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Prévalence de la perte d'autonomie : pourquoi tant d'écarts entre départements ?

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux vient de publier une étude inédite sur les écarts territoriaux dans la perte d'autonomie et le recours à l'aide de professionnels et/ou de l'entourage. Les résultats montrent l'existence d'écarts importants dans la prévalence de la perte d'autonomie, sans qu'il soit forcément possible d'en identifier précisément les causes. De fortes variations apparaissent aussi dans le recours à l'entourage ou à des professionnels.

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux publie, dans sa collection "Les dossiers de la Drees", les résultats d'une étude inédite sur les écarts territoriaux dans la perte d'autonomie et le recours à l'aide de professionnels et/ou de l'entourage. Ce travail s'appuie sur l'exploitation de l'enquête Vie quotidienne et santé (VQS), réalisée en 2014 et qui permet de comparer entre départements la perte d'autonomie des personnes âgées de 75 ans et plus vivant à domicile, pour divers indicateurs de limitations fonctionnelles (physiques, sensorielles et cognitives) et de restrictions d'activité.

7% de personnes "sévèrement dépendantes" dans le Morbihan, mais 24% en Guadeloupe

Les résultats montrent l'existence d'écarts importants dans la prévalence de la perte d'autonomie, sans qu'il soit forcément possible d'en identifier précisément les causes. En revanche, les écarts dans le recours aux aides peuvent s'expliquer, au moins pour partie, par les différences dans l'importance de l'offre départementale ou par des facteurs socio-économiques. Les résultats présentés correspondent aux prévalences brutes, autrement dit standardisées sur l'âge et le sexe. Mais la Drees indique qu'une telle standardisation se révèle sans impact sur les résultats.

Ces derniers montrent que la prévalence de la perte d'autonomie est plus faible dans les régions Bretagne, Pays de la Loire, Centre?Val de Loire et Ile?de?France. Elle est en revanche plus forte sur la frontière nord, sur toute la partie sud de la France (en dessous d'une ligne La Rochelle-Belfort) et dans les DOM. La prévalence moyenne nationale des personnes de 75 ans et plus classées dans le groupe IV de l'étude VQS (personnes "sévèrement dépendantes") est de 12%. Mais cette moyenne recouvre des écarts allant de 7% dans le Morbihan à 24% en Guadeloupe.

Des écarts territoriaux pas toujours évidents à expliquer

Les écarts entre départements sont un peu moins importants si on considère un autre indicateur présent dans de nombreuses enquêtes : les limitations d'activité générales à domicile, autrement dit Gali (pour Global Activity Limitation Indicator). La prévalence moyenne de cet indicateur chez les 75 ans ou plus vivant à domicile est de 20% et va de 14% en Essonne à 30% en Guadeloupe.

L'étude descend aussi au niveau des différents types de restrictions d'activité, mais toujours sans qu'il soit possible de donner des explications convaincantes. L'Ariège est ainsi le département où les individus de 75 ans ou plus vivant à domicile cumulent plus souvent au moins deux limitations fonctionnelles (46% contre 18% en Essonne), La Réunion est le plus touché par des limitations dans les fonctions physiques (49% contre 27% dans les Yvelines, pour une prévalence moyenne de 36%). De même, les habitants du Sud vivant à domicile sont plus touchés par les limitations fonctionnelles cognitives et ceux du Centre davantage par les limitations fonctionnelles sensorielles…

De fortes variations dans le recours à l'entourage ou à des professionnels...

Les écarts entre départements existent aussi en matière d'aide à la vie quotidienne à domicile. Ainsi, la prévalence moyenne d'une aide de l'entourage est de 41% chez les personnes de 75 ans et plus. Mais elle varie de 32% à Paris à 65% à La Réunion. Pour la Drees, "ces disparités peuvent traduire des habitudes de solidarités familiales différentes selon les territoires". Les prévalences les plus élevées en matière d'aide de l'entourage s'observent ainsi plutôt dans les départements du Nord de la France, de l'Est et du Centre, ainsi que dans les DOM. Elles sont en revanche plus faibles dans les départements de l'Ile-de-France et autour de l'Ile-de-France, en Bretagne et dans quelques départements à l'Est et au Sud-Ouest.

A l'inverse, la prévalence moyenne de l'aide professionnelle à domicile (infirmier, aide-ménagère...) est de 32%. Les écarts entre les départements sont plus resserrés, puisqu'ils vont de 24% dans l'Oise à 45% en Haute?Corse. Sans surprise, le taux de prévalence du recours à une aide de l'entourage ou à une aide professionnelle est lié à la prévalence des incapacités fonctionnelles, même si ce rapprochement connaît des exceptions. Paris, les Hauts-de-Seine et les Yvelines sont ainsi à la fois les départements au sein desquels la prévalence des limitations fonctionnelles physiques et cognitives est la plus faible et ceux qui ont de faibles taux de recours pour l'aide de l'entourage et l'aide professionnelle.

... mais qui s'expliquent plus aisément

Mais l'étude de la Drees met également en évidence l'existence de disparités de perte d'autonomie liées au contexte socio-économique et d'offre sur le territoire. Un certain nombre de variables - à commencer par les taux d'équipement - jouent ainsi, à des degrés divers, sur la prévalence du recours à des aides professionnelles à domicile. La Drees propose notamment un intéressant graphique d'analyse des composantes multiples, qui positionne les départements sur plusieurs axes en fonction de divers items. Il apparaît ainsi qu'une perte d'autonomie élevée à domicile est corrélée à un faible taux d'équipement en places en établissement d'hébergement pour personnes âgées (obligeant à rester plus longtemps au domicile malgré la perte d'autonomie), mais aussi à une offre et un recours à l'aide à domicile élevés (incitant à rester à domicile malgré la perte d'autonomie).

Autre corrélation avancée par l'étude : le niveau de pauvreté comme facteur explicatif de la perte d'autonomie. Les chiffres montrent en effet des incapacités à domicile plus fréquentes dans les départements où vivent davantage d'anciens ouvriers, employés ou agriculteurs.

 

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