Relance numérique - Plusieurs milliards manquent pour déployer la fibre optique sur tout le territoire, selon l'Avicca

"Une première impulsion", c'est ainsi que l'Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel (Avicca) a qualifié, le 12 mai dans un communiqué, le volet numérique du plan gouvernemental, présenté en Conseil des ministres la semaine dernière. "Le budget alloué au très haut débit me semble très faible par rapport aux milliards d'euros nécessaires", avait déjà réagi Christine Balagué, la présidente de Renaissance numérique, un club de réflexion composé d'enseignants-chercheurs et de dirigeants d'entreprise. "Même en écrémant la partie la moins chère des réseaux mutualisés à construire, il faut trouver environ 2 milliards d'euros pour atteindre cet objectif de construction" de 4 millions de prises supplémentaires, chiffre l'Avicca. Et d'expliquer, qu'au total, 2,613 milliards d'euros sont investis ou planifiés pour étendre les réseaux ouverts d'initiative publique (ROIP) dans les territoires. Sur ce montant, la moitié (1,248 milliard) provient des subventions des collectivités : "il ne s'agit pas là de fonds propres comme ceux de la Caisse des Dépôts ou des opérateurs privés, qui sont, par nature, rémunérés", souligne l'association. Le passage au très haut débit sur tout le territoire devrait mobiliser plus de 30 milliards d'euros et mettre en œuvre la péréquation, selon l'étude de PMP conseil, publiée conjointement avec l'Association des régions de France, en décembre dernier. Cette étude avait également montré que l'endettement pour ces investissements structurants devait être effectué à un taux très bas, via des mécanismes de bonification et de garantie. "Au Japon, pour aider les réseaux des zones peu denses, l'Etat a accordé des prêts bonifiés, les a garantis à hauteur de 80%, et accompagnés de réductions d'impôts sur les investissements", compare l'Avicca. Il faudrait donc encore un effort pour faire de la fibre optique une réelle "priorité nationale", comme le préconisait André Marcon dans son rapport pour le Conseil économique, social et environnemental, en février dernier. Alors qu'en Nouvelle-Zélande, le gouvernement s'est fixé un taux de 75% des habitants connectés à la fibre d'ici trois ans, en commençant par les écoles et les hôpitaux et, qu'en février dernier, l'Australie a affiché vouloir fibrer 90% des habitants pour un montant estimé à 23 milliards d'euros. Avec 750 millions d'euros de fonds propres de la Caisse des Dépôts (sur trois ans), et même avec un "effet levier" et des prêts complémentaires aux collectivités et opérateurs, le volet numérique semble toujours manquer d'ambition pour faire de la France une grande nation numérique. Le futur plan européen mettra-t-il davantage de moyens sur la table ?

 

Luc Derriano / EVS