Politique de la ville - QPV d'outre-mer : la misère française n'est pas plus belle au soleil
Le commissariat général à l'égalité des territoires a puisé dans le chapitre consacré aux "quartiers prioritaires dans les outre-mer" du rapport 2015 de l'Observatoire national de la politique de la ville pour rédiger une synthèse en quatre pages sur le sujet pour le n°21 de sa publication "En bref". Occasion de revenir sur les spécificités des 218 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ultra-marins (dont 34 quartiers Anru), où habitent 500.000 personnes, soit 25% de la population ultramarine et 10% de la population de l'ensemble des 1.500 QPV de France. Ils étaient 330 avant la réforme de la géographie prioritaire (dont 35 ZUS) et accueillaient alors 30% de la population ultra-marine, mais ils recevaient 13 millions d'euros d'aides de l'Etat au titre de la politique de la ville, contre 16 millions d'euros aujourd'hui.
A La Réunion (835.100 habitants), 163.500 personnes résident dans 49 QPV situés dans 13 villes. La moitié vit avec un revenu inférieur à 6.100 euros par unité de consommation (comparativement, la moitié des Réunionnais vit avec un revenu inférieur à 10.500 euros par unité de consommation). La part de ménages monoparentaux est égale à 12% (soit 4 points de plus que l’ensemble de La Réunion). La part des ménages locataires est près d’une fois et demie supérieure à la moyenne de l’île (75,3% contre 51,5%).
Néanmoins, les 49 QPV ne sont pas homogènes et quatre grands types se dessinent : les quartiers composés de grands ménages propriétaires ; ceux composés de petits ménages locataires ; ceux caractérisés par une pauvreté intense et de fortes inégalités de revenus et, enfin, ceux à la fois plus inégalitaires en termes de revenu mais où la mobilité résidentielle est la plus forte, pouvant traduire une relative mixité sociale.
A Mayotte (217.000 habitants), 143.600 personnes résident dans 36 QPV situés dans 15 villes. 71,3% des personnes de 15 à 64 ans vivant en QPV sont sans emploi (c’est-à-dire au chômage ou inactives). L’absence de confort des logements concerne aussi bien les QPV que le reste de l’île (30,6% des logements sont dépourvus d’eau courante dans les premiers et 30,0% dans les seconds). Près de 55% de la population des QPV a moins de 20 ans (53,5% dans le reste de l’île), contre 24,4% dans les unités urbaines de métropole concernées par un QPV. 37% des personnes de plus de 15 ans habitant en QPV n'ont suivi aucune scolarité même primaire, soit 6,6 points de plus que dans le reste de l’île.
En Guyane (244.100 habitants), un peu plus de 104.000 personnes résident dans 32 QPV situés dans 5 villes. Le taux de chômage s'élève à 33,8%, soit 15 points de plus du reste des communes urbaines. Le taux d’activité des femmes (58,4%) est bien plus faible que celui des hommes (50%) et que le reste des communes urbaines de la Guyane (55%). Les ressortissants de nationalité étrangère représentent une part importante de la population de la Guyane, qu’ils résident dans un QPV (38%) ou hors (20,4%), contre 8,4% en métropole dans les unités urbaines concernées par des QPV.
En Polynésie française (274.200 habitants), 71.370 personnes résident dans 76 QPV situés dans 9 villes. Le chômage ou l’inactivité les touche davantage que les habitants du reste de l’agglomération de Papeete. Près des trois quarts des QPV ont un taux de surpeuplement supérieur à 40% quand dans le reste de l’agglomération de Papeete, les trois quarts des districts, ont un taux de surpeuplement inférieur à ce seuil.
En Guadeloupe (402.100 habitants), près de 59.000 habitants résident dans 16 QPV situés dans sept villes. Le chômage concerne 40% de la population active (contre 27% dans le reste des communes urbaines de l’archipel). Et les familles monoparentales représentent la moitié des familles résidant dans un quartier prioritaire (soit 15,2 points de plus que dans le reste du territoire urbain guadeloupéen). Les QPV de Guadeloupe se caractérisent également par un faible taux de scolarisation des jeunes de 18 à 24 ans et par un taux d’activité des femmes sur le marché du travail relativement élevé (66,1%), très proche de celui des hommes (66,8%), et de celui des femmes résidant en France métropolitaine dans une unité urbaine concernée par un QPV (68,6%) et de près de 15 points supérieur à celui des femmes des QPV (France entière).
En Martinique (385.600 habitants), 27.300 habitants résident dans 7 QPV situés dans 4 villes. Là encore les ménages monoparentaux avec jeunes enfants y sont surreprésentés (9,7%) par rapport à la moyenne de la région (7,4%) et celle des QPV de métropole (6,9%). Les ménages sont majoritairement locataires (71,7% contre 50% dans le reste de la Martinique, mais 86,4% dans les QPV métropolitains). La part des jeunes de moins de 14 ans y est plus faible que dans les QPV hexagonaux (19,7% contre 24%). Les grands ménages (6 personnes ou plus) représentent 4,6% des ménages, contre 6,9% dans les QPV de métropole.
A Saint-Martin (35.600 habitants), les 2 QPV abritent 9.900 habitants. Le chômage touche près de 45% des actifs, contre 30% dans le reste de la partie française de l’île. 57% des habitants des QPV sont sans diplôme (contre 30% dans le reste de la partie française de l’île) et pour 39,4% de nationalité étrangère (contre 30,7% dans le reste de la partie française de l’île). Dans ces quartiers à l'habitat majoritairement informel, les locataires sont moins représentés (5,1% contre 7,1%).
La Nouvelle-Calédonie n'a pas de QPV, car la loi du 21 février 2014 de programmation pour la ville et la cohésion urbaine, qui a institué les QPV et les contrats de ville, ne s’applique pas à cette collectivité.