Santé / Education - Rapport du Cese sur la santé des élèves : le décloisonnement plutôt qu'un changement de compétence
Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a adopté, le 14 mars, un rapport et un avis intitulés "Pour des élèves en meilleure santé". Le vote a été acquis - en présence de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale - par 171 voix pour, une voix contre et zéro abstention. Cet avis est largement centré sur la santé scolaire, même s'il aborde la question de la santé des élèves dans une approche plus transversale. Les deux rapporteurs en sont Jean-François Naton, vice-président du Cese et conseiller confédéral de la CGT, et Fatma Bouvet de la Maisonneuve, médecin psychiatre à l'hôpital Saint-Anne à Paris et addictologue, siégeant en tant que personnalité qualifiée.
"Un lieu de construction de soi en bonne santé"
L'avis considère que "l'Education nationale, qui scolarise plus de douze millions d'élèves pour une durée de plus de 18 ans en moyenne, est une actrice incontournable d'une prévention durable en matière de santé". Son rôle ne doit pas se limiter à une prévention "passive", mais faire au contraire de l'école "un lieu de construction de soi en bonne santé".
Sur le constat, l'avis ne surprend pas en relevant, à son tour, le fait "que la santé à l'école est délaissée". Ainsi, "trop souvent, les visites médicales obligatoires ne sont pas assurées, les problèmes de santé ou les troubles de l'apprentissage ne sont pas suffisamment détectés. Des pathologies ne sont pas repérées ou le sont trop tardivement. Les risques liés aux expositions à un environnement dégradé ne sont pas évalués".
Pour autant, le Cese n'en appelle pas à un transfert de la santé scolaire au ministère de la Santé (qui la gérait jusqu'en 1984 pour les infirmières et pour les médecins jusqu'en 1991) ou aux collectivités territoriales, comme cela a parfois été évoqué. L'avis préfère plutôt mettre "le décloisonnement et la coordination au centre de ses préconisations".
Pour des professionnels mieux formés, valorisés et plus impliqués
En pratique, l'avis formule une douzaine de préconisations, regroupées en trois grands axes. Le premier consiste à renforcer l'implication dans les actions de prévention. Il s'agit en l'occurrence d'améliorer la formation des professionnels sur la prévention santé, la coordination et la conduite de partenariats, mais aussi de mieux informer et impliquer les parents et les élèves. L'avis recommande aussi de garantir la qualité de l'environnement de l'école - en réalisant un état des lieux complet des expositions auxquelles sont soumis les élèves - et de réunir l'ensemble de la communauté éducative d'un établissement lorsque la situation de santé d'un élève l'exige.
Le second axe recommande de garantir une réponse adaptée et rapide aux besoins de chaque élève. Ceci passe notamment par un renforcement des moyens de la médecine scolaire, en priorité "dans les territoires qui en ont le plus besoin au regard de leurs spécificités économiques et sociales et de l'offre de santé existante", et par un élargissement des Pass santé jeunes (permanences d'accès aux soins de santé). Le Cese propose aussi de rendre effective pour tous la visite médicale de la sixième année (ce qui renvoie à la question des moyens) et de mettre en place une plateforme facilement accessible pour orienter rapidement les élèves et leur famille, confrontés à une difficulté de santé physique ou mentale.
Enfin, le troisième axe prévoit de valoriser, d'évaluer et de contrôler l'action de l'école en matière de santé en améliorant l'attractivité des métiers concernés (grâce à des missions de coordination et de pilotage), en mettant en place une veille épidémiologique et en inscrivant la médecine scolaire dans les réseaux de recherche, mais aussi en élaborant des indicateurs de suivi et d'évaluation de la mise en œuvre effective, par les établissements scolaires, des actions de promotion de la santé et la coordination santé/école.