Quartiers : un comité interministériel des villes le 17 avril, en réponse à l'appel de sept associations d’élus
Ville & Banlieue et six autres associations d’élus ont appelé le gouvernement, ce 13 mars à Épinay-sous-Sénart, à "se saisir dans la durée des enjeux liés aux quartiers prioritaires et de l’égalité territoriale". Leurs inquiétudes portent notamment sur l’avenir de la rénovation urbaine. La ministre de la Ville, Juliette Méadel, leur promet un prochain comité interministériel des villes (CIV) "d’actions concrètes et suivies", tandis que la ministre du Logement, Valérie Létard, ambitionne de s’appuyer sur l’Europe pour consolider les finances de l’Anru.

© @juliettemeadel/ Juliette Meadel
À Épinay-sous-Sénart (Essonne), ce 13 mars 2025 a été un moment de "mobilisation nationale des maires et des élus locaux" pour les villes ayant des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). À l’invitation de Damien Allouch, maire d’Épinay-sous-Sénart et secrétaire général de l’association des maires Ville & Banlieue de France, la manifestation était soutenue par six associations d’élus partenaires – l'Association des maires de France (AMF), l'Association des maires d’Île-de-France (Amif), France urbaine, l'Association des petites villes de France (APVF), Villes de France et Intercommunalités de France.
La crainte d’une "extinction silencieuse de la politique de renouvellement urbain"
Un "appel d’Épinay-sous-Sénart" a été solennellement lancé, comme en écho à de précédents appels des élus de banlieue – dont Grigny en 2017 (voir notre article), Lyon en 2023 (voir notre article) ou encore récemment à Paris en marge du dernier Congrès des maires (voir notre article). Cet appel "doit être un moment historique de prise de conscience et de prise de décision (...) parce que les habitants sont en train de craquer", a averti Damien Allouch.
"Un an après la signature des premiers nouveaux contrats de ville et à l’approche d’un nouveau comité interministériel des villes" (CIV), les sept associations entendent "interpeller le gouvernement et renouveler leurs attentes sur la méthode et les contenus des futures politiques de la ville et de cohésion sociale et urbaine".
"Nous craignons particulièrement l’extinction silencieuse de la politique de renouvellement urbain, alors même que les attentes n’ont jamais été aussi grandes pour transformer nos quartiers", écrivent les élus. Le gouvernement doit pouvoir assurer "la livraison des projets engagés dans le cadre du nouveau programme national de renouvellement urbain" (NPNRU) mais aussi "renforcer la participation de l’État en pérennisant des financements pluriannuels et les modalités d’intervention de l’Anru" (Agence nationale pour la rénovation urbaine).
Éducation, santé, sécurité… un appel à garantir les "mêmes droits et services" qu’ailleurs
"Nous souhaitons (...) que les habitants aient accès aux mêmes droits et services, c'est-à-dire au droit commun qui prévaut sur l'ensemble du territoire national", a déclaré Gilles Leproust, président de Ville et Banlieue. Les associations d’élus considèrent "que les inégalités territoriales se creusent et que la situation dans les quartiers se dégrade". Elles appellent le gouvernement à se doter, pour chaque ministère, d’une feuille de route et d’"objectifs chiffrés de réduction de l’inégalité des chances à l’échelle territoriale". Est également réclamé "un bilan exhaustif des actions menées" pour concrétiser les mesures annoncées lors du dernier CIV qui avait eu lieu à Chanteloup-les-Vignes en octobre 2023 (voir notre article). Il s’agit de bien "mesurer l’atterrissage des crédits dans les quartiers prioritaires ou pour leurs habitants", est-il mis en avant.
Les élus demandent au gouvernement de "garantir la qualité du service public de l’éducation dans les quartiers", mais aussi l’accès aux soins et la sécurité, d’œuvrer pour améliorer l’accès à la culture, au sport et à l’emploi. Ils attirent également l’attention sur "la montée en puissance du nombre de personnes en situation de précarité ou d’extrême pauvreté", ajoutant que les centres communaux d’action sociale (CCAS) "ne peuvent absorber à eux seuls ce flux".
La rencontre à Épinay-sous-Sénart a aussi été l’occasion d’aborder des thèmes tels que la santé mentale et le vieillissement de la population (voir notre article), avec notamment la participation de Luc Carvounas, président de l’Union nationale des CCAS, et de Luc Broussy, directeur général de Planète grise et du think tank Matières grises.
"Nous appelons le gouvernement à se saisir dans la durée des enjeux liés aux quartiers prioritaires et de l’égalité territoriale", concluent les associations, enjoignant les deux ministres en charge et le président de l’Anru à "porter ce message auprès du Premier ministre".
Avenir d’Action Logement : Jean-Louis Borloo tire le signal d’alarme
Juliette Méadel, ministre de la Ville, et Valérie Létard, ministre du Logement, avaient fait le déplacement pour assurer les élus de leur soutien et de leur détermination à mobiliser le gouvernement sur la politique de la ville. "Le prochain Comité interministériel des villes aura lieu le 17 avril à Montpellier", a ainsi annoncé Juliette Méadel, promettant "un CIV d’actions concrètes et suivies". D’ici là, trois réunions de consultations seront organisées : le 17 mars avec le monde associatif (voir encadré ci-dessous), le 28 mars avec des représentants du monde économique et des bailleurs sociaux et le 3 avril avec les associations d'élus.
Valérie Létard a de son côté indiqué qu'elle se rendra fin mars à la Commission européenne pour tenter d’identifier de nouveaux modes de financement pour l’Anru. Également présent, son mentor en politique Jean-Louis Borloo a considéré, avec son franc-parler habituel, que "tout se déglingue". Celui qui avait suscité en 2018 beaucoup d’espoir parmi les élus de banlieue, avec son "plan de bataille" finalement mis de côté par l’exécutif (voir notre article), a cette fois alerté sur un risque de démantèlement d'Action Logement, aujourd’hui organisme paritaire et premier financeur des programmes de rénovation urbaine (voir notre article).
› CIV : première réunion préparatoire ce 17 marsAu lendemain de la rencontre d'Epinay-sous-Sénart, la ministre déléguée a détaillé le contenu de la "journée d’échanges et de concertation" qu'elle organise ce lundi 17 mars à Paris avec les acteurs associatifs, précisant d'emblée qu'il s'agit des associations "intervenant dans l’ensemble des domaines concernés (santé, éducation, médiation, insertion, développement économique, etc.)". Au menu de la matinée, des "ateliers collaboratifs" organisés "en deux temps" : "un bilan du CIV 2023, visant à évaluer les avancées et les points d'amélioration" puis "une projection vers le CIV 2025, au cours de laquelle les associations pourront exprimer leurs attentes et formuler des recommandations pour les priorités à venir". L'après-midi, place aux restitutions et au "débat collectif". |