Industrie - Plans industriels : vers une deuxième phase dès avril 2015
Combien restera-t-il de plans de la Nouvelle France industrielle dans la phase II du dispositif prévue en avril 2015 ? D'après les récentes déclarations d'Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, qui souhaite "réduire la voilure", on passerait de 34 plans à une dizaine seulement. "34 plans, ce n'est pas gérable, mais il ne s'agit pas de réduire pour réduire", explique-t-on à son cabinet. Ces plans ont été lancés en septembre 2013 pour dessiner la "Nouvelle France industrielle" dans les dix ans. Dotés de 3,7 milliards d'euros financés par le programme d'investissements d'avenir, ils pourraient créer près de 475.000 emplois, d'après les estimations du gouvernement.
Pour le ministère de l'Economie, dans cette deuxième phase, il est nécessaire d'assurer une meilleure coordination entre les différents plans et de trouver une cohérence par besoin du marché et non par technologie comme c'est actuellement le cas. La deuxième phase devrait aussi être l'occasion d'insister sur l'internationalisation des produits, avec l'intervention officielle de la nouvelle agence Business France, issue de la fusion entre l'Agence française pour les investissements internationaux (Afii) et d'Ubifrance, qui étaient jusque-là associées aux plans de manière informelle.
Les moyens financiers et les objectifs resteront inchangés. "Les moyens sont préservés, assure-t-on ainsi au cabinet du ministre de l'Economie. Il s'agit d'obtenir plus d'efficacité et de résultats et pas de casser les dynamiques engagées."
Les détails précis sur cette deuxième phase n'interviendront qu'après la concertation de l'ensemble des acteurs concernés et la fin des réunions de revue qui se tiennent depuis novembre 2014 jusqu'à fin mars 2015. Les dernières se sont tenues le 12 mars, sur la valorisation des ressources naturelles (plans concernant les textiles innovants, les industries du bois et les produits pour une alimentation sûre, saine et durable) et les 13 et 16 mars sur les usages et technologies du numériques. Deux nouvelles réunions sont prévues : le 25 mars sur les transports et la mobilité et le 30 mars sur la santé.
Un plan Usine du futur à renforcer…
Plusieurs appels à projets ont été lancés dans le cadre des 34 plans industriels. Si Bercy n'a pas encore une vision globale du nombre d'appels à projets et des budgets consacrés, il assure que les projets vont fuser. Dans le cadre du plan sur les textiles innovants, un appel à projets "Nouveaux usages et nouveaux procédés du textile" a ainsi été lancé le 20 février 2015 (clôture fin juin), pour un montant de 20 millions d'euros. Dans ce cadre, certains projets pourraient être lancés avant la fin de l'année.
Des appels à projets ont également été lancés dans le cadre du plan Usine du futur. Le pilotage de ce plan a été confié aux régions, en collaboration avec deux industriels, Frédéric Sanchez, président du directoire de Fives, et Bernard Charlès, président de Dassault Systèmes. Objectif : moderniser l'outil industriel des PME. Bercy compte renforcer ce plan, avec l'arrivée d'un groupe industriel, en cours de sélection, et le lancement, d'ici la fin du premier trimestre, du premier projet pilote, véritable vitrine du savoir-faire français en matière de technologies de production. "La feuille de route a été un très gros travail, elle n'est pas remise en cause, mais le squelette du plan mérite d'être renforcé", explique-t-on à Bercy. D'après l'Association des régions de France (ARF), sur le volet régional, les choses avancent bien, la plupart des régions ayant commencé à mettre en oeuvre leur programme. "Toutes ne sont pas au même niveau de maturité, il y a certaines régions, comme l'Aquitaine, moteur du plan, qui ont bien avancé, et d'autres qui s'y sont mises depuis l'automne. D'autres encore n'ont rien budgété en 2014 mais ont prévu des dispositifs pour 2015. Quelques régions enfin vont attendre pour voir et s'inspirer des actions engagées", détaille l'ARF.
Plus globalement, les régions sont déçues de la tournure que prend la stratégie de la Nouvelle France industrielle. Au moment du lancement des plans, en 2013, Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, leur avait promis qu'elles joueraient un rôle important. Elles étaient ainsi censées faire remonter les projets les plus prometteurs, notamment ceux issus des pôles de compétitivité, pour l'ensemble des plans industriels. Chacune d'elles devait ainsi, en lien avec sa stratégie régionale d'innovation, arrêter cinq priorités stratégiques et cinq priorités régionales prises sur la liste des 34 plans. Pour chacune des priorités, les régions devaient aussi désigner un chef de projet régional choisi parmi les patrons de PME. Des chefs de projets qui devaient travailler avec les chefs de projets nationaux. "Il y avait eu beaucoup d'espoir soulevé par cette démarche mais il se trouve que les chefs de projet nationaux, désignés auparavant, ont rarement pris la peine de dialoguer avec les interlocuteurs régionaux, déplore l'ARF. Ensuite il y a eu la revue des plans qui a freiné la démarche, mais depuis, nous ne sommes plus dans la boucle." Restaurer la vision régionale des plans nécessitera un dialogue direct entre l'Etat, estiment les régions.