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e-inclusion - Renaissance numérique présente un bilan alarmant des TIC en France

"En septembre 2010, la France vient tout juste d’atteindre le niveau de connexions de la Corée du Sud… de 2001. Quand viendra le temps d’un réel effort pour réduire la fracture numérique ?", a interpellé l'association Renaissance numérique, fin novembre. A l'occasion d'une conférence de presse, l'association qui se présente comme un "think-tank" (groupe de réflexion) a dressé le bilan 2005-2010 de la pénétration des technologies de l'information et de la communication (TIC) en France et en régions. "Nous sommes très loin des ambitions que nous avons pour notre pays. Le constat que nous faisons de la situation actuelle est un pavé jeté dans la mare, les indicateurs sont clairement dans le rouge. En un mot, c’est alarmant", a résumé Guillaume Buffet, coprésident de Renaissance numérique.
Ce fondateur et dirigeant d'une agence de conseil en stratégie et marketing digital a ensuite proposé cinq chiffres pour décrire l'état "catastrophique de la société digitale française". Au troisième trimestre 2010, "seulement" deux foyers français sur trois sont connectés à internet. Moins d’une PME française sur deux (48%) dispose d’un site sur la toile : "La France est à 13 points en dessous de la moyenne européenne." Les start-up numériques ne représentent "que" 2,1% des créations d’entreprises : "Les entreprises de l’internet se créent à l’étranger." Le chiffre d’affaires du commerce électronique français ne représente "même pas la moitié de celui réalisé au Royaume-Uni" (25 milliards d'euros contre 56). Les écoles élémentaires comptent onze élèves pour un seul ordinateur (moyenne Educanet 2009).
Depuis sa création en 2005, Renaissance numérique entend oeuvrer en faveur du développement des TIC en France. Elle compte 80 membres parmi lesquels une élue locale (présente sous sa casquette de chef d'entreprise), une vingtaine d'enseignants-chercheurs et une majorité de responsables de sociétés parmi les plus emblématiques du secteur (Google, Facebook, Microsoft, Tactis, etc.). Ses réflexions et actions visent à "permettre au plus grand nombre de Français d'accéder à internet". L'association, "résolument apolitique", se consacre par exemple au problème de l'e-inclusion : emploi TIC en banlieue ("banlieue 2.0"), équipement en PC des écoles primaires ou des foyers à faibles revenus. En 2011, elle souhaite ainsi construire un grand programme numérique en vue des prochaines élections présidentielles.

Carte des régions en pointe

Ce programme s'appuiera notamment sur la synthèse de l’étude qu’elle a fait réaliser au deuxième trimestre 2010 sur les politiques régionales. Le "think-tank" a recruté un groupe d'étudiants de l'Institut télécom pour administrer un questionnaire adressé aux responsables TIC de chaque région. Des entretiens téléphoniques sont venus compléter les réponses fournies. Une recherche sur les sites internet des collectivités ainsi que sur les observatoires numériques existants a alimenté les renseignements récoltés. Premier constat : il existe de "fortes disparités d'une région à l'autre sur la place donnée au numérique tant dans le budget que dans l'ensemble des actions menées : la part budgétaire consacrée aux TIC varie [...] de 0,36% à plus de 2,72%". Toutes les régions ont un site sur internet et ont dématérialisé les marchés publics, ainsi que, pour la plupart, les demandes et attributions de bourses. Cinq régions arrivent en tête de cette étude : Ile-de-France, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées, Aquitaine et Auvergne. "Ces régions-là se distinguent par la volonté affichée et effective de placer le numérique au coeur de leur action, tant pour s'en servir (procédures en ligne, sites dédiés, communication) que pour le développer (mise en place d'agences régionales du numérique, observatoire des TIC, soutien au déploiement des infrastructures et des usages)", commente l'étude. Suit un recensement des bonnes pratiques régionales en matière d'observatoires de la société de l'information (Artesi-Idf, Ardesi, AEC), de résorption des zones blanches haut débit (PPP Auvergne), d'équipement dans le secteur de l'éducation (OrdiCentre, ENT E-Lyco, etc.), d'e-santé (plateforme Solstis.org en Lorraine), de culture (encyclopédie en ligne de Picardie), d'attractivité économique (formation des TPE-PME en Corse, Haute-Normandie, Poitou-Charentes...) et d'innovation (Paca Labs). Conclusion : il faudrait "plus de coopération avec les autres collectivités, les CCI, les rectorats et les associations professionnelles". L'intégralité de l'étude devrait être mise en ligne prochainement sur le site de Renaissance numérique.