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Communes rurales - Quel avenir pour les secrétaires de mairie ?

Avec la montée en charge des administrations intercommunales, la fonction de secrétaire de mairie ne va-t-elle pas progressivement s'éteindre ? Lors de son congrès national, qui débute le 17 mai, le syndicat des secrétaires de mairie parlera sans détours de l'avenir d'un métier qu'il faut revaloriser d'urgence.

Le Syndicat national des secrétaires de mairie organise son congrès annuel à partir du  17 mai et durant deux jours, à Ronce-les-Bains en Charente-Maritime. La centaine de congressistes attendue évoquera l'avenir de la profession avec des sentiments d'inquiétude et d'espoir à la fois. "On se dirige à plus ou moins brève échéance vers la disparition de la fonction", déplore Evelyne Com-Nougué, présidente du Syndicat national des secrétaires de mairie, proche de la Fédération autonome de la fonction publique territoriale (FA-FPT). Dans le contexte des transferts de compétences vers l'intercommunalité, "les secrétaires de mairie ne s'occuperont plus à terme que des élections et de l'état civil, même si le maire gardera ses pouvoirs de police", rajoute-t-elle.
Cheville ouvrière de la commune, le secrétaire de mairie accueille le public en mairie, gère le secrétariat ainsi que le personnel, prépare les budgets communaux et les dossiers du conseil municipal, quel que soit le sujet : urbanisme, environnement, achat... Le secrétaire de mairie doit donc faire preuve d'une très grande polyvalence. Ce qui fait l'intérêt du métier peut se révèler un inconvénient : "On n'a pas le temps d'approfondir les dossiers, confie Evelyne Com-Nougué, sauf lorsque l'on doit traiter un problème particulier". Secrétaire de mairie à Cavignac en Gironde,  Evelyne Com-Nougué s'est penchée, il y a deux semaines, sur la demande d'un particulier souhaitant déposer des remblais sur un terrain que longe un cours d'eau. La recherche minutieuse des références législatives et réglementaires a nécessité une demi-journée !.

De nouvelles opportunités de formation ?

Les diverses activités du secrétaire de mairie lui laissent bien peu de temps pour la formation continue, nécessaire pour être au fait des évolutions les plus récentes. Une difficulté plus lourdement ressentie encore lorsque le secrétaire de mairie est seul car les élus locaux ne veulent pas fermer la mairie. "Les dispositions de la loi du 19 février 2007, relative à la fonction publique territoriale qui institue le droit individuel à la formation et pose les principes de la formation tout au long de la vie, constituent une chance pour les secrétaires de mairie", estime Evelyne Com-Nougué. Le directeur général du CNFPT viendra d'ailleurs au congrès du syndicat afin de présenter le nouveau "livret formation".
Difficultés d'accès à la formation, charges de travail importantes, avenir incertain... A ces contraintes, il faut ajouter celles d'un temps incomplet. Les plus petites communes emploient un secrétaire de mairie à mi-temps, voire pour une durée moindre. Pour travailler à plein temps, les personnes concernées doivent donc cumuler des temps incomplets dans plusieurs communes. "Beaucoup de jeunes préfèrent rejoindre les grandes collectivités, constate Evelyne Com-Nougué. Au sein de services étoffés, ils peuvent planifier plus facilement leurs jours de congés et de RTT."

Avoir recours aux contractuels ?

Résultat, les maires éprouvent parfois de réelles difficultés de recrutement. Pour tenter de les résoudre, le Parlement a adopté, à l'initiative des sénateurs, un amendement à la loi relative à la fonction publique territoriale, qui autorise les maires des communes de moins de 1.000 habitants à confier le secrétariat de mairie à un agent non-titulaire, quelle que soit la durée de son temps de travail. La possibilité de recourir à un contractuel n'est pas nouvelle. Mais jusqu'à présent, cette solution n'était possible que lorsque la durée de travail de l'agent n'excédait pas un mi-temps. Le syndicat national des secrétaires de mairie est sceptique sur la capacité de l'emploi contractuel à résoudre les difficultés de recrutement des communes. Ses responsables estiment  "qu'il faut des personnes compétentes et pour cela, une fonction publique attractive, où l'on fait carrière avec un véritable statut, analyse Yann Richard, vice-président du syndicat. Avec un tel statut, les maires ne connaîtraient pas de difficultés de recrutement".

 

Thomas Beurey / Projets publics