Très haut débit - 30 milliards d'euros pour fibrer la France sur 10 ans

"Un pavé dans la mare!", c'est ainsi que Christian Paul, président de la commission TIC de l'Association des régions de France (ARF), a présenté, le 9 décembre à l'Assemblée nationale, la première étude indépendante portée par les collectivités publiques, sur le déploiement du très haut débit. Face à une petite centaine de représentants de collectivités, d'élus, d'opérateurs de télécommunication, Alain Rousset, président de l'ARF, a regretté "de ne pas avoir vu d'incitation au déploiement de la fibre optique sur tout le territoire dans le plan de relance de l'économie française". D'où l'idée de ce "New Deal numérique" pour interpeller l'Etat, les collectivités et les opérateurs en France. "Car la fracture numérique du très haut débit n'est pas une fatalité, même si les régions sont désormais sollicitées pour payer les infrastructures ferroviaires, le plan Campus... Il ne faudra cependant laisser aucun territoire sans accès au THD", a reconnu René Souchon, président de la région Auvergne.
La conviction de l'ARF est que le marché ne peut pas tout, notamment pour les zones moins densément peuplées que les grands centres urbains. Il faut donc trouver rapidement de nouveaux outils de co-investissement, de nouveaux partenariats public-privé. Le plan de l'ARF propose donc un investissement de 30 milliards d'euros mobilisés selon une programmation à l'échelle de la prochaine décennie pour apporter la fibre optique hors agglomération : 20 milliards d'euros pouvant être récupérés par les recettes d'exploitation mutualisées des futurs réseaux de fibre optique et 10 milliards d'euros apportés par des aides publiques complémentaires, nationales et locales, "à parité entre l'Etat et les collectivités comme pour le financement des autoroutes", a évoqué Christian Paul. Cette proposition sera notamment portée au sein du Comité pour la couverture numérique du territoire ("Coconut") mais aussi auprès de la commission européenne. L'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), par la voix de Gabrielle Gauthey, et Serge Bergamelli de la Caisse des Dépôts ont rappelé que le bilan sur les réseaux d'initiative publique permettrait prochainement d'affiner les stratégies à mettre en oeuvre. Infrastructures de collecte neutres et ouvertes ainsi qu'intervention des collectivités restent plus que jamais d'actualité. Le plan Fibre ne devra pas être un nouveau plan Câble décidé depuis Paris, sans concertation et sans tenir compte ni du contexte économique actuel, ni des géographies locales.

 

Luc Derriano / EVS