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Logement - Quand le bâtiment ne va pas, rien ne va plus

La Fédération française du bâtiment est inquiète. Les chiffres de son observatoire sont au rouge : mises en chantiers, délais de paiement des clients, créations d'entreprises (hors auto-entrepreneurs), cessations d'activité, emploi... Il est temps, pour la FFB, que le gouvernement accélère les mesures de soutien au marché.

Lors de son point presse du 18 septembre, Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), a fait part des vives inquiétudes du secteur et appelé le gouvernement à accélérer les mesures envisagées. La note mensuelle de conjoncture de la FFB, publiée pour l'occasion, confirme la tendance à la dégradation du marché, en dépit du léger répit observé durant l'été. La FFB estime ainsi que 2012 devrait s'achever sur la mise en chantier d'environ 350.000 logements, soit un recul de 16,5% par rapport à l'année précédente (421.000 logements).
Les résultats ne seront guère meilleurs dans le non-résidentiel, avec un recul de 9,3% des surfaces construites (hors bâtiments agricoles). Le secteur de l'amélioration-entretien résiste mieux, avec un recul de 0,5% entre les premiers semestres 2012 et 2011. Compte tenu de la réduction des carnets de commandes, la FFB prévoit un recul de la production en volume de 1,9% sur l'ensemble de l'année 2012. Par ailleurs, de nombreuses entreprises du secteur sont fragilisées par l'allongement des délais de paiement des clients, "alors que les délais fournisseurs doivent aujourd'hui strictement respecter la LME" (loi de modernisation de l'économie).

"Un site d'Aulnay par mois"

Les conséquences de ces différentes évolutions se font immédiatement sentir. Côté entreprises, les créations sont certes en hausse (+5,8% depuis le début de l'année), mais cela est dû uniquement au phénomène des auto-entrepreneurs. Hors ces derniers, les créations d'entreprises sont en recul de 7,1%.
Même paradoxe apparent pour les cessations d'activité : si les défaillances - au sens juridique du terme - continuent leur décrue (-10,6% depuis le début de l'année), les cessations pures d'activité (sans procédure collective préalable) progressent en revanche de 13,4% en glissement annuel à la fin mai 2012 (après +17,3% en 2011 et +15,9% en 2010).
Côté salariés, le tableau dressé par la FFB est tout aussi sombre. L'amélioration constatée en 2011 est en voie d'être effacée. Selon la fédération, la perte d'emplois nette au premier semestre 2012 s'élève à environ 11.100 postes (-0,9%). Sur les prochains mois, les prévisions de la FFB sont "clairement négatives", avec la perspective, pour l'ensemble de l'année 2012, d'une "perte globale nette de l'ordre de 35.000 postes en moyenne annuelle". Afin de marquer les esprits lors de son point presse, Didier Ridoret n'a pas hésité à comparer ce recul à "l'équivalent d'un site d'Aulnay par mois, dans une totale indifférence".

Le Duflot ? Oui, mais...

Dans ces conditions et pour sauver la seconde partie de l'année 2013 (le premier semestre étant déjà passé par profits et pertes), la FFB estime qu'"il est urgent que le gouvernement mette en oeuvre les mesures annoncées lors de la campagne présidentielle et de la Conférence environnementale, visant à soutenir le marché".
La fédération pense notamment à un soutien accru à la rénovation énergétique, à la lutte contre la rétention foncière pour faire baisser le prix des terrains et, naturellement, à la mise en place du nouveau dispositif fiscal d'incitation à l'investissement locatif (voir notre article de ce jour). A la lecture de l'interview accordée par Cécile Duflot au Figaro, la Fédération a fait savoir qu'elle s'"étonnait" que le dispositif fiscal envisagé ne repose pas, "comme annoncé initialement", précise-t-elle, sur un principe d'amortissement "non-niché". Concernant la révision du zonage, la FFB a exprimé son impatience sur "les contours définitifs du dispositif afin d'obtenir au plus vite une bonne visibilité pour les investisseurs".