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Social / Education - Pauvreté des enfants : Agnès Buzyn veut renforcer la santé scolaire et revoir les missions de la PMI

A l'occasion d'une journée d'échanges sur le thème de la pauvreté à l'école, la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale et la commission des affaires sociales organisaient une audition conjointe de Jean-Michel Blanquer et d'Agnès Buzyn. Lors de cette réunion, tenue le 7 février dernier et dont l'Assemblée publie aujourd'hui le compte-rendu, la ministre des Solidarités et de la Santé a apporté de nombreuses précisions sur la stratégie gouvernementale de lutte contre la pauvreté (voir nos articles ci-dessous).

Travailler sur l'ensemble des composantes de la pauvreté

Agnès Buzyn a expliqué aux députés qu'il lui "a semblé nécessaire de cibler notre plan de lutte contre la pauvreté sur la pauvreté des enfants et des jeunes : il n'est pas tolérable que les enfants pauvres d'aujourd'hui soient les adultes pauvres de demain". Il importe de s'attacher à cette population spécifiques d'autant plus "que son assignation à résidence dans la pauvreté est une spécificité française". Cette stratégie qui se veut inclusive - et dont la ministre à rappelé les différentes étapes en cours et à venir - suppose de "travailler concomitamment sur l'ensemble des composantes de la pauvreté, et non plus en 'silo'".
Elle a néanmoins apporté des éclairages sur différents aspects relevant plus spécialement de son ministère. Ainsi, il apparaît que, parmi les 20% de ménages les plus pauvres, seuls 5% des enfants de moins de trois ans fréquentent une crèche - pourtant reconnue comme un facteur décisif d'éducation et de socialisation - contre une moyenne nationale de 22%. Conséquence : "Les inégalités se creusent dès cet âge... Avec M. Blanquer, nous travaillons à ce continuum crèches-maternelles, car nous voulons être vraiment efficaces, le plus tôt possible", même si le détail des mesures envisagées est encore à l'arbitrage.

Maison de santé et centres de santé pourraient renforcer la médecine scolaire

Evoquant le parcours d'éducation à la santé, Agnès Buzyn a rappelé que la visite médicale à six ans constitue une priorité, "mais nous nous heurtons à une très grande difficulté de recrutement de médecins scolaires - un pour 9.000 élèves en moyenne dans le territoire". La ministre pointe aussi "un manque de coordination entre infirmières, médecins et travailleurs sociaux des collectivités qui n'entrent pas ou très rarement dans les écoles", ainsi qu'"un manque de partage d'informations entre les différents acteurs intervenant auprès de l'enfant".
Le plan de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes prévoira donc des mesures "pour renforcer la pluri-professionnalité et faire travailler les acteurs en réseau, tant au sein de l'école qu'à l'extérieur". De même, il est envisagé de contractualiser avec les maisons de santé et les centres de santé pour qu'ils puissent intervenir à l'école afin de compenser le manque de médecins scolaires.
Des stages d'internat en médecine scolaire ont également été créés, "pour que les jeunes étudiants se forment à cette médecine, qui peut être attractive", et une réflexion est en cours sur la formation à la médecine scolaire en premier et deuxième cycles des études médicales. Enfin, le déploiement du service sanitaire (voir notre article ci-dessous du 27 février 2018) permettra de développer des actions d'éducation à la santé en milieu scolaire, voire de mener quelques actions de repérage ou de dépistage, "et apporter ainsi un appui aux médecins scolaires".

Vers une redéfinition du périmètre des missions de la PMI ?

En matière de protection maternelle et infantile, Agnès Buzyn a indiqué que "si les PMI relèvent de la compétence des départements, l'Etat pourrait cependant revoir le périmètre de leurs missions". La ministre constate notamment "une certaine perte d'attractivité des postes de médecin au sein de ces structures, chargées d'effectuer des actions très normatives de contrôle des crèches".
Ce périmètre étendu pourrait notamment porter davantage sur le soutien à la parentalité. En tout état de cause, et avant d'annoncer des mesures plus précises, Agnès Buzyn considère qu'il règne aujourd'hui en matière de PMI "une trop grande hétérogénéité territoriale, à laquelle il convient de remédier".
 

 

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