Transformation digitale : l'approche par compétences de Pôle emploi
Quels sont les métiers les plus affectés par la révolution numérique ? Comment Pôle emploi échange-t-il avec les entreprises confrontées à cette transformation ? "Nous réfléchissons avec elles en termes de compétences, au-delà du métier, ce qui nous permet d'aborder la question du repérage des compétences transverses", répond Catherine Poux, directrice des services aux entreprises à Pôle emploi, le 22 juin 2017, lors d'un débat sur l'impact de l'automatisation de l'économie sur l'emploi, "entre fantasmes et réalités".
Pôle emploi a identifié au moins trois familles de métiers déjà fortement impactés par le numérique et pour lesquels les offres déposées subissent un fléchissement : le secrétariat, la comptabilité et les caissiers. Ces professions n'ont pourtant pas disparu, mais elles sont en pleine mutation. Avec les entreprises qui sont à la recherche de ces salariés mutants, Pôle emploi aborde leur recherche en termes de "compétences nécessaires", c'est-à-dire "une combinaison de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être, un critère de recrutement de plus en plus important pour les entreprises", précise Catherine Poux. Les 4.300 conseillers de Pôle emploi dédiés à la relation avec les entreprises sont tous sur cette ligne.
Dans ce contexte de transformation numérique, "les TPE/PME non dotées de service RH et avec des perspectives d'évolution souvent à court terme ont parfois des difficultés à anticiper l’évolution du contenu de leurs métiers", poursuit Catherine Poux. Pôle emploi s'appuie sur une approche par les compétences pour élargir leur sourcing. L'opérateur adopte une démarche similaire avec les demandeurs d'emploi : "Face à la transformation de leur métier, ils ont parfois le sentiment de ne pas avoir les compétences requises." Pourtant, le métier de Data scientist, par exemple, fait largement appel aux compétences des statisticiens. Idem pour les secrétaires et les caissières devenues respectivement "assistantes" et "hôtesses de caisses" : les compétences qu'elles ont développées dans leur emploi d'origine leur sont toujours utiles. Elles doivent seulement les adapter aux transformations de leur métier.
La "valeur ajoutée humaine" du conseiller
"C'est là que la mission du conseiller en évolution professionnelle prend tout son sens", explique la représentante de Pôle emploi qui est l'un des cinq opérateurs nationaux du CEP. Le conseiller doit être en mesure de "savoir quelles sont les compétences demandées sur le marché du travail, d'analyser celles des demandeurs d'emploi, de mesurer les écarts entre celles-ci et un emploi disponible et le cas échéant de proposer une formation". Cette relation directe qu'entretiennent les conseillers avec les demandeurs d'emploi et les entreprises reste une priorité pour Pôle emploi malgré sa propre révolution digitale. "Les outils numériques, l'intelligence artificielle conduisent à se réinterroger et à développer le mix digital/conseiller en s'appuyant sur la valeur ajoutée humaine du conseiller", souligne Catherine Poux.
Plusieurs outils ont été développés par Pôle emploi pour aider les entreprises à raisonner "plus en compétences personnelles qu'en postes" : les analyses de poste (qui permettent d'identifier les compétences requises), la méthode de recrutement par simulation et les périodes de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP) notamment. Celles-ci permettent à un demandeur d'emploi de s'immerger jusqu’à un mois dans une entreprise sans être salarié, afin de découvrir un métier ou un secteur professionnel. La préparation opérationnelle à l'emploi (POE) est également un moyen pour l'entreprise de trouver (grâce à la formation) un candidat correspondant exactement au profil du poste qu'elle cherche à pourvoir. En 2016, Pôle emploi a organisé 210.141 PMSMP (contre 7.958 en 2015), et 28.421 POE (contre 20.441 en 2015) ; le taux d'emploi à l'issue d'une POE est de 79%.
