisant la sortie de vacance des logements et en assurant l'amélioration de leurs performances énergétiques, par l'utilisation de matériaux locaux et biosourcés », précise le maire de Cahors et président du Grand Cahors, Jean-Marc Vayssouze-Faure.
Formation, recherche et innovation
La démarche Enerpat comporte trois axes de travail. Le premier est réglementaire, avec l’inscription des enjeux et préconisations liés à la restauration énergétique et patrimoniale des bâtiments anciens dans les documents d'urbanisme et de protection du patrimoine. Le second est opérationnel, avec le financement de travaux d’éco-restauration et la communication auprès des professionnels et des maîtres d’ouvrage. Le troisième concerne la formation, l'enseignement, la recherche, l'innovation et le développement économique. C'est dans le cadre de ce dernier volet que le bâtiment démonstrateur a été conçu.
Un appel à projet européen
Cette politique, pensée dès 2008, prend forme à partir de 2014, avec notamment le soutien de la Caisse des dépôts et l'accueil d'une doctorante au Laboratoire matériaux et durabilité des constructions (LMDC) de l’Institut national des sciences appliquées (Insa). Le laboratoire propose des méthodes de restauration pour les bâtiments d’habitation des centres anciens. En 2016, Cahors et deux villes d'Espagne et du Portugal se regroupent afin de répondre à un appel à projet du programme européen Interreg Sudoe. Enerpat obtient un soutien d'1,4 million pour la rénovation des bâtiments démonstrateurs, la mise en réseau et l'expérimentation conjointe. En 2018, Enerpat est également sélectionné comme Territoires d’innovation de grande ambition.
Identifier les matériaux et techniques
Dans un premier temps, une phase d'étude est lancée sur les bâtiments et centres historiques, ainsi que sur la modélisation du processus de réhabilitation classique des bâtiments de chacun des centres historiques. Dans une seconde phase de co-création et d'échanges, différents acteurs sont mobilisés. L'Insa, la Confédération de l’Artisanat et des petites entreprises du bâtiment du Lot et le Grand Cahors ont ainsi travaillé ensemble pour identifier une liste de matériaux locaux et potentiellement utilisables, dans laquelle figuraient la paille, la chaux, le chanvre, la fibre de bois, choisis pour leur adéquation avec la rénovation du bâti ancien (régulation de l’humidité) et leur efficacité en matière d’isolation.
Des ateliers de co-création sont organisés avec des artisans du Lot sur le potentiel de ces matériaux, leurs modes d’utilisations, leur adaptabilité au bâtiment démonstrateur… D’autres échanges ont eu lieu avec des agriculteurs pour la disponibilité des matériaux. Enfin, dans une troisième phrase, les travaux – de 2017 à 2021 – permettent de valider et mettre en place les préconisations.
Tuiles solaires et capteurs
Le bâtiment démonstrateur (1 million d’euros, dont un tiers pris en charge par le Grand Cahors), réunion de deux maisons mitoyennes, a été équipé d'une chaudière collective avec planchers chauffants et de tuiles solaires. Il a été isolé par l'extérieur et l'intérieur avec un mélange de chaux et de chanvre, et transformé avec une charpente traditionnelle. Des appareils de mesure vont permettre d’étudier les variations de température et d’humidité à l’intérieur des bâtiments, ainsi que leur consommation énergétique et les occupants répondront à une enquête sur le confort de l’habitat.
« Le défi, c'est de concilier l'efficacité énergétique et le patrimoine. Cela impose par exemple de trouver d'autres solutions pour l'isolation. On a aussi fait le choix de rassembler deux bâtiments pour créer des espaces horizontaux plus grands et de mettre les pièces de vie aux étages pour y apporter la lumière. Mais cela demande des savoir-faire, des nouvelles techniques et coûte beaucoup plus cher », note le président du Grand Cahors. Un nouveau bâtiment démonstrateur, qui pourra bénéficier de retours d’expérience détaillés, va être rénové d’ici 2025.
Les résultats des actions pour le centre-ville
Entre avril 2015 et juin 2020, plus de 700 logements ont été réhabilités au centre-ville de Cahors, notamment dans le cadre de l’opération programmée d’amélioration de l’habitat de type renouvellement urbain (OPAH-RU) Cœur d’agglomération du Grand Cahors, grâce aux financements de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), ceux de la région Occitanie, de la ville de Cahors et du Grand Cahors notamment. Ce dernier a accordé 51 primes Enerpat à des investisseurs et des particuliers pour un montant total de 96.000 euros, afin de faciliter le recours à des matériaux durables dans la rénovation de 67 logements. La ville de Cahors et le Grand Cahors font partie des 222 villes retenues au titre du dispositif Action cœur de ville instauré par l’État. Cahors offre désormais, en complément des aides mobilisables à travers l’OPAH-RU et l’opération « façades », des subventions, prêts et autres instruments de défiscalisation qui accompagneront la réhabilitation des logements du cœur de ville. « Les investisseurs se multiplient, qu’il s’agisse de particuliers, d’opérateurs ou de foncières. Ils voient en Cahors un environnement urbain, une palette d’aides, un accompagnement individualisé et un potentiel de marché locatif justifiant et confortant leur engagement », précise le président du Grand Cahors.
Communauté d'agglomération du Grand Cahors
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Jean-Marc Vayssouze-Faure
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