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Plan d'investissement compétences et nouveaux parcours emploi compétences : un "changement de paradigme", d'après Jean Bassères

Pour le directeur général de Pôle emploi qui présentait ses vœux le 24 janvier 2018, le futur plan d'investissement compétences (PIC) comme les nouveaux parcours emploi compétences marquent un vrai changement de philosophie. Fort des résultats de sa structure en 2017, Jean Bassères s'est dit aussi conscient des progrès qu'il reste à accomplir.

"Il y a un changement de paradigme complet, une volonté de mettre le paquet sur la formation." Lors de ses vœux à la presse le 24 janvier 2018, le directeur général de Pôle emploi a fait part de son enthousiasme sur le plan d'investissement compétences (PIC) prévu par le gouvernement dans le cadre du Grand Plan d'investissement. 13,8 milliards d'euros devraient être consacrés à ce plan (conduit parallèlement à la future réforme de la formation) dont 11 milliards pour la formation des demandeurs d'emploi et des jeunes les moins qualifiés. "C'est une somme significative, a indiqué Jean Bassères, avec une visibilité pluriannuelle et un ciblage sur les moins qualifiés." Dès 2018, 1 milliard d'euros seront investis pour l'accompagnement et la formation des demandeurs d'emploi et des jeunes peu qualifié. Le PIC sera décliné dans des pactes régionaux d'investissement dans les compétences élaborés par les régions. Pour le directeur général de Pôle emploi, il y aura une première phase intermédiaire en 2018, puis une phase, construite avec les régions, pour élaborer des actions de formation nouvelles et lancer des innovations. Le gouvernement devrait communiquer sur le sujet d'ici quelques semaines.

Un changement de philosophie avec les nouveaux "parcours emploi compétences"

Autre dispositif positif selon le patron de Pôle emploi : les nouveaux "parcours emploi compétences", qui vont remplacer les contrats aidés. 200.000 parcours de ce type sont prévus pour 2018, pour une enveloppe de 1,4 milliard d'euros. Signés dans le secteur non marchand, ils reposent sur une exigence plus importante de la part des employeurs : associations, collectivités territoriales et autres employeurs publics devront ainsi s'engager à former activement les salariés. Par ailleurs, la mise en place d'un suivi plus intense est prévue dans le cadre de ces nouveaux contrats avec une aide à la prise de poste, une évaluation des compétences de l'employé, une aide à la construction d'un projet professionnel ou à la recherche d'un autre emploi à la sortie. "Il y a un changement de philosophie, a assuré Jean Bassères, avec un parcours qui n'est engagé qu'avec les employeurs qui prennent des engagements forts." Concernant l'accompagnement, "nous devons changer nos pratiques, a-t-il signalé, avec un suivi digital et un entretien un mois avant la fin du contrat". Une nouvelle donne qui implique un investissement plus fort de la part des conseillers de Pôle emploi et pour lequel le directeur général compte négocier des moyens. Pôle emploi va de toute façon entrer dans une phase de négociation avec l'Etat et l'Unedic dans le cadre de la prochaine convention tripartie, la précédente se terminant en 2018.

Satisfait des résultats atteints et conscient des progrès à accomplir

Côté résultats, Jean Bassères se dit plutôt satisfait : les quatorze indicateurs (dont la satisfaction des demandeurs d'emploi, la montée en puissance des services numériques et la performance en termes d'indemnisation) de la convention actuelle sont au vert à fin 2017. Tous les objectifs sont atteints pour la première fois. A noter notamment des retours à l'emploi en augmentation : 82% des demandeurs d'emploi accèdent à l'emploi dans les dix-huit mois suivant leur inscription. En revanche, si on creuse un peu, les résultats sont moins bons côté formation : le taux d'accès à l'emploi durable six mois après la fin d'une formation financée ou rémunérée par Pôle emploi est en chute de 1,5 point (29,7% en 2017), idem pour le taux d'accès à l'emploi tout court après une formation (baisse de 2,9 points à 55,5%). Parmi les progrès que Pôle emploi souhaite encore faire : un travail sur les offres d'emploi non pourvues qui, avec un marché du travail en amélioration, devraient augmenter. Une nouvelle prestation axée sur le "savoir être professionnel" verra le jour. Un cahier des charges est en cours de définition à partir des propositions de plusieurs agences de Pôle emploi.

Contrôle des chômeurs : la question des sanctions à débattre
Pour le directeur général de Pôle emploi, le contrôle des chômeurs permet d'objectiver le débat. "La grande majorité des demandeurs d'emploi cherchent à travailler, c'est un acquis, il faut le préserver", a ainsi signalé Jean Bassères lors de ses vœux le 24 janvier 2018, tout en estimant qu'il faut se poser la question des sanctions dans le cadre de la réforme de l'assurance chômage. Le gouvernement doit proposer dans les prochaines semaines une réforme du barème et des modalités de sanctions, pour mieux faire appliquer les règles et améliorer l'accompagnement vers l'emploi. C'est aussi la contrepartie qu'il entend donner à l'élargissement des droits au chômage aux indépendants et aux démissionaires. Or pour Jean Bassères, les règles actuelles (radiation de quinze jours pour un demandeur d'emploi qui ne cherche pas de travail et de deux mois s'il ne vient pas à un entretien) ne sont "pas frappées au coin du bon sens". Il met aussi sur la table la possibilité de transférer à Pôle emploi des sanctions, les plus lourdes (suppression définitive d'une partie des droits à l'indemnisation par exemple), qui ne peuvent pour le moment être infligées que par les préfets.

 

Chômage : des chiffres trimestriels et plus mensuels
Les statistiques de décembre 2017 du chômage, publiée le 24 janvier 2018 seront donc les dernières diffusées sur une base mensuelle. Les chiffres du chômage de Pôle emploi vont en effet devenir trimestriels et s'ajuster ainsi à la périodicité de publication du taux de chômage de l'Insee. Les réserves des économistes, les variations dues à des aléas administratifs mais aussi la volonté de mettre l'accent sur des tendances de fond et non une évolution mois par mois sont au cœur de ce changement.
Les satistiques de décembre 2017 font apparaître une légère baisse de 0,1% sur un mois du nombre de demandeurs d'emploi qui n'ont exercé aucune activité (catégorie A), et de 0,5% sur un an. Si la baisse est moins nette qu'en 2016 (-3%), elle confirme un mouvement de recul et concerne la plupart des régions.

 

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