Finances locales - Révision des valeurs locatives des logements : une expérimentation devrait être bientôt lancée
Le collectif budgétaire 2013 pourrait lancer le chantier de la révision des valeurs locatives des 33 millions de locaux d'habitation (46 millions d'éléments imposés si l'on inclut les garages, les piscines…). Le gouvernement devrait en effet déposer un amendement au projet de loi, avant, ou au cours de la discussion qui se déroulera, du 3 au 6 décembre prochains, à l'Assemblée nationale. Interrogé par Localtis, François Marc, rapporteur général de la commission des finances du Sénat, qualifie ce scénario de "probable".
La Chambre Haute n'a pas ménagé ses efforts, François Marc notamment, pour contribuer à définir une méthode afin de mener à bien la refonte envisagée. Le reconnaissant volontiers, le gouvernement est prêt à s'appuyer sur cette contribution. Cette attitude devrait le conduire logiquement à présenter l'amendement dans l'hémicycle du palais du Luxembourg. Mais les circonstances politiques ne s'y prêtent pas : le Sénat a rejeté, le 27 novembre, la première partie du projet de loi de finances (voir notre article du 28 novembre) ; il y a donc tout lieu de penser qu'il repoussera aussi le projet de loi de finances rectificative.
Dans la droite ligne de la révision en cours pour les locaux professionnels
Pour permettre au Sénat, dans de telles conditions, d'"apporter sa pierre à l'édifice de manière constructive", le rapporteur général vient de déposer une proposition de loi. S'appuyant sur les réflexions du groupe de travail mis en place le 11 septembre dernier par le gouvernement (ci-contre notre article du 12 septembre 2013), elle prévoit le lancement dans "plusieurs départements", en 2015, de la révision des bases cadastrales des locaux d'habitation et des locaux servant à l'exercice d'une activité salariée à domicile.
Le test réalisé, en 2011, dans cinq départements, qui a permis de roder la révision des valeurs locatives des locaux à usage professionnel, a été globalement un succès. Une démarche de ce type serait donc engagée pour le nouveau chantier. Un décret préciserait les noms des départements dans lesquels la direction générale des finances publiques mènerait l'expérimentation. Selon François Marc, ils seraient au nombre de trois. Les propriétaires concernés devraient déclarer le nombre, les caractéristiques de leurs logements et, le cas échéant, le montant annuel du loyer.
Globalement, les principes définis dans la loi de finances rectificative de décembre 2010 pour la révision des valeurs locatives des locaux professionnels seraient appliqués à la révision qui concerne les logements, avec toutefois quelques ajustements (notamment pour les logements sociaux). Les bases seraient calculées en fonction de la valeur des biens sur le marché locatif au 1er janvier 2015. En fonction de leur nature, les locaux seraient classés en quatre sous-groupes (maisons individuelles, appartements, dépendances isolées, locaux d'habitation présentant un caractère exceptionnel), puis en catégories. Dans chaque département, des commissions au sein desquelles siègent les représentants des contribuables et des élus délimiteraient des secteurs géographiques, en fonction notamment des valeurs des loyers.
Un bilan avant le 1er octobre 2015
Le gouvernement transmettrait au Parlement, avant le 1er octobre 2015, un rapport établissant le bilan de cette expérimentation, en détaillant les conséquences de la révision pour "les contribuables, les collectivités territoriales, les établissements publics de coopération intercommunale et l'État". Il présenterait en particulier des simulations mettant en évidence l'impact de la révision pour les occupants des logements sociaux, en fonction de plusieurs scénarios. Au vu de ce rapport, le législateur pourrait – vraisemblablement, à l'occasion de la discussion des textes de lois de finances de fin 2015 - prendre des mesures permettant d'atténuer les effets de la révision. Le gouvernement a déjà évoqué l'idée d'un "lissage" des hausses et des baisses d'imposition sur plusieurs années.
La généralisation du chantier débuterait en 2016, afin de parvenir à une prise en compte des valeurs locatives révisées pour les impôts dus en 2018. "La réforme s'opérera à produit constant : il s'agit seulement de répartir l'impôt de façon plus juste entre les contribuables", rappelle François Marc.
Selon le sénateur, on devrait retrouver dans l'amendement du gouvernement la plupart, sinon toutes les modalités définies par la proposition de loi.