Social - Protection de l'enfance : le placement pèse sur les résultats scolaires
On s'en doutait un peu, mais une étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux vient le confirmer, chiffres à l'appui : "La situation familiale ou sociale difficile vécue par les enfants placés dans les établissements de l'aide sociale à l'enfance (ASE) influe sur leur scolarité". Point important : faute d'informations sur les placements en familles d'accueil, l'étude de la Drees porte uniquement sur les placements en établissements (maisons d'enfants à caractère social, ou MECS) et en foyers départementaux de l'enfance.
Le placement atténue la déscolarisation...
Le parcours scolaire de ces enfants pris en charge par les départements est largement conditionné par le contexte qui a motivé la décision de placement : manque de soutien parental et carences éducatives, maltraitance, mal-logement ou surpeuplement, pauvreté... Les situations de grande difficulté scolaire, voire de déscolarisation, préexistent donc le plus souvent à la décision de placement. Les enfants concernés souffrent aussi d'un important retard scolaire, puisque les deux tiers de ceux qui entrent au collège affichent un retard d'au moins une année. Dans ces conditions, les MECS et les foyers départementaux de l'enfance ne peuvent pas faire de miracles. Ils parviennent néanmoins à réinsérer les enfants déscolarisés. Au moment du placement en MECS, les enfants de quinze ans déscolarisés sont en effet trois fois plus nombreux qu'en population générale. Pour sa part, le taux de déscolarisation en foyer départemental de l'enfance est même trois fois supérieur à celui constaté à l'entrée en MECS. Mais, comme l'explique l'étude de la Drees, "après quelques mois de prise en charge, les enfants déscolarisés reprennent le chemin de l'école : de 3,8% d'enfants déscolarisés la première année du placement, il reste 1,5% d'enfants déscolarisés parmi ceux entrés depuis un à deux ans et 0,7% parmi ceux entrés depuis plus de deux ans". Ce bon résultat est d'ailleurs sans doute sous-évalué, dans la mesure où les enfants placés en établissement durant plus d'un an sont ceux qui rencontrent les difficultés les plus lourdes et sont donc, a priori, les plus déscolarisés au départ.
... mais le parcours scolaire reste chaotique
Même si l'institution parvient ainsi à "rattraper" certains élèves, leur parcours scolaire n'en reste pas moins chaotique. Ainsi, les jeunes placés en établissement sont nombreux à quitter l'école dès qu'ils atteignent l'âge légal de la fin de la scolarité, autrement dit seize ans. A cet âge, 15,8% d'entre eux ne sont plus scolarisés, contre 5,8% en population générale. A 17 ans, ces taux sont respectivement de 22% et 9,6%. Parmi les jeunes de 16-17 ans qui quittent l'école, seuls 3% trouvent un emploi et 34% s'engagent dans un stage ou une formation professionnelle, tandis que 16% cherchent un emploi et que 47% restent sans activité alternative à la scolarité.
Autre signe de ce décalage avec les autres élèves : 61,5% des adolescents de 15 ans placés en établissements sont toujours dans un niveau relevant du premier cycle - voir un niveau élémentaire - contre 36,9% en population générale. De ce fait, ils sont très fréquemment dirigés vers l'enseignement professionnel court (BEP, BEP agricole, CAP...). Seuls 5,3% des adolescents placés de 15 ans suivent un second cycle général ou technologique, alors que cette proportion est de 49% pour l'ensemble des jeunes du même âge.