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Environnement - Quand l'agro-écologie urbaine fait campagne

Remettre l'agriculture en coeur de ville. Derrière l'épiphénomène, il y a tout de même débat. Un colloque organisé le 14 novembre par l'association Le Vivant et la Ville s'en est fait l'écho.

Qu'est-ce que l'agriculture urbaine ? "Ce n'est pas forcément une agriculture dans la ville mais une agriculture qui tire exclusivement profit de sa proximité avec la ville", pose Xavier Laureau, président du Vivant et la Ville. Originale, cette structure, qui organisait un colloque le 14 novembre à Versailles, est une association réunissant une vingtaine de PME (du paysage, de la formation, de la construction, du conseil en environnement) investies sur ce créneau. "Il ne faut pas se faire d'illusion, cette forme d'agriculture de proximité restera une niche mais elle témoigne d'un regain d'intérêt des villes pour les campagnes. Un nouveau souffle qu'en tant qu'agriculteur, on ne peut plus se permettre de négliger. D'autant qu'il se manifeste un peu partout, à Montréal, Vancouver, Berlin, mais aussi à Metz et dans d'autres villes françaises", soutient Laurent Klein, président de la Société des agriculteurs de France. Entre les solutions très pointues de culture hydroponique ou hors-sol - répandues dans les villes asiatiques mais qui pâtissent d'une mauvaise image en France et restent contestables d'un point de vue environnemental – et le modèle des jardins et potagers partagés, il y a peut-être une place à prendre. Notamment sur d'anciennes friches à reconvertir. 

Le hors-sol cherche sa place en ville

C'est d'ailleurs l'idée du Vivant et la Ville. A Saint-Cyr-l'Ecole (Yvelines), près de Versailles, sur un terrain partiellement pollué pour avoir longtemps accueilli des déblais de matériaux, cette pépinière d'entreprises va ouvrir en avril prochain un site pilote d'agriculture urbaine de près de 3 hectares. "Il ne faut pas y voir un gadget. Ce démonstrateur sera créé dans l'optique de valoriser du foncier contraint et délaissé", précise Xavier Laureau. Soutenu par le ministère de l'Agriculture et la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer), le projet nécessite un investissement de 350.000 euros. "S'il est économiquement viable, il nous restera à le démontrer et à convaincre d'autres territoires de se lancer car le modèle de fonctionnement du site sera réplicable ailleurs, sur d'anciens sites industriels, d'anciens entrepôts ou gares de triage", poursuit Alexis Lefebvre, chargé de l'agriculture urbaine au bureau d'études Gally. Fraises sur gouttière, jardins locatifs, salades bio poussant dans des pots ou des sacs : le site produira et alimentera de la vente en circuit court tout en misant sur l'accueil du public, avec un espace d'exposition prévu en ce sens sur les techniques qui sont testées dans le monde.
"La question, c'est quelle valeur donne-t-on à ces greffes d'activités agro-écologiques sur d'anciennes friches ?", ajoute Flore Scheurer, urbaniste à la direction générale de l'aménagement de la ville de Bordeaux. Si cette ville se penche sur le sujet, c'est dans le cadre de la reconquête des berges sur la rive droite de la Garonne. Dans son parc aux Angéliques, pièce maîtresse de ce territoire en pleine reconversion, elle espère y faire un peu d'agro-écologie mais se confronte au manque de structuration du domaine. "Trouver des partenaires n'est pas aisé", conclut-elle.

Morgan Boëdec / Victoires éditions

Végétalisation du bâti : un guide à tous les étages
Le colloque de Versailles fut aussi l'occasion de présenter, sur un tout autre sujet, un guide sur les "enveloppes végétalisées" à la fois technique, opérationnel et qui se concentre sur l'aspect montage de projet. Quelle veille mettre en place sur le sujet ? Comment définir ses besoins et élaborer son offre ? Et comment évaluer le coût de maintenance de ces toitures et murs végétalisés ? Ce guide, disponible auprès de l'association Le Vivant et la Ville, et qui s'adresse aux maîtres d'ouvrage, maîtres d'œuvre, architectes, promoteurs, paysagistes, copropriétés et collectivités locales, y répond en grande partie. Il recommande ainsi de "préparer les projets le plus en amont possible et de penser l'entretien dès la phase de conception". Mais aussi "d'adapter les végétaux aux conditions spécifiques des sites, aux attentes esthétiques du client et au budget d'entretien prévu". Autre contrainte à prendre en compte, celle "relatives à la circulation de l'eau et à son éventuelle récupération". L'ouvrage, qui se fait aussi l'écho de retours de chantiers, rappelle le cadre réglementaire et vise à "éviter les erreurs qui peuvent entraîner les surcoûts les plus fréquemment observés".

M.B.

 

 

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