Emploi - Privé de prime d'activité, l'apprentissage devrait faire l'objet d'une nouvelle mesure de soutien
La prime d'activité qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2016 sera-t-elle étendue aux apprentis et aux étudiants travailleurs ? La question fait débat depuis plusieurs semaines et la communication gouvernementale n'est pas très nette sur le sujet. Participant à l'émission "Le Supplément" sur Canal Plus le 19 avril 2015, François Hollande a signalé que cette prime bénéficierait à "toutes les personnes qui sont dans ce qu'on appelle les petits boulots, l'intérim, le temps partiel, pour leur donner un avantage supplémentaire, pour que ça puisse être avantageux de continuer à travailler". Plutôt que d'apporter des précisions, cette déclaration a semé le doute. D'aucuns en ont conclu que les apprentis et les étudiants employés pour de petits boulots pourraient y être éligibles. Cependant, dès le lendemain de l'intervention du président, le ministère du Travail a remis les choses au clair, lundi 20 avril, indiquant qu'à ce stade, la prime était ouverte à tous les actifs, dont les jeunes de 18 à 25 ans mais que les apprentis n'y seront pas éligibles. Les étudiants exerçant des petits boulots ne pourront pas non plus y prétendre… La question de l'élargissement à ces publics devrait toutefois revenir sur le tapis lors des débats parlementaires autour du projet de loi relatif au dialogue social et au soutien à l'activité des salariés qui contient la création de la prime d'activité. Le projet de loi sera présenté en conseil des ministres le 22 avril.
La prime d'activité doit se substituer au RSA activité et à la prime pour l'emploi. Elle a été annoncée par le gouvernement en mars. Objectif : augmenter le pouvoir d'achat de ces actifs tout en les incitant à travailler. Elle devrait concerner 5,6 millions de personnes, dont un million de jeunes et sera versée tous les mois, à partir d'un montant fixé pour trois mois. Un célibataire travaillant à temps plein au Smic pourrait ainsi bénéficier d'une prime de 130 euros. Pour une mère isolée, avec un enfant, qui travaille à tiers temps, le montant de la prime pourrait atteindre 220 euros. Lors de son interview, François Hollande a souligné l'importance d'en faire profiter les jeunes sur lesquels était centrée son intervention. "Il y avait déjà eu une idée de RSA activité, mais en fait ceux qui avaient moins de 25 ans ne pouvaient pas y avoir droit, or les plus précaires sont souvent les jeunes, ceux qui acceptent des petits boulots, des stages et quelquefois des contrats qui durent à peine un mois, a-t-il insisté. Ceux-là, on va les favoriser au plan de la reprise de l'emploi, ils vont avoir cette prime d'activité."
Coût de la mesure : 4 milliards d'euros, obtenus à travers des redéploiements de fonds (RSA activité et PPE). "On y ajoutera peut-être un peu plus, a précisé François Hollande, mais quand on est devant cet enjeu-là, je crois qu'il ne faut pas compter car ce qui compte, c'est le travail." Pour le président, il s'agit de mettre en place "quelque chose de beaucoup plus simple, de beaucoup plus clair et de beaucoup plus incitatif".
Une nouvelle opération pour soutenir l'apprentissage
Le président de la République compte aussi mettre l'accent sur l'apprentissage. "Je vais lancer avec le Premier ministre une nouvelle opération pour soutenir l'apprentissage, a annoncé François Hollande. Il y aura des avantages pour tous les employeurs, notamment les toutes petites entreprises, qui prennent un apprenti mineur. Ces employeurs ne paieront plus rien sur l'emploi d'un apprenti lorsqu'il est mineur." La nouvelle mesure d'exonération de charges pour les employeurs d'apprentis mineurs devrait être mise en place pour la rentrée scolaire prochaine. Elle intervient alors que l'apprentissage ne cesse de baisser : -8% en 2013 et -3% en 2014. Les chiffres du début d'année ne sont pas meilleurs, avec une baisse de 19% en janvier 2015 par rapport à janvier 2014 et de 13% en février 2015 par rapport à février 2014…
Enfin, le président a mis en avant ce qu'il considère comme "la grande réforme sociale" du quinquennat : le compte personnel d'activité, le "capital de ceux qui travaillent". Regroupant les comptes existants (compte personnel de formation, compte pénibilité, compte épargne temps notamment), il est prévu pour 2017. Il est également inscrit dans le projet de loi de François Rebsamen. "On a créé le compte formation : à mesure qu'on avance dans la vie active, on sera doté d'un certain nombre de crédits de formation. Et si on est sorti de l'école très tôt, on aura un capital de départ. Ceux qui sont dans des métiers pénibles, ils auront des droits supplémentaires. Ceux qui n'utilisent pas tout le temps de travail, ils pourront aussi capitaliser sur ce compte, a affirmé le président. Cela leur permettra d'avoir de la liberté, de la protection et des moyens de vivre et de réussir leur parcours de vie."