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Politiques en faveur de la petite enfance : la France dans la moyenne

"Les pays les plus riches sont-ils favorables aux familles ?", c'est la question à laquelle le bureau de recherche de l'Unicef tente de répondre. Centrée sur la petite enfance, sa dernière étude analyse les données de 41 pays. La Suède, la Norvège et l'Islande sont en tête de classement ; la France est au dixième rang.

Innocenti, le bureau de recherche de l'Unicef, publie une nouvelle édition de son étude récurrente sur les politiques familiales au sein des pays de l'Union européenne et de l'OCDE. Intitulée "Are the world’s richest countries family-friendly ?" ("Les pays les plus riches sont-ils favorables aux familles ?"). Face au pessimisme de nombreux discours déclinistes, l'étude commence par rappeler que les pays déployant une politique en faveur des familles offrent aux enfants un meilleur départ dans la vie et permettent aux parents de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale. Ces politiques qui font l'objet de l'étude - centrée sur la petite enfance - comprennent notamment les congés parentaux payés, ainsi que des services de garde d'enfants et d'éducation préscolaire abordables et de qualité.

Quatre grands indicateurs pris en compte

Le rapport passe ainsi en revue les politiques familiales en faveur de la petite enfance dans 41 pays à revenu élevé ou intermédiaire, en se fondant sur quatre indicateurs nationaux : la durée des congés payés disponibles pour les mères, la durée des congés payés réservés spécifiquement aux pères, la part des enfants de moins de trois ans dans des modes de garde et, enfin, la part des enfants âgés de trois ans à l'âge de la scolarité obligatoire dans des modes de garde ou dans des centres préscolaires.

La combinaison de ces différents éléments permet de classer les 41 pays étudiés. En réalité, seuls 31 pays sont véritablement classés, 10 ne disposant en effet de données que sur deux des quatre indicateurs pris en compte (dont le Japon, le Canada, le Mexique, l'Australie, la Turquie, la Nouvelle-Zélande...), même si certains offrent des prestations généreuses sur les services pris en compte. À noter : les États-Unis sont le seul des 41 pays étudiés sans congé de maternité, congé de paternité, ni congé parental à l'échelle nationale (certains États proposant toutefois des programmes d'assurance congés parentaux payés aux salariés éligibles).

La France au dixième rang en matière de politique pour la petite enfance

Contrairement à une idée largement répandue – en lien avec un taux de fécondité plus élevé que dans la plupart des autres pays développés –, la France ne figure pas dans le trio de tête. Le podium est en effet occupé par la Suède, la Norvège et l'Islande. La France figure toutefois à la dixième place, donc en fin du premier tiers. Outre le trio de tête, elle est devancée par des pays comme l'Estonie, le Portugal, l'Allemagne (longtemps à la traîne, mais qui mène depuis plusieurs années une politique familiale très active sans parvenir pour autant à enrayer son déclin démographique), le Danemark, la Slovénie et le Luxembourg.

La France apparaît ainsi bien classée sur la prise en charge des enfants (en modes de garde ou en école maternelle) entre 3 ans et l'âge scolaire (sixième avec un taux de 94%) et sur le même critère en dessous de l'âge de trois ans (huitième avec un taux de 49%). Sur ces deux items, les taux les plus élevés sont respectivement de 99% (Islande) et 70% (Danemark). En matière de modes de garde, la France présente également l'un des plus faibles taux de parents d'enfants de moins de trois ans déclarant que le coût est la principale raison pour laquelle ils ne font pas (davantage) appel aux modes de garde formalisés. Ce taux n'est en effet que de 4%, derrière des pays comme la Suède (0%), le Danemark (0,7%) ou la République tchèque (0,9%), mais loin devant des pays comparables comme les Pays-Bas (14%), l'Espagne (17,9%) ou le Royaume-Uni (22%).

Le point faible du congé maternité

La France est également correctement classée au onzième rang en matière de congé paternité – récemment amélioré –, avec l'équivalent de 5,6 semaines d'indemnisation à taux plein. Mais ce chiffre reste assez loin de celui de certains pays comme le Japon (30,4 semaines), la Corée du Sud (17,2), le Portugal (12,5) ou la Suède (10,9).

Le point faible est paradoxalement le congé maternité, pour lequel la France ne figure qu'au 26e rang sur les 40 pays (hors États-Unis) proposant cette prestation. Avec l'équivalent de 19 semaines de congés maternité à taux plein, la France est en effet loin de pays comme l'Estonie (85 semaines), la Hongrie (72), la Bulgarie (63), la Lituanie (62) ou la Slovaquie (54).

Même si les quatre indicateurs pris en compte sont relativement simples à calculer et donc globalement fiables pour servir de base à des comparaisons internationales, il reste qu'ils n'épuisent pas la réalité des politiques familiales. Une vision globale de ces dernières – nécessairement plus complexe – nécessiterait de prendre aussi en compte d'autres dimensions, à commencer par les aides sociales (allocations familiales) et fiscales en faveur de l'enfance et des familles.

 

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