Restauration et architecture dans les collèges et lycées : des efforts à poursuivre
La "qualité de vie" à l'école progresse mais les inégalités resteraient importantes en matière de restauration, notamment du fait de politiques tarifaires des collectivités peu favorables aux familles les plus défavorisées. Si le bâti des collèges et lycées s'est largement modernisé ces dernières années, l'accessibilité aux personnes à mobilité réduite serait encore insuffisante. Le Conseil national d'évaluation du système scolaire a publié ce 3 octobre un vaste ensemble de travaux sur le cadre de vie des élèves.
"L'école française propose-t-elle un cadre de vie favorable aux apprentissages et au bien-être des élèves ?" Le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) publie un ensemble de travaux destinés à répondre à cette question. Ayant recueilli les réponses de 869 chefs d'établissements du second degré, l'enquête sur la restauration et l'architecture scolaires est particulièrement susceptible d'intéresser les collectivités (1).
La restauration dans les collèges et les lycées s'est d'abord largement diffusée : elle concernait un peu plus de 70% des élèves du second degré en 2016, alors que 55% des collégiens étaient par exemple inscrits il y a 20 ans. La majorité des établissements interrogés (93%) déclarent être dotés d'un restaurant scolaire, les autres disposant généralement d'un accès à la cantine dans un établissement proche.
Le Cnesco observe toutefois "des inégalités sociales importantes dans l'accès" à ces restaurants scolaires. Si en moyenne 29% des collégiens ne mangent pas à la cantine, cette part est de 59% en éducation prioritaire et même de 75% en REP+. Et, géographie prioritaire ou non, les élèves issus de familles défavorisées sont "deux fois plus nombreux (40% d’entre eux) à ne pas manger à la cantine que les élèves issus de familles favorisées (22%) et très favorisées (17%)".
Cantines scolaires : 55% des départements et régions n'appliquent pas de politique tarifaire liée aux revenus des familles
"Le prix de la cantine pourrait faire obstacle à l'accès des plus défavorisés", selon Nathalie Mons, présidente du Cnesco. Pour une majorité des établissements ayant répondu à l'enquête (55%), la collectivité gestionnaire aurait fait le choix de ne pas appliquer de grille tarifaire liée aux revenus des familles ; 22% des établissements, à l'inverse, se voient demander de moduler leurs tarifs jusqu'à la gratuité. Dans le public, le prix moyen d'un repas serait de 3,30 euros.
D'un point de vue qualitatif, le Cnesco note "des organisations plus modernes des espaces de restauration", avec le principe du self-service largement répandu. Au sein de la moitié des établissements répondants, les produits frais et de saison seraient présents "dans plus de 25% des menus proposés". Le bio serait toutefois à la traîne : seuls 8% des établissements en proposeraient de façon significative.
Au bénéfice des collectivités locales : "des progrès très nets dans le bâti scolaire"
L'école du futur doit être "moderne", "modulable", "sécurisée", "accessible", connectée" et "participative", selon le Cnesco qui reprend les critères de construction et de rénovation du récent rapport Klein (voir notre article du 5 avril 2017).
La décentralisation a permis "des progrès très nets dans le bâti scolaire", rappelle Nathalie Mons. 72% des chefs établissements interrogés se disent ainsi satisfaits de l'aménagement des espaces dans leur collège ou lycée. Ils seraient cependant régulièrement interpellés sur des problèmes de construction, en premier lieu sur l'isolation thermique (92% des chefs d'établissements) et la luminosité des salles (75%), mais aussi sur leur insonorisation (55%).
Véritable bémol : les sanitaires. Selon une autre étude de 2016, "un tiers des élèves craignent d'aller aux toilettes de leur école ou collège". Dans l'enquête du Cnesco, outre le problème du nettoyage qui est mis en avant, le nombre insuffisant de sanitaires concernerait quatre collèges et lycées publics sur dix.
La moitié des collèges et lycées totalement accessibles aux personnes à mobilité réduite
Autre constat vérifié à l'occasion du dédoublement des classes de CP en REP+, le mobilier scolaire serait peu modulable et donc peu en phase avec les orientations pédagogiques valorisant la "pédagogie différenciée" et la "collaboration".
Concernant l'équipement informatique, les choix seraient assez contrastés, entre deux extrêmes : des établissements (22%) sans aucune connexion internet accessible aux élèves, "ni dans les espaces de travail, ni dans les espaces de vie", et des collèges et lycées (36%) dotés d'une connexion accessible aux élèves et au personnel dans tout l'établissement.
Les établissements du secondaire auraient enfin des progrès à faire en matière d'accessibilité aux personnes à mobilité réduite, puisque la moitié seulement seraient totalement accessibles et encore 14% ne le seraient pas du tout.
(1) Menée en parallèle auprès des départements et des régions, une autre enquête n'a pu être menée à bien, faute de réponses suffisantes.
Impliquer les parents pour construire une école ouverte sur le quartier
Au Mas de Teste, un quartier en grande difficulté - absence de mixité, mauvais résultats scolaires, rupture entre l'école et les parents, radicalisation… -, la ville de Nîmes s'est demandée comment le projet de reconstruction de l'école pouvait être support de changement au service de la réussite des enfants.
"Dans un autre quartier, le bâtiment de la nouvelle école est magnifique mais la population ne se sent pas intégrée", explique Valérie Rouverand, adjointe au maire à l’enseignement scolaire de la ville de Nîmes. Cette dernière voulait procéder différemment avec le projet du Mas de Teste et s'est pour cela entourée d'un ethnologue et d'un sociologue.
Aux côtés d'associations de quartier, d'enseignants et de services de la ville, des parents d'élèves ont été invités à définir "l'école d'aujourd'hui" et à participer à l'élaboration du cahier des charges de l'architecte. Accompagné par les deux universitaires, le groupe a notamment décidé qu'un "atrium" constituerait un espace tampon entre le quartier et l'école, afin de favoriser la rencontre entre les parents et les professionnels - enseignants, mais aussi associations et acteurs du périscolaire, centre social, éventuellement infirmière et travailleurs sociaux. Intéressé par le projet, le département aurait décidé d'implanter un collège dans ce futur "pôle éducatif".
C.M.