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Santé / Education - La santé scolaire va s'inscrire "dans le cadre" de la politique de santé publique

Agnès Buzyn et Jean-Michel Blanquer ont annoncé le 27 novembre un renforcement de l'accès à la santé des enfants de 0 à 6 ans. Pour la ministre des Solidarités et de la Santé et son collègue de l'Education nationale, "cette action s'inscrit dans la stratégie nationale de santé qui a conclu sa phase de consultation publique le 25 novembre dernier". Un communiqué commun précise que "ce plan national de santé publique comporte un volet majeur de prévention, notamment pour les enfants âgés de moins de six ans" (voir notre article ci-dessous du 8 novembre 2017).

Dépister les troubles et lutter contre les inégalités

Il s'agit aussi de mettre en œuvre les recommandations du Haut conseil de santé publique, qui préconise une visite médicale pour détecter, avant six ans, différents troubles (vision, audition, troubles dys...) ou risques (exposition au tabac, obésité...) qui peuvent toucher les jeunes enfants. Ceci doit également permettre de lutter contre les inégalités sociales et territoriales d'accès aux soins. Cette relance de la santé scolaire semblait en outre indispensable, face à la "déshérence" de cette dernière, récemment dénoncée par un rapport de l'Académie de médecine (voir notre article ci-dessous du 3 novembre 2017).
En pratique, Agnès Buzyn et Jean-Michel Blanquer annoncent quatre mesures pour améliorer l'offre de santé aux enfants de moins de six ans. Il s'agit tout d'abord d'inscrire la politique de santé scolaire "dans le cadre de la politique de santé publique". S'il n'est pas question de rattacher la santé scolaire au ministère de la Santé - comme cela a parfois été évoqué -, les conventions entre les agences régionales de santé (ARS) et les rectorats seront "actualisées", afin de mettre l'accent sur le parcours de santé des enfants âgés de zéro à six ans. De même, les comités académiques d'éducation à la santé et à la citoyenneté (Caesc) verront leur action renforcée.

Quelle place pour la PMI ?

La seconde mesure consistera à "mieux construire et coordonner l'accès à la santé des enfants avant l'âge de six ans, grâce a un travail partagé et coordonné entre la santé scolaire, la protection maternelle et infantile et les professionnels de santé, en fonction des territoires, au profit de la détection de troubles ou maladies risquant d'affecter l'adaptation en milieu scolaire et les apprentissages des enfants".
Troisième mesure : offrir aux familles des ressources leur permettant d'assurer à leurs enfants une meilleure prévention en matière de santé. Cela passera notamment par l'intégration d'outils dans la "mallette des parents", qui sera entièrement revue en mars 2018.
Enfin, la concertation, impliquant les parties prenantes, débouchera, au début de 2018, sur des actions de prévention qui seront intégrées dans le programme national de santé publique.
Il restera toutefois à définir la place de la PMI dans cet accès aux soins des enfants de zéro à six ans. L'école n'intervient en effet qu'à partir de trois ans pour la très grande majorité des enfants, seuls environ 12% des enfants étant aujourd'hui scolarisés avant trois ans. Mais, à la différence de la santé scolaire, qui relève de l'Etat, la PMI relève de la compétence des départements. Or, dans son récent rapport "Les droits de l'enfant en 2017", le défenseur des droits s'inquiétait pourtant, lui aussi, de "la situation inquiétante" de la PMI (voir notre article ci-dessous du 20 novembre 2017).

Un collectif se constitue autour de onze villes dotées d'un service municipal de santé

Le 16 novembre, onze villes (Antibes, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Nantes, Paris, Rennes, Strasbourg, Villeurbanne et Vénissieux) dotées d'un service municipal de santé scolaire se sont réunies à Villeurbanne pour une journée de travail, afin d'échanger sur leurs pratiques. Objectif affiché de ces villes qui "partagent un engagement fort sur les questions de réussite éducative" : "être mieux identifiées en tant que ressources sur le plan national". Selon Agnès Thouvenot, adjointe à la Ssnté de Villeurbanne, au sein de ces communes, "les pratiques ne sont pas homogènes, il est donc difficile d'avoir une vision globale : certaines communes n'assurent la médecine scolaire que pour les écoles publiques, d'autres ne prennent pas en charge le niveau de la maternelle, etc." Avec toutefois certains points communs, comme la réalisation des bilans de santé obligatoires ou l'accompagnement des projets de prévention pour la santé des jeunes. L'avantage du statut municipal réside dans les synergies avec les autres services communaux, comme ceux de la petite enfance ou des sports. Ces villes bénéficient d'un financement de l'Education nationale, mais qui est loin de couvrir la réalité des dépenses. Villeurbanne reçoit ainsi une subvention de 25.000 euros, pour le suivi de 10.800 écoliers. Mais la ville estime que si ce service incombait à nouveau à l'Education nationale, il coûterait plus de 400.000 euros, sur la base d'un ratio de 39 euros par élève, correspondant à la somme inscrite au projet de loi de finances pour 2018.
J.-N.E, avec AEF