Industrie - Tous les plans de la Nouvelle France industrielle opérationnels avant le 14 juillet
Avec un peu de retard au démarrage, les plans de la Nouvelle France industrielle présentés par François Hollande en septembre 2013 sont à présent presque tous bouclés. Cinq nouvelles feuilles de route ont été validées par le comité de pilotage, le 18 juin, en présence du ministre de l'Economie Arnaud Montebourg et des ministres concernés par les thématiques. Ce qui porte à 21 le nombre de plans en ordre de marche. Les 13 restants le seront "d’ici le 14 juillet", indique le ministère de l’Economie, dans un communiqué du 18 juin.
Les cinq plans validés lors de ce 4e comité concernent l’industrie du bois, la rénovation thermique des bâtiments, la santé numérique, les dispositifs médicaux et nouveaux équipements de santé, et les objets connectés.
Immeubles de trente étages
Le plan Industries bois, piloté par Franck Mathis PDG de Mathis S.A. et Dominique Weber, PDG de Weber industries, s’inscrit dans un plan plus large de redressement de la filière lancé le 17 octobre par Arnaud Montebourg et Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture.
La feuille de route rappelle que la filière connaît un déficit de 6 milliards d’euros, avec ce paradoxe que la France, troisième surface forestière d’Europe, exporte son bois mais le réimporte ensuite une fois transformé. Le plan "va corriger ce déséquilibre en réimplantant sur le territoire national les activités de transformation et en accélérant l’industrialisation de l’offre", indique la feuille de route. Il vise des débouchés aussi bien dans la construction que dans l’énergie et les biens de consommation. 60.000 nouveaux emplois sont escomptés dans les zones rurales.
Le plan repose avant tout sur la construction d’immeubles de grande hauteur (IGH). La France, où les plus hauts bâtiments comportent 8 étages, accuse un retard par rapport à des pays comme la Norvège (14 étages) ou l’Australie (18 étages). Les chefs de projets mettent la barre haut avec la construction d’un immeuble de trente étages avant 2030. Et d’ici là, 5 à 10 vrais immeubles urbains de moyenne hauteur (7 à 15 étages) verront le jour. Pour cette phase pilote, une enveloppe de 10,39 millions d’euros est envisagée. La commande publique et des mesures de simplification réglementaire serviront à amorcer le marché. L’idée est de lever des restrictions pour l’utilisation du bois, notamment dans les zones couvertes par un Plan de prévention du risque incendie et forêt (PPRIF).
Au-delà de ces projets pilotes, la filière sera appuyée par un programme de constructions labellisées de 50 à 100 immeubles par an sur trois ans. Un appel à proposition permettra de sélectionner une vingtaine de villes ou intercommunalités qui s’engageront à "lancer deux ou trois appels à projets par an sur des terrains municipaux pouvant accueillir des IGH Bois". Ces projets choisis pour leur diversité (logements privés ou sociaux, bureaux, commerces…) pourraient profiter de la procédure intégrée pour le logement créée par l’ordonnance du 3 octobre 2013 (sur le sujet voir notre article du 2 octobre 2013), afin d’accélérer les adaptations nécessaires des documents d’urbanisme.
Par ailleurs, le Plan urbanisme construction architecture (Puca) organisera un concours national pour sélectionner 5 à 10 territoires de projet associant un maire et un promoteur dans le but de mener des expérimentations. Les équipes lauréates seront connues au mieux mi-2016.
Sur le plan économique, la feuille de route vise avant tout les PME et TPE avec l’appui de tous les dispositifs de droit commun (aides à la réindustrialisation, prêts de bpifrance…) ou propres à la filière, comme le fonds bois de 2009 qui vient d'être rénové et intégré à bpifrance. Les chefs de projet en attendent la création de 10.000 emplois, avec une augmentation de 4 milliards d’euros du chiffre d’affaires de la construction bois (+10%).
Une Cité de l'objet connecté à Angers
Le plan pour la Rénovation énergétique des bâtiments a pour ambition de passer de 200.000 à 500.000 rénovations par an, sachant que "un tiers des émissions de CO2 produits sur le sol français proviennent du gaspillage énergétique des bâtiments". Ce qui nécessitera une "meilleure association entre l’industrie manufacturière et les professionnels du bâtiment". Selon le ministère de l’Economie, il s’agira "de mettre à disposition des artisans et des Français une offre d’éco-rénovation abordable et made in France". 75.000 emplois sont attendus par le surcroît d’activité. Porté par Jacques Pestre, directeur général adjoint de Point P., et Marcel Torrents, président du directoire de Delta Dore, ce plan s’inscrira dans le cadre du plan national de rénovation énergétique de l’habitat (PREH) et son label de qualité, le RGE.
Le plan Santé numérique, dont les chefs de projet sont Mireille Faugère, conseiller maître à la Cour des comptes, ancienne directrice générale de l’AP-HP, et Christian Nibourel, PDG Accenture France, a vocation à positionner la France comme le leader européen dans ce domaine. Il met l’accent sur "la télémédecine, le traitement par le Big data des données de santé ou la médecine personnalisée". Au moment où la Cour des comptes préconise de couper dans les effectifs des hôpitaux, ce plan apparaît comme la solution toute trouvée pour le gouvernement de "mieux soigner à moindre coûts". Des "Territoires de santé numérique" seront sélectionnés par appel à projets. A moyen terme, le plan permettra la télésurveillance de maladies chroniques de 50.000 patients suivis en 2017 et de 1 million en 2020 !
En complément, le plan Dispositifs médicaux et nouveaux équipements de santé cherchera à doter la France d’un réseau d’entreprises de taille intermédiaire dans un secteur en croissance de 4 à 5% par an. Piloté par André-Michel Ballester, directeur général de Sorin Group et Sacha Loiseau, directeur général et fondateur de Mauna Kea Technologies, il table à la fois sur les équipements d’imagerie médicale (scanner, IRM, échographes.), les dispositifs médicaux implantables (stents, pacemakers, valves cardiaques etc.), et dispositifs de diagnostic in vitro, les implants orthopédiques, les textiles médicaux ou encore les logiciels informatiques…
Enfin, dernier plan validé le 18 juin : les Objets connectés. Là encore un marché en pleine expansion. La France y est plutôt bien représentée avec des entreprises comme Medissimo, Myfox, Netatmo, Parrot, Sen.se, Sigfox ou Withings qui ont presque toutes été primées en janvier 2014, lors du Consumer Electronic Show de Las Vegas. La principale action du plan porté par Eric Carreel PDG de Withings, consistera à créer une "Cité de l'objet connecté" à Angers pour un investissement de 15 millions d’euros. Elle rassemblera designers, assembleurs et sous-traitants de la plasturgie et de la mécanique, "pour mettre au point les nouveaux objets de cette révolution numérique".